L’international japonais Naoto Saito (27 ans, 23 sélections) n’aura pas connu de temps mort ces derniers mois entre ses obligations en club en doublure de son coéquipier Antoine Dupont et ses engagements avec le Japon d’Eddie Jones – il jouait encore à la mi-octobre avant de rejoindre la sélection nationale pour les Autumn Nations Series.
Malgré trois défaites – 19-64 face à la Nouvelle-Zélande, 52-12 face à la France, 59-14 face à l’Angleterre – les Brave Blossoms ont signé une victoire 36-20 contre l’Uruguay à Chambéry.
Naoto Saito a été titulaire sur les trois rencontres de novembre, marquant la moitié des points contre l’Angleterre et récoltant un carton jaune contre l’Uruguay. Mais c’est à coup sûr les deux matchs disputés en France qui lui ont laissé un souvenir inoubliable, contre la France au Stade de France le 9 novembre, puis contre l’Uruguay dans le plus modeste stade de Chambéry une semaine plus tard.
Les liens forts entre le Stade Toulousain et le Japon
Recruté le 10 juillet 2024, Naoto Saito a disputé sept des dix premières journées du Top 14, dont deux comme titulaire, un championnat qui est diffusé au Japon. « Quand on joue ici à 21h, il est 4h du matin au Japon et les gens regardent », s’étonne le demi de mêlée d’un mètre 65 et 75 kg dans une interview exclusive sur la chaîne YouTube du club mise en ligne le 27 novembre au soir.
Naoto a grandi à Yokohama, dans la préfecture de Kanagawa et comptait déjà une forte expérience avant de venir en France : 59 matchs avec les Suntory Goliath et six avant ça sous les couleurs des Sunwolves.
Sa première visite à Toulouse remonte à 2022, lors des Autumn Nations Series, pour un match face à la France. Sa deuxième visite fut lors de la Coupe du Monde de Rugby 2023 où le Japon avait établi son camp de base dans la ville rose pendant un mois.
« J’ai été très séduit par les installations. Ma motivation pour signer ici était évidente ; le Stade Toulousain est pour moi le meilleur club du monde », affirme-t-il.
Il prend alors le soin de contacter son compatriote Takeshi Hino, talonneur, qui était, en 2019, le premier Japonais à être recruté par le club ; en tant que joker Coupe du Monde pour pallier l’absence de Peato Mauvaka, parti… au Japon. Trois matchs plus tard, il retournait au pays. Mais sans en avoir vraiment conscience, Hino venait d’ouvrir la voie empruntée plus tard par le trois-quarts Kakeru Okumura (25 ans) puis par Saito à la faveur d’un partenariat solide entre Toulouse et les Shizuoka Blue Revs.
Un choc culturel
« Du point de vue des différences entre la France et le Japon, ici tout le monde semble très calme et toujours détendu. J’ai l’impression qu’on passe toujours un bon moment. Les Français vivent leur quotidien paisiblement, par rapport au Japon, et profitent de la vie », remarque Naoto.
Une douceur de vivre qui le change de ses habitudes nippones. « Une fois, je me souviens, j’avais rendez-vous chez le kiné. J’étais un peu en retard. J’ai donc couru pour arriver à l’heure et je suis arrivé à peine une minute après l’heure prévue. Quand je suis arrivé, le kiné m’a dit que je n’avais pas besoin de me dépêcher comme ça », sourit-il.
« J’ai ressenti la différence culturelle car au Japon on arrive 5-10 minutes en avance lorsqu’on se rend quelque part part. Mais en réalité, ce n’est pas si difficile de s’adapter à cette nouvelle culture. » Sauf peut-être sur un aspect : la conduite. Car au Japon, on circule du mauvais côté de la route (enfin, d’un point de vue français, bien sûr) avec le volant également du mauvais côté.
« C’était assez effrayant au début », rigole Saito. « Et une chose à laquelle je ne suis pas encore habitué, c’est le stationnement en créneau et le stationnement par l’avant. J’ai encore un peu de mal, donc je vais continuer à m’entraîner. »
Une ferveur inédite de la part des supporters
En revanche, en ce qui concerne le rugby, celui que Jones voit comme futur capitaine des Brave Blossoms, s’est tout de suite coulé dans le moule des Toulousains avec quelques différences notables, d’abord sur le terrain. « Le rugby m’a impressionné. Ici on joue en s’amusant, on prend du plaisir et c’est ludique », dit-il.
Son premier travail avec l’équipe a été… de se remémorer les surnoms d ses partenaires. Une bonne technique qui a brisé la glace. Même s’il commence à apprendre le Français, Naoto ne le parle pas encore et se fait expliquer tout en anglais par ses coéquipiers. Là encore, une technique pour créer du lien.
« Ce qui m’a marqué à l’entrainement, c’est que j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de jeu à 15 contre 15, comme en match. Il y a aussi beaucoup d’entrainement de passes après contact, comment les utiliser, comment les penser… ce n’est pas quelque chose que j’avais l’habitude de travailler au Japon. »
L’autre différence, c’est le rapport aux supporters, tellement bruyants et heureux de donner de la voix à chaque fois. Là encore, rien à voir avec le Japon. « Les supporters viennent mais, je ne sais pas pourquoi, l’ambiance est complètement différente, le public regarde très calmement. C’était donc quelque chose de nouveau et vraiment je me sentais tellement chanceux de jouer dans cette ambiance amicale et chaleureuse », s’émerveille-t-il.
Même s’il avoue ne pas encore pris le temps de visiter Toulouse et la région, il a néanmoins trouvé un endroit où il peut s’immerger complètement dans la culture française avec un fort accent de rugby, au Brennan's Bar. C’est le pub créé par l’ancien international irlandais Trevor Brennan (13 sélections), ancien joueur au Stade Toulousain (2002-2007) et papa de Josh, deuxième-ligne au Stade Toulousain (depuis 2020) et qui a bien failli connaître sa première sélection avec le XV de France sur les Autumn Nations Series. Bref, la famille, quoi.