Alors que le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié aime utiliser l’expression « aller chercher le maillot », peut-être plus que jamais il l’a mise en pratique en convoquant une équipe surprenante de 23 joueurs pour affronter le Japon samedi 9 novembre au Stade de France. Et pour la France, à trois ans de la Coupe du monde de Rugby 2027, véritable objectif à long terme, c’est un sacré pari.
Peut-être le prochain adversaire des tricolores, même entraîné par Eddie Jones, pouvait inciter le staff des Bleus à tenter, forte de son bilan de 13 matchs sans défaite depuis 1973. Alors pourquoi pas ?
Moefana-Gailleton au centre
Première surprise, la présence sur le banc du trois-quarts centre vétéran Gaël Fickou, véritable grognard du rugby français aux 90 sélections, qui n’a jamais connu le banc depuis cinq ans que Galthié est aux commandes. Il a été titulaire sur ses 48 dernières apparitions avec le maillot bleu depuis le 1er février 2019. Sans le joueur de 30 ans, le plus capé parmi les Bleus en activité, la paire de centres titulaires sera composée de Yoram Moefana (24 ans, 28 sélections) et d’Emilien Gailleton (19 ans, 3 sélections) pour ce premier test-match de novembre.
Un choix qui se justifie par « la performance du moment, et sur le vécu avec nous », explique Fabien Galthié. « Ce sont des joueurs qui ont des sélections, Yoram (Moefana) plus qu'Emilien (Gailleton) évidemment. Mais Emilien, ça fait un moment qu'il est rentré dans le groupe, déjà avec les moins de 20 ans, les mardi et mercredi lorsqu'on travaillait avec eux.
« Puis quasiment toute la saison dernière, et la préparation de la Coupe du Monde. C'est un joueur qui ne découvre pas l'environnement XV de France, qui a été capé, qui a performé et qui mérite sa sélection. Tout comme Yoram qui, lui, nous a servis depuis un long moment, souvent utilisé comme un utility back (trois-quarts polyvalent, NDLR). Et aujourd'hui, replacé en 12, il est très performant en club. »
Des absences notables
Ajouter à cela les absences notables de cadres tels que l’ancien capitaine Charles Ollivon (31 ans, 44 sélections), Anthony Jelonch (28 ans, 29 sélections) ou Jonathan Danty (32 ans, 29 sélections) qui n’a même pas été rappelé pour cette deuxième semaine de préparation et on comprendra l’ampleur de la petite révolution que Galthié est en train d’opérer.
« Même s'ils ne sont pas sur la feuille de match, même s'ils sont finisseurs, on compte sur eux. On a besoin de leur vécu pour voyager sur cette vision à trois ans », a quand même tenu à insister Fabien Galthié.
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« Ce qu'on veut, c'est conserver nos meilleurs joueurs qui ont vécu ces cinq ans. Mais pour cela, il faut qu'ils puissent se régénérer, il faut qu'ils puissent se préparer pour continuer à progresser et non stagner parce qu'ils ont une charge de match, et une charge émotionnelle tellement lourde. Quel que soit leur âge, ces joueurs ont beaucoup de vécu et donc ils peuvent encore capitaliser sur leur potentiel. »
Ramos à l’ouverture à la place de Jalibert
L’autre pari de Galthié est de tester Thomas Ramos en 10 (au lieu du Bordelais Matthieu Jalibert plus légitime à ce poste mais relégué sur le banc), alors que l’intéressé clame depuis toujours qu’il ne s’épanouit qu’en 15. Mais Ramos est victime de sa polyvalence au Stade Toulousain où il a déjà été testé à l’ouverture, de même que lors du dernier Tournoi où c’était « pour dépanner ». Il retrouvera le capitaine Antoine Dupont à la charnière.
« (Ce qui a prévalu) en premier, c'est le talent, le potentiel, le niveau de jeu. Mais un des facteurs clés de succès, c'est le vécu collectif », a justifié Fabien Galthié.
« Nous, on doit s'adapter, on prend d'abord les joueurs qui sont les plus performants du moment. Le niveau de cette charnière s'impose. Mais bien sûr, Matthieu Jalibert compte pour nous. Ça fait cinq ans qu'il est avec nous, il performe avec son club, avec nous. »
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Une logique qui s’adapte également à la titularisation d’Alexandre Roumat (4 sélections) en troisième-ligne. « Alexandre Roumat, Thomas Ramos ont déjà performé sur la fin du Tournoi avec nous, ils nous ont aidés à finir second d'un Tournoi difficile, qui était mal embarqué », rappelle Galthié.
« Alexandre, depuis qu'il est à Toulouse, il enchaîne les titularisations, il enchaîne les grosses performances. Il joue en 8, il peut jouer en 7, en 4. C'est un joueur qui a de grandes qualités en conquête, dans le jeu aérien, mais pas que. Il travaille énormément au sol, il sait tenir et porter le ballon, il sait faire jouer, il défend bien sur l'homme. »
L’équipe de France (contre le Japon le 9 novembre) :
Jean-Baptiste Gros – 25 ans, 29 sélections, RC Toulon
Peato Mauvaka – 27 ans, 34 sélections, Stade Toulousain
Tevita Tatafu – 22 ans, 0 sélection, Aviron Bayonnais
Thibaud Flament – 26 ans, 27 sélections, Stade Toulousain
Emmanuel Meafou – 26 ans, 2 sélections, Stade Toulousain
François Cros – 30 ans, 32 sélections, Stade Toulousain
Alexandre Roumat – 27 ans, 4 sélections, Stade Toulousain
Grégory Alldritt – 27 ans, 49 sélections, Stade Rochelais
Antoine Dupont (C) – 27 ans, 52 sélections, Stade Toulousain
Thomas Ramos – 29 ans, 36 sélections, Stade Toulousain
Louis Bielle-Biarrey – 21 ans, 11 sélections, Union Bordeaux Bègles
Yoram Moefana – 24 ans, 28 sélections, Union Bordeaux Bègles
Émilien Gailleton – 21 ans, 3 sélections, Section Paloise
Damian Penaud – 28 ans, 53 sélections, Union Bordeaux Bègles
Léo Barré – 22 ans, 4 sélections, Stade Français
Julien Marchand – 29 ans, 37 sélections, Stade Toulousain
Reda Wardi – 29 ans, 15 sélections, Stade Rochelais
Georges-Henri Colombe – 26 ans, 4 sélections, Stade Rochelais
Mickaël Guillard – 23 ans, 2 sélections, LOU Rugby
Paul Boudehent – 24 ans, 11 sélections, Stade Rochelais
Maxime Lucu – 31 ans, 23 sélections, Union Bordeaux Bègles
Matthieu Jalibert – 26 ans, 33 sélections, Union Bordeaux Bègles
Gaël Fickou – 30 ans, 90 sélections, Racing 92