La troisième manche des Autumn Nations Series a donné lieu à des performances remarquables, la marge de victoire la plus étroite étant de 14 points.
Voyons les statistiques les plus marquantes et les principaux points de discussion du week-end.
France 37 - Argentine 23
La France a conclu ses Autumn Nations Series en s'imposant face à l'Argentine au Stade de France. Une première mi-temps impressionnante a permis aux Bleus de prendre une avance de 30 à 9, mais les Pumas ont montré leur caractère en seconde période, limitant la France à seulement sept points supplémentaires.
L'Argentine a affiché une nette amélioration après la pause, gagnant 406 mètres en 106 courses, contre 152 mètres en 51 courses lors des 40 premières minutes. Malgré la défaite, leur capacité à rivaliser avec les meilleures équipes d'Europe est évidente.
Côté français, Thomas Ramos s'est encore illustré. Avec 15 points inscrits lors de ce match, il a ainsi dépassé Thierry Lacroix (367), Morgan Parra (370) et Dimitri Yachvili (373) pour devenir le troisième meilleur marqueur de l'histoire de l'équipe de France avec 379 points. Avec Christophe Lamaison (380) et Frédéric Michalak (436) à sa portée, Ramos aura pour objectif de grimper encore plus haut lors du Tournoi des Six Nations masculin.
Les Bleus entameront le Tournoi 2025 en tant qu’équipe en forme, déterminés à décrocher leur premier titre depuis 2022 et à enrichir leur palmarès avec un 14e sacre.
Irland 52 - Fidji 17
Après un début de campagne en demi-teinte, l’Irlande a retrouvé son efficacité en infligeant une lourde défaite aux Fidji. Avec une équipe largement remaniée, les Irlandais ont brillé offensivement, réalisant 13 franchissements, leur meilleur total depuis les 21 obtenus contre la Roumanie lors de la dernière Coupe du Monde.
Autre point positif pour Andy Farrell et son staff : une nette amélioration de la discipline. Après avoir concédé 13 pénalités lors des deux précédentes rencontres face à la Nouvelle-Zélande et à l’Argentine, l’Irlande a réduit ce chiffre à huit, une évolution de bon augure à l’approche du test crucial contre les Wallabies.
L’Irlande a également dépassé les attentes offensives, inscrivant 52 points alors que les prédictions tablaient sur 48,6. À l’inverse, les Fidji ont peiné à concrétiser leurs opportunités, marquant seulement 17 points contre les 27 anticipés.
Pour ses débuts sous le maillot vert, Gus McCarthy a marqué les esprits. Le jeune talonneur du Leinster s'est illustré avec un essai et trois passes décisives, un exploit rare pour un avant d’une nation du Tier 1 depuis le début des statistiques Opta en 2010.
McCarthy rejoint ainsi un cercle très fermé, composé des All Blacks Dane Coles (contre l’Afrique du Sud en 2016) et Ardie Savea (contre les Tonga en 2019), seuls autres avants à avoir accompli cette performance. Un début prometteur pour le jeune joueur, qui semble destiné à une brillante carrière internationale.
Pays de Galles 12 - Afrique du Sud 45
Le rugby gallois a vécu une année 2024 à oublier, conclue par une 11e défaite consécutive. Face à l'Afrique du Sud, samedi à Cardiff, le Pays de Galles a subi une année sans victoire, une première depuis 1937. Dans l'ère professionnelle, seule l'Italie avait connu une telle disette, en 2020, avec huit défaites.
Au-delà du score, la prestation galloise inquiète. Avec seulement 82 mètres parcourus, un record de faiblesse pour une équipe du Tier 1 depuis le début des statistiques Opta, l'attaque comme la défense ont semblé dépassées. Cette contre-performance intervient malgré une équipe rajeunie (334 capes contre 946 pour les Springboks), mais laisse peu d'espoir à l'approche d'un Tournoi des Six Nations où la France les attend dès le 31 janvier.
Pour l’Afrique du Sud, la satisfaction est de mise. Les hommes de Rassie Erasmus terminent leur automne en fanfare avec trois victoires et au moins quatre essais marqués dans chaque match, consolidant leur statut de géant du rugby mondial.
Italie 11 - Nouvelle-Zélande 29
Après une défaite historique face à la Nouvelle-Zélande lors de la dernière Coupe du Monde, l’Italie a offert ce week-end une performance bien plus en phase avec ses progrès récents. Pour la troisième fois seulement en 17 affrontements, les Azzurri ont réussi à contenir les All Blacks sous la barre des 30 points, la marge de 18 points représentant leur troisième plus faible défaite face aux Néo-Zélandais (10 points en 1991, 14 en 2009).
Malgré cette résistance, la maîtrise des All Blacks a fini par s’imposer, en grande partie grâce à leur supériorité au sol. Avec 64 % de leurs rucks joués en moins de trois secondes, contre seulement 30 % pour l’Italie, ils ont assuré une circulation rapide du ballon, exploitant ainsi les espaces. Les All Blacks ont déplacé le jeu vers les extérieurs dans 55 % de leurs attaques, contre 32 % pour les Italiens, étirant la défense adverse. Résultat : une prestation offensive éclatante, avec neuf franchissements, 31 défenseurs battus et quatre essais inscrits, confirmant leur capacité à produire un rugby de classe mondiale.
L’essai de Beauden Barrett en fin de match a scellé la victoire des All Blacks et inscrit son 45e essai en carrière internationale. À une unité seulement d’intégrer le top 10 des meilleurs marqueurs de l’histoire du rugby masculin, Barrett est à portée d’un exploit historique. Avec cinq essais supplémentaires, il deviendrait le premier All Black à franchir la barre des 50 essais, surpassant des icônes telles que Doug Howlett (49), Julian Savea, Christian Cullen et Joe Rokocoko (46 chacun).
Ecosse 27 - Australie 13
Après avoir battu l’Angleterre et le Pays de Galles cet automne, l’Australie espérait un grand chelem historique contre les nations britanniques et irlandaises, une première depuis 1984, pour marquer les esprits avant la tournée des Lions l’an prochain. Ces ambitions ont cependant été balayées par une Écosse inspirée, portée par une seconde période éclatante.
Les hommes de Gregor Townsend ont doublé leurs franchissements après la pause (six contre trois avant la mi-temps) et battu 21 défenseurs, soit huit de plus qu’en première période. Pour l’Australie, ces 40 dernières minutes ont été fatales : trois plaquages manqués ont directement conduit à des essais, avec 12 ratés dans les séquences décisives.
Sur le plan individuel, Duhan van der Merwe a brillé, reprenant son statut de meilleur marqueur d’essais en rugby international pour l’Écosse avec un nouvel exploit. En plus de son essai, l’ailier a battu 10 défenseurs, un record dans ce match. Fait marquant, c’est la sixième fois qu’il atteint ce chiffre depuis ses débuts, un exploit inégalé dans le rugby de Tier 1 sur cette période.
Angleterre 59 - Japon 14
Le retour d’Eddie Jones à Twickenham s’est transformé en un véritable cauchemar lorsque son successeur, Steve Borthwick, a orchestré une victoire éclatante de l’Angleterre, mettant fin à une série de cinq défaites en écrasant le Japon par neuf essais. Cette défaite marque également la 12e consécutive du Japon face à une équipe européenne.
Si les cinq précédentes défaites de l’Angleterre auraient pu aussi bien se transformer en victoire, cette fois-ci, il n'y avait aucun doute sur l'issue de la rencontre. L’Angleterre a rapidement pris le contrôle, inscrivant quatre essais consécutifs, tous transformés par Marcus Smith, pour mener 28-0 à la 31e minute, un écart qu’elle n’allait plus lâcher, contrairement à ce qu’elle avait connu ces dernières semaines.
Le Japon a ouvert son compteur à la 34e minute grâce à un essai et une transformation de Naoto Saito, mais l’Angleterre a immédiatement réagi, avec Ollie Sleightholme inscrivant un essai trois minutes plus tard. Le cinquième essai anglais est survenu après la sixième entrée dans les 22 du Japon, soulignant la domination de l’équipe hôte.
Les avants anglais se sont montrés particulièrement efficaces, contribuant à six des neuf essais, dont deux pour les talonneurs Jamie George et Luke Cowan-Dickie. Fait notable, c'est seulement la deuxième fois dans l'ère d'Opta que les deux talonneurs d'une même équipe marquent deux essais contre une nation du Tier 1, après Dane Coles et Asafo Aumua des All Blacks face à l'Italie en 2021.
Malgré une attaque toujours efficace, marquant au moins deux essais par match depuis qu'Eddie Jones est revenu à la tête des Brave Blossoms, les faiblesses défensives du Japon restent préoccupantes. En 151 tests en tant qu'entraîneur principal, Jones n’avait jamais vu une de ses équipes encaisser 50 points. Cependant, les Japonais ont subi ce sort à quatre reprises lors de leurs onze matchs depuis son retour, dont trois fois cet automne.
Tous les graphiques sont fournis par Opta Analyst et Stats Perform.