Avant ces Autumn Nations Series, cela faisait plus d’un an que Gabin Villière (28 ans, 18 sélections) n’avait plus porté le maillot frappé du coq. Son dernier match avec l’équipe de France était lors de la Coupe du Monde de Rugby 2023 contre l’Uruguay le 14 septembre 2023. Et puis le staff de Fabien Galthié avait lancé Louis Bielle-Biarrey et celui-ci était devenu la nouvelle coqueluche dans le couloir opposé à Damian Penaud, enchaînant les sélections en même temps que les essais.
A cet automne 2023, Gabin Villière était revenu en force après une saison marquée par les blessures qui l’avait laissé éloigné des terrains entre le Tournoi 2022 et la préparation pour le mondial. En 2023, il ne comptait que quatre matchs dans les jambes.
L’émulation lui a redonné du poids
Mais ce vendredi 22 novembre contre l’Argentine, l’ailier toulonnais a retrouvé son niveau de 2022, où il brillait lors du Grand Chelem. Auteur d’un essai libérateur à la 33e minute, son huitième en 18 sélections, il a été l’un des détonateurs des Bleus face à une Argentine accrocheuse. Un second essai lui a échappé, le ballon ayant flirté avec la ligne de touche.
Sur la pelouse du Stade de France, Gabin était omniprésent. C’est la marque des grands athlètes : ceux qui allient détermination et capacité à saisir chaque opportunité. Villière incarne cette figure du joueur énergique, volontaire, infatigable dans l’effort. Qu’il s’agisse de tâches défensives ou d’initiatives offensives, il s’est donné à 100 %, faisant preuve de générosité et d’un tempérament combatif. Confronté à une opportunité, il l’a saisie sans hésiter. Peu importe s’il était titulaire ou non, il n’a jamais rien lâché.
Il était descendu dans la hiérarchie des Bleus
Quatrième dans la hiérarchie des Bleus, Villière a profité des absences de Damian Penaud durant tout le mois de novembre en raison d'une infection pulmonaire, et ensuite de la blessure à un genou de Théo Attissogbe contre le Japon.
Par sa présence et sa performance, Villière a démontré qu’il restait un atout majeur pour les Tricolores, mais bien plus que ça pour le sélectionneur Fabien Galthié qui n’a eu de cesse de vanter l’émulation entre les joueurs sur cette tournée automnale.
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« Un joueur de l’équipe de France doit être capable de traverser des moments difficiles comme c’était le cas pour Gabin », a commenté Fabien Galthié, pas peu fier du repêchage de l’ailier toulonnais. « Quand on lui a demandé s’il voulait revenir, il a dit oui, sans concession. On voudrait avoir cet état d’esprit des joueurs sans concession qui sont prêts malgré tout, avec les bons moments, les moments difficiles, qui sont prêts à répondre présents quand on les rappelle. Et Gabin est un très bon exemple. »
L’exemple à suivre
Le contre-exemple selon Galthié ? Matthieu Jalibert, même sans le dire. Mais les indices sont trop gros pour passer inaperçus. L’ouvreur de l’UBB s’est-il tiré une balle dans le pied en déclinant l’invitation à rester réserviste pour le match contre la Nouvelle-Zélande en voulant rentrer chez lui ? Sans doute. Mais Galthié laisse la porte ouverte, conscient que Jalibert est au top de ses performances cette saison en club et que, même s’il reste trente matchs d’ici la Coupe du Monde de Rugby 2027 en Australie, personne ne peut faire la fine bouche.
Gabin Villière en est justement l’exemple que souhaite promouvoir Galthié qui se tourne désormais vers le Tournoi des Six Nations avec cette même stratégie en tête : piquer les joueurs dans leur orgueil pour faire ressortir le meilleur d’eux-mêmes.
« Il y a toujours eu cette émulation et cette concurrence. Il n'y a jamais eu de confort pour qui que ce soit », insiste le sélectionneur. « Il y a, je pense, une saine émulation et porter le maillot l'équipe de France c'est sacré.
« Et accepter de le porter, c'est accepter aussi de vivre les grands moments comme on les partage aujourd'hui. C'est beaucoup de plaisir à la base, mais c'est aussi des moments difficiles, parfois des remises en question personnelles et des remises en question collectives.
« A la fin de l'année 2024 en est toujours à 80 % de victoires, ce qui n'est jamais arrivé dans le rugby français. C'est vrai qu'il y a ce quart de finale contre l'Afrique du Sud (perdu par la France au Mondial-2023, ndlr), mais c'est une expérience qui nous aide à avancer. »