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Gaël Fickou : « J’avais un peu froid sur le banc… »

Fickou happy
S’il y a bien un joueur qui devait jouer contre la Nouvelle-Zélande, c’est lui : Gaël Fickou. Le trois-quarts centre vétéran aux 91 sélections est celui du groupe qui a joué le plus les All Blacks.

Enfin il l’a eue sa première titularisation des Autumn Nations Series 2024. Son absence dans le XV de départ contre le Japon la semaine précédente avait surpris. Remplaçant pour la première fois sous l’ère Galthié, il était entré à la 55e minute de jeu, histoire de se mettre en jambes.

« Gael, c’est un cadre. Il n’y a pas de sélection cadeau. Gael s’est toujours gagné la possibilité soit d’être titulaire, soit d’être sur la feuille de match comme le week-end dernier », a précisé Fabien Galthié, rappelant son bon début de saison avec le Racing 92.

« C’est, avec Nolann Le Garrec, un des joueurs qui performe le plus », a insisté le sélectionneur. « Ce que je regrette un peu, c’est qu’il ait fait les huit feuilles de match en tant que titulaire, ce qui ne lui a pas permis de se régénérer et d’enchaîner. Mais là, après trois semaines de préparation spécifique, il est très en forme. »

De là à dire que c’est son début de saison à fond avec son club qui l’a privé d’une place de titulaire avec les Bleus pour se préserver contre les Blacks, voire l’Argentine la semaine suivante, il n’y a qu’un pas.

Fickou, dopé par l'émulation dans le groupe France

Mais Gael Fickou ne s’en formalise pas. Peut-être était-il certain au fond de lui que son expérience allait être réclamée pour le match contre la Nouvelle-Zélande le 16 novembre. D’autant que ce n’est pas les 25 minutes de jeu contre le Japon qui l’ont mis sur les rotules, lui le trentenaire qui a l’habitude de jouer des matchs pleins pendant 80 minutes.

« J’avais un peu froid sur le banc… », sourit-il quand on évoque son rôle de remplaçant. « C’est la vie de groupe. On ne peut pas jouer tous les matchs. Il y a aussi de super joueurs à mon poste qui poussent, qui ont du talent. Comme Emilien (Gailleton), comme Yoram Moefana), comme Paul Costes… C’est une bonne chance pour moi parce que ça me met en difficulté et c’est ce qu’il faut pour donner le meilleur de soi-même. C’est une bonne chose. A moi d’être bon pour rester là. »

Alors que l’on pensait qu’il était un cadre intouchable, il révèle que, au contraire, lui ne s’est jamais senti parvenu. « J’ai toujours été challengé… mais avant c’était pas Paul Costes ou Emilien : (Rémi) Lamerat, (Wesley) Fofana et j’en passe. Il y a toujours eu de grands joueurs à ce poste. Ça n’a jamais été facile, j’ai toujours dû me battre et je continuerais à me battre jusqu’à ce que j’ai le niveau. Et si j’ai plus le niveau, je rentrerais chez moi », soupire-t-il.

On voyait quand même mal comment le staff pourrait se passer de ses services contre les All Blacks qui réalisent une fin de saison parfaite. « C’est une équipe qu’on adore jouer. Ce sont toujours des matchs extraordinaires avec une ambiance extraordinaire », reconnaît Gaël Fickou.

« Il y a une ferveur incroyable par nos supporters aussi qui les respectent énormément. C’est toujours un match à part, un peu comme le Crunch. Ça fait partie des grands matchs que les Français adorent voir à la TV ou au stade. »

Pourtant, tout n’a pas été si rose et longtemps la France s’est cassé les dents, la tête et tout ce qu’elle avait sur le mur noir. Que ce soit en France ou chez eux. « Je pense que le rapport de force a changé. Aujourd’hui, c’est du 50-50. On a autant de talents qu’eux. C’est une très belle équipe, très performante en ce moment. On a les moyens de rivaliser avec eux », affirme Gaël Fickou aujourd’hui.

Il a joué les Blacks pour la première fois... à 19 ans

Le trois-quarts centre a joué à sept reprises contre les Blacks et la première fois remonte à il y a 11 ans, au 9 novembre 2013 au Stade de France. Ce n’est que sa troisième sélection en bleu et Fickou (19 ans) est remplaçant. Cela fait 14 ans que la France n’a plus battu les Blacks en France et c’est pas ce soir-là que ça va s’arrêter.

Pourtant à la pause la France s’accroche à 9-9 et quand Fickou entre en jeu à la place de Florian Fritz (66e), il parvient à désorganiser la défense adverse et à servir Brice Dulin qui va marquer pour revenir à un essai transformé à dix minutes de la fin. Mais la Nouvelle-Zélande, qui joue en blanc ce soir-là, l’emporte au Stade de France 26 à 19.

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Deuxième fois, le 26 novembre 2016. Fickou est toujours remplaçant. Mais cette fois, il ne fait qu’un petit aller-retour pour remplacer brièvement Wesley Fofana avant de repartir. Le résultat n’est pas loin d’être identique. La France s’incline encore face aux doubles champions du monde 19-24 chez elle.

Les trois matchs suivants sont la tournée des Bleus en Nouvelle-Zélande en juillet 2018. On est à un an du Japon, à une période où la France a la tête au fond du seau. Et que ce soit à Auckland (52-11), à Wellington (26-13) ou à Dunedin (49-14), la France n’y arrive pas et repart vite la tête basse, n’ayant seulement pu marquer que quatre essais. Une tournée pour rien. Pourtant, Fickou aura été titulaire sur les deux derniers matchs… mais à l’aile.

« Celle-là, elle était très difficile. Quand on est monté dans l'avion du retour, les valises, elles étaient un peu lourdes. On n'était contents que d'un truc, c'est que ça s'arrête », confie-t-il aujourd’hui.

Quand le vente tourne...

Il faudra attendre la fois suivante pour que les choses s’inversent enfin. On est le 20 novembre 2021 au Stade de France et cette date reste dans les mémoires. Déjà, c’est la première édition des Autumn Nations Series. Mais c’est surtout le premier test de Galthié contre la Nouvelle-Zélande avec une équipe en pleine ascension. « Le début de l’année 3 », rappelle-t-il.

C’est sur cette rencontre que le talonneur Peato Mauvaka marquera son doublé (3e, 32e), soit le double d’essais de Damian Penaud sur cette rencontre ! Score final : 40-25. C’est la première victoire des Bleus depuis douze ans. « On a abordé le match de façon très simple. On savait nos forces, on savait ce qu'on voulait faire, les possessions qu'il ne fallait pas leur donner, à quel endroit du terrain il fallait éviter de rendre le ballon », se rappelle Gaël Fickou.

Déjà Fabien Galthié était onirique : « On a touché du doigt le merveilleux », disait-il. Il n’avait pas encore de moustache. Trois ans plus tard, c’est le même discours, presque le même staff et la même façon pragmatique de voir les choses.

Enfin, la dernière rencontre en date sera une nouvelle victoire et celle-là, on s’en souvient encore : 27-13 en ouverture de la Coupe du Monde de Rugby 2023. « Le fait de ne pas avoir joué contre le Japon fait que j’arrive avec beaucoup de fraicheur sur les prochains matchs », se régale d’avance Gaël Fickou…