Le prochain France vs. Nouvelle-Zélande le 16 novembre au Stade de France revêt une signification particulière pour Peato Mauvaka (27 ans et 35 sélections), dont le père, décédé en 2018, était un fervent admirateur des All Blacks. Quand il était gamin en Nouvelle-Calédonie, le petit Peato badait les lointains cousins de l’océan Indien.
« Quand je regardais beaucoup le rugby, je regardais un All Black, Israel Dagg (36 ans, 30 sélections, ndlr) qui faisait des pas de l’oie monstrueux. Il était trop fort. J’essayais de le recopier, même si la différence de poids change beaucoup ! », nous raconte-t-il dans un entretien exclusif.
Le pas de l’oie, arme secrète de l’illustre ailier néo-zélandais, est ainsi devenu le step préféré de Mauvaka le talonneur. Avec ses 112 kg sur la balance, il s’en amuse : « Si t’es trois-quarts, c’est quand même la honte de te prendre un pas de l’oie par un avant ! »
Sa façon de se démultiplier sur le terrain pour être un talonneur plus que complet que l’on retrouve aussi bien en première ou troisième ligne fait du Toulousain un être à part. « Ce joueur est exceptionnel, avec de grandes qualités techniques. C'est peut-être l'un des meilleurs talonneurs au monde », n’a pas hésité à dire de lui Scott Hansen, l'entraîneur de la défense des All Blacks, en conférence de presse cette semaine. Une forme de reconnaissance pour Mauvaka.
Talonneur, troisième-ligne et ailier contre le Japon
Il faut dire que sa performance plus que complète contre le Japon le 9 novembre avait de quoi surprendre. En raison des sorties précipitées de Thibaud Flament, touché à la crête iliaque après seulement une demi-heure, et de François Cros, remplacé à la pause en raison d'un choc à la tête, le natif de Nouméa a disputé l'intégralité de la rencontre — un véritable exploit pour un joueur de première ligne au niveau international.
Plus impressionnant encore, le talonneur s’est retrouvé en troisième-ligne à la 51e minute à la faveur de l’arrivée de Julien Marchand. Et il s'est même retrouvé à plusieurs reprises... à l'aile.
Un moment marquant est survenu à la 65e minute : après une passe au pied d'Antoine Dupont, il a éliminé un défenseur d'un crochet avant d'être stoppé à quelques mètres de l'en-but japonais. « Il n'a pas voulu marquer », a plaisanté Dupont. « Je n'en pouvais plus, j'espérais avoir des partenaires à mes côtés pour m'aider », a répondu Mauvaka avec humour, vidé après cette prestation exceptionnelle.
Si bien qu’à la fin du match, Peato Mauvaka le reconnaissait entre deux questions : « Je n'ai pas l'habitude de jouer autant et surtout de finir en troisième ligne. Mais j'étais moins dans le rouge que Greg quand même ! », alors que le numéro 8 venait de le chambrer : « c'est bien, ça lui fait découvrir ce que c'est de jouer 80 minutes. »
Il a commencé… trois-quarts centre
Mauvaka a terminé la rencontre en tant que meilleur plaqueur des Bleus avec 24 interventions défensives. « Il est en forme, il est sur la lancée de sa saison précédente », a félicité Fabien Galthié après la rencontre. « C'est un très bon leader de performance, et je voudrais qu'on s'inspire de son état physique. »
Qu’il ait été au four et moulin lors du match contre le Japon pour le début de la France dans les Autumn Nations Series 2024 n’est pas surprenant.
« J’ai commencé le rugby au centre et j’ai commencé assez tard », nous explique le joueur. « Je ne connaissais rien au rugby et de se rentrer dedans, c’était pas trop dans ma voie. Je jouais plus dans l’évitement. Je suis descendu poste par poste, mais j’ai toujours gardé ce jeu-là. »
Aussi habile pour assurer en mêlée et en touche que pour foncer le long de la ligne de touche, Mauvaka incarne un talonneur atypique, parfait complément de Julien Marchand (29 ans, 36 sélections), au profil plus classique. Depuis la Coupe du Monde 2023, Mauvaka a pris une nouvelle dimension sous le maillot bleu.
Un doublé contre les Blacks
Cette performance contre le Japon pourrait bien lui valoir une place dans le XV de départ face aux All Blacks, une équipe contre laquelle il s'était illustré en 2021, lors de la première victoire marquante de l'ère Galthié (40-25). Il avait lors marqué un doublé.
« J’en garde beaucoup de bons souvenirs avec la chance d’avoir pu jouer contre cette équipe-là. N’importe quel joueur rêve de jouer contre la Nouvelle-Zélande. D’avoir pu faire un match comme ça où j’ai marqué deux essais. Beaucoup d’émotion. Fier et heureux d’avoir pu jouer contre les All Blacks », nous a-t-il confié.