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Pourquoi les Autumn Nations Series ont été un carton pour la France

Stade de France haka
La France est la seule équipe de l’hémisphère Nord à avoir remporté toutes ses rencontres des Autumn Nations Series. Et ça s’est vu.

Dans le monde, il y a donc deux nations invaincues : l’Afrique du Sud et la France. Ce sont les deux seules nations qui ont remporté toutes leurs rencontres des Autumn Nations Series, soit trois succès en trois matchs. Japon, Nouvelle-Zélande et Argentine pour la France ; Ecosse, Angleterre et Pays de Galles pour l’Afrique du Sud.

« Une saison 2024 post Coupe du Monde avec 80% de victoires, malgré tout », résumait le sélectionneur de l’équipe de France, Fabien Galthié au soir de la troisième et dernière victoire.

Le plein de victoires

En fait, c’est 72% de victoires pour être précis. Avec onze matchs disputés au cours de l’année civile, le bilan est plus que satisfaisant : huit victoires, un nul (contre l’Italie, 13-13) et deux défaites (contre l’Irlande en ouverture du Tournoi des Six Nations et contre l’Argentine sur son terrain).

72% de victoires en 2024, ça reste moins bien que le 78% de 2023, année de la Coupe du Monde avec un nombre record de 14 tests (11 victoires), moins bien aussi que le déjà mythique 100% de 2022 (10 victoires en 10 matchs), c’est aussi bien qu’en 2021 (8 victoires en 11 matchs) et un peu moins bien que la première année de mandat de Galthié à 80% (8 victoires en 10 matchs).

Mais dans le contexte, ce 72% est une excellent nouvelle pour le rugby français qui a connu l’une des années les plus noires, sur le plan extra sportif, de son histoire. Et on comprend pourquoi le staff et les joueurs étaient si satisfaits, surtout d’avoir enfin digéré leur élimination en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby.

« L’année post Coupe du Monde a été une année particulière ; une année dans laquelle on a beaucoup travaillé, mais où on n’a jamais eu un effectif complet », détaillait Galthié.

« Le Tournoi a été difficile, même si on termine second. On a une tournée en Argentine avec une jeune équipe, des jeunes joueurs en développement qui étaient bien partis mais vous savez ce qui s’est passé (les affaires extra-sportives, ndlr). Malgré ça, on gagne deux matchs sur trois en Argentine (une victoire contre l’Argentine et l’Uruguay, une défaite contre l’Argentine). Et là, on a rassemblé la meilleure équipe du moment malgré quelques absents de marque. »

Une méthode validée

Cette série de victoires « valide une méthode, un fonctionnement, un ressenti », selon Laurent Sempéré, entraîneur en charge de la touche et des tâches spécifiques. Après un Tournoi cahin-cahan qui arrivait juste après une Coupe du Monde loin d’être soldée avec un staff tout juste renouvelé et qui n’avait jamais travaillé ensemble, c’est véritablement avec la tournée en Argentine que l’équipe autour de Fabien Galthié a pu se mettre vraiment au travail.

« Durant cette période, nous nous étions un peu plus entraînés pour valider la méthode et permettre à nos joueurs de prendre plus de repères communs. C’est là que nous avons trouvé la quantité et la qualité des entrainements », débriefait Sempéré dans le Midol.

« Aujourd’hui on a un système dans lequel on peut s’intégrer et collaborer pleinement puisque nous avons exactement les mêmes certitudes sur le jeu », indiquait son collège en charge des avants William Servat dans L’Équipe. « Cette collaboration est géniale. C’est une émulation permanente avec une vision identique et cohérente sur notre jeu. Nos joueurs sont convaincus de ce système avec ce jeu organisé dans la désorganisation. »

Le fait d’avoir promu à la fois la concurrence et la polyvalence auprès des joueurs a provoqué ce que Galthié a nommé « une saine émulation ». L’avenant à la convention de mise à disposition des joueurs internationaux signé conjointement par la FFR et la LNR fin septembre a renforcé la collaboration entre les deux instances pour « concilier la performance des équipes de France, la compétitivité des clubs et la santé des joueurs ».

« J’ai débuté dans ce staff durant le Tournoi avec seulement 34 joueurs à disposition », poursuit Sempéré. « J’ai vu la différence sur cette tournée avec 42 joueurs. Cette possibilité nous permet de mieux préparer les joueurs, de mieux anticiper le coaching. »

Le public au rendez-vous

L’autre bonne nouvelle, c’est que le public est revenu au Stade de France pour y soutenir son XV national après une saison blanche consacrée aux Jeux olympiques qui avait obligé les Bleus à se délocaliser en région (Marseille, Lille et Lyon) pendant le Tournoi des Six Nations. On comptait 50 000 spectateurs pour le Japon, 80 000 pour la Nouvelle-Zélande et 66 000 pour l’Argentine, soit une fréquentation cumulée globale en hausse de 10%.

Carton d’audience à la TV

Enfin, la dernière bonne nouvelle de cette fenêtre internationale, c’est au niveau des audiences TV qui n’ont cessé de battre des records sur TF1, diffuseur officiel des matchs de l’équipe de France. Alors que le France – Japon avait attiré 4,5 millions de spectateurs (26,3% de parts d’audience), ils étaient en moyenne 7,3 millions pour assister à la victoire historique contre les All Blacks la semaine suivante, avec un pic à 8,3 millions.

Ils étaient encore 6,7 millions à assister à la victoire sur l’Argentine un vendredi soir. Selon TF1, ce sore était « la deuxième meilleure audience historique pour un test match après France vs. Nouvelle-Zélande » du samedi précédent.

A titre de comparaison, l’équipe de France de football qui jouait dans la même fenêtre des rencontres de Ligue des Nations n’attirait difficilement « que » 5 millions de téléspectateurs en moyenne à chaque rencontre.

« Il fallait retrouver une dynamique, c’était important de répondre présent sur ces trois matchs, ça a été fait, face à des équipes (Japon, Nouvelle-Zélande, puis Argentine, ndlr) qui terminent leurs saisons et qui sont rodées depuis six mois. Donc on a dû aller vite, trouver vite l’organisation pour pouvoir les jouer et performer », rappelait le sélectionneur avec un œil sur la Coupe du Monde de Rugby 2027 en Australie.

« On a décidé que c’était le kick-off du chemin à trois ans. Trois ans, c’est pas trop ambitieux, c’est à moyen terme avec cette tournée qui était très difficile. On avait cet objectif de quatre semaines. » Le retour au Top 14 et aux compétitions européennes (Champions Cup et Challenge Cup) vont rythmer le tournant des années 2024-2025 avant un retour du Tournoi des Six Nations. Déjà dans deux mois.