Sortis dès la phase de poules du Mondial l'année dernière et derniers du Rugby Championship cet été, derrière même l'Argentine, les Wallabies ont repris des couleurs à Twickenham, un temple du rugby où ils n'avaient plus triomphé depuis neuf ans. La victoire a été scellée in extremis grâce à un cinquième et ultime essai signé Max Jorgensen (80e+4) dans le temps additionnel, concluant une course-poursuite haletante. En seconde période, le score a basculé à quatre reprises, chaque équipe prenant tour à tour l'avantage dans un suspense insoutenable.
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Dès la cinquième minute, Marcus Smith, demi d'ouverture anglais, a intelligemment envoyé un coup de pied derrière la ligne défensive australienne, récupéré par le centre Ollie Lawrence. L'Angleterre a parfaitement recyclé le ballon, notamment grâce à une connexion fluide entre les deux premières lignes Jamie George et Ellis Genge, avant de l'ouvrir vers le côté fermé pour que Chandler Cunningham-South inscrive un essai. Ce début de match témoignait d'un rugby pragmatique et impitoyable de la part des Anglais.
Les Wallabies ont ensuite réduit l'écart avec une pénalité de 45 mètres réussie par Noah Lolesio : 5-3 après dix minutes. Pourtant, malgré leur vigilance face aux multiples menaces posées par Smith, celui-ci trouvait à nouveau une brèche dans la défense australienne, permettant aux Anglais d'atteindre les 22 adverses. Après plusieurs tentatives infructueuses sur la ligne, le ballon revenait à Cunningham-South qui inscrivait son second essai en cinq minutes, suivi d'une transformation de Smith pour porter le score à 12-3.
L'Angleterre montrait alors des signes d'un jeu rapide et débridé, exaltant le public de l'Allianz Stadium, dont les cris enthousiastes résonnaient dans tout le sud-ouest de Londres. Les Wallabies tentaient eux aussi des percées audacieuses, mais une pénalité venait freiner leur élan, permettant à Smith d'augmenter l'avance anglaise à 12 points.
Après le premier quart-temps, le protège-dents instrumenté d'Immanuel Feyi-Waboso a alerté les officiels sur une possible commotion cérébrale. L'ailier a donc été remplacé pour un examen médical, laissant sa place à Ollie Sleightholme, qui honorait ainsi sa troisième sélection. Le meilleur marqueur d’essais de la Premiership la saison dernière a finalement terminé le match, Feyi-Waboso, joueur d’Exeter, ne faisant pas son retour sur le terrain.
Du côté australien, l'intégration de Jordan Suaalii, ancien joueur de rugby à XIII, au centre du terrain s'est avérée prometteuse. Le jeune joueur de 21 ans a démontré un jeu spectaculaire pour sa première apparition dans le rugby à XV depuis ses années scolaires, laissant présager un bel avenir pour lui dans cette campagne des Autumn Nations Series. Le moment clé est survenu à la 26e minute, lorsqu'une passe digne d’un basketteur signée Suaalii a permis à l'arrière Tom Wright de marquer un essai sans opposition. Lolesio, précis au pied, a ensuite réussi la transformation : 15-10 pour l'Australie.
L'Angleterre a répliqué de manière plus pragmatique avec une pénalité obtenue en mêlée, que Marcus Smith a facilement convertie, augmentant l’écart à 18-10.
L'Australie a ensuite connu un regain d'énergie après la demi-heure de jeu. Un changement de direction bien orchestré par le demi de mêlée remplaçant, Tate McDermott, dans le camp anglais, a pris la défense à revers. Malgré une glissade au sol, McDermott a habilement transmis le ballon au capitaine Harry Wilson, qui a aplati pour inscrire le premier essai de sa carrière internationale. Lolesio a transformé l'essai, réduisant l'écart à un point : 18-17.
Rob Valetini, omniprésent dans toutes les actions positives des Wallabies en première mi-temps, a été essentiel pour permettre à son équipe de pénétrer dans les 22 mètres adverses juste avant la pause. C'est alors que l'arbitre Ben O'Keefe a sifflé une pénalité en faveur de l'Australie, permettant à Lolesio de donner un léger avantage aux siens avant le début de la seconde période.
Les statistiques de la première mi-temps en disaient long : l'Angleterre accusait un net retard sur l'Australie dans tous les domaines, excepté au taux de réussite des plaquages, où elle ne devançait ses adversaires que de 2 %. La question brûlait alors : comment les Anglais allaient-ils réagir durant les 40 minutes suivantes ?
C'est l'Australie qui a pris le contrôle dès le début de cette seconde période. Jordan Suaalii, très en vue, jouait parfaitement avec le trois-quarts centre Len Ikitau et l’arrière Tom Wright. Cette performance prometteuse rappelait aux supporters l’Australie conquérante ce qu'ils attendaient depuis longtemps. Mais la question demeurait : les Wallabies pouvaient-ils maintenir ce niveau de jeu et le traduire en points ?
Une touche dans la moitié anglaise a permis à l’avant australien de lancer une percée. Après un lancer rapide, le talonneur Matt Faessler a relancé l’action. Le jeune troisième ligne Fraser McReight, étoile montante du rugby australien, a ensuite fixé la défense et passé à Jeremy Williams, qui s'est jeté pour marquer : 18-25.
Les Wallabies se sont alors montrés impitoyables, incarnant cet esprit conquérant cher à Joe Schmidt. Profitant d’une nouvelle occasion dès le renvoi, ils ont remonté le terrain et obtenu une pénalité pour leur audace. Lolesio, imperturbable, a converti pour creuser l’écart : dix points d'avance pour l’Australie, et dix points à son compteur personnel.
Mais Marcus Smith n’a pas tardé à répliquer sur son propre terrain. À la suite d'une mêlée dans les 22 mètres australiens, le stratège des Harlequins a transformé une situation défavorable en opportunité. Profitant d'un trois contre quatre, il a effectué un subtil coup de pied rasant entre deux défenseurs australiens, offrant ainsi à Ollie Sleightholme l'essai qui a rapproché l’Angleterre au score : 23-28, avec un peu moins d’une heure de jeu écoulée.
L’Angleterre a repris l'avantage à la 67e minute avec un essai spectaculaire. Le duo Marcus Smith-Alex Dombrandt a été essentiel pour offrir à Ollie Sleightholme son deuxième essai du match. Replacé à l’arrière, Smith a percé la défense australienne, puis Ollie Lawrence a ouvert la voie avant que Dombrandt ne délivre la passe décisive sur l’aile. La transformation habile de Smith a enflammé le public et soulagé Steve Borthwick : 30-28.
Mais les Wallabies n'avaient pas dit leur dernier mot. Sur un ballon échappé par Lawrence après une passe de George Ford, l'ailier Andrew Kellaway s'est lancé dans une course effrénée, laissant les défenseurs anglais dans son sillage pour inscrire un nouvel essai. La transformation australienne a porté leur avance à cinq points à moins de cinq minutes de la fin.
Le match est devenu encore plus intense lorsque l'Angleterre a réagi immédiatement. Après une incursion rapide dans les 22 mètres australiens, Maro Itoje a aplati pour redonner l’avantage aux siens. Smith, dans un grand jour, a transformé avec succès : 37-35.
Les Wallabies ont eu une dernière opportunité après un en-avant d’Itoje sur le renvoi. Une série de mêlées a semblé ralentir le jeu, mais l’Australie a rapidement écarté le ballon. Une série de passes étourdissantes, dont un offload magistral de Len Ikitau, a permis à Max Jorgensen de filer sur l’aile pour marquer l’essai décisif. Ben Donaldson a transformé l’essai : 37-42, score final.
Ce match restera dans les annales de Twickenham : jamais l’Angleterre n'avait inscrit autant de points sur son propre terrain pour finalement s’incliner. Au terme de ce test-match d’une intensité rare, la révélation de la rencontre a été le jeune Jordan Suaalii, élu Joueur du match. Les Autumn Nations Series pourraient bien avoir révélé la prochaine superstar du rugby mondial.
