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Thomas Ramos, victime de la polyvalence à la toulousaine ?

THOMAS RAMOS V ITALIA 2024
Thomas Ramos a rappelé que, à l’occasion des Autumn Nations Series, il préfèrerait jouer à l’arrière et non à l’ouverture. Problème, il excelle dans les deux.

« Mon poste, c’est n°15. Je prends beaucoup de plaisir à ce poste-là et mon objectif a toujours été d’être titulaire en n°15 en équipe de France », a répété Thomas Ramos sur les ondes de RMC jeudi 24 octobre. Une phrase reprise en boucle partout avec cette question : Ramos (29 ans, 36 sélections) peut-il imposer ses envies au staff du XV de France qui le voit plutôt demi d’ouverture sur ces tests de novembre ? Ce qui, soit dit en passant, en le plaçant comme choix n°1 à l’ouverture pourrait apparaitre comme une rétrogradation de Matthieu Jalibert pourtant très en forme en ce début de saison avec l’UBB.

Mais il faut voir plus loin et se rendre à un constat : que ce soit en 15 ou en 10, Thomas Ramos excelle. Un exemple ? Cette pénalité de 50 mètres, légèrement décalée face aux poteaux, sur le gong du Crunch à Lyon le 16 mars dernier alors qu’il ne reste que 1’20 à jouer dans ce match où l’Angleterre mène d’un point. Sans trembler, Ramos réussit et la France remporte son duel. Le Midol la qualifiera de « pénalité à 800 000€ », soit la différence de prime que la FFR a touché en terminant deuxième du Tournoi (et non troisième en cas de défaite).

Sur ce Tournoi 2024, le XV de France de fin (Ramos à l’ouverture) a sonné plus de satisfaction que le XV de France de début (Jalibert à l’ouverture) et il apparait de plus en plus nettement que Galthié et son staff souhaitent poursuivre sur la lancée de la fin du Tournoi, après la parenthèse sud-américaine.

Ramos a déjà « dépanné » à l’aile et au centre aussi

Pourtant, il n’était pas écrit que Thomas Ramos soit arrière cette fois-là (comme contre le Pays de Galles une semaine avant). Il avait juste voulu « dépanner » le staff, comme il le raconte : « Romain (Ntamack) était blessé, Matthieu (Jalibert) aussi je crois, Fabien (Galthié) et Patrick Arlettaz m’ont juste demandé si pour les besoins de l’équipe, je me sentais de jouer 10 et de dépanner à ce poste-là. Je leur avais dit que oui. Si Matthieu ne s’était pas blessé, il aurait fini le Tournoi à l’ouverture et moi à l’arrière. C’était un dépannage », insiste-t-il.

Titulaire indiscutable à l’arrière, la seule autre fois où il a été à l’ouverture, c’était le 22 février 2020 au Pays de Galles pour remplacer Romain Ntamack, auteur d’une prestation majuscule (75e). Auparavant, le staff s’était amusé à le tester ailleurs : sur l’aile gauche à la place de Yoann Huget (69e) contre l’Italie lors du Tournoi 2019, sur l’aile droite pour faire souffler Damian Penaud (65e) lors de la victoire contre l’Ecosse du 17 août 2019 ou au centre pour remplacer Wesley Fofana (68e) lors de la victoire contre l’Italie le 30 août 2019 en matchs de préparation pour la Coupe du Monde de Rugby.

A chaque fois pour « dépanner ». Mais en France, on aime le provisoire qui dure… et comme Romain Ntamack est toujours blessé, que Matthieu Jalibert semble être descendu dans la hiérarchie des Bleus, Thomas Ramos pourrait bien être reconduit comme demi d’ouverture en novembre.

L’école toulousaine

Cette polyvalence des joueurs est érigée comme règle cardinale au Stade Toulousain, son club depuis 2012, et prônée depuis longtemps par l’entraîneur Ugo Mola qui l’avait positionné à l’ouverture lors des finales victorieuses de Top 14 en 2019 et 2021, entre autres.

« Dans la polyvalence, on voit tout de suite le résultat au poste où vous avez joué alors que ce n’est pas le vôtre. On croit en la polyvalence sur la capacité à développer les compétences des joueurs », indiquait-il en début de la saison. Lui-même se verrait d’ailleurs bien essayer Antoine Dupont, son demi de mêlée (voire parfois d’ouverture) vedette… au centre ou à l’arrière.

« Que ce soit 9, 10, 13 ou 15, il pourrait être international aux quatre postes », indiquait-il en conférence de presse au printemps. « Hormis sur la partie conquête et relance de jeu, on a envie que l’équipe s’adapte et soit en lecture de beaucoup de choses. Pour ça, le numéro que l’on a dans le dos est presque accessoire. »

Romain Ntamack, lui-même trois-quarts polyvalent et qui aimerait bien être essayé plus souvent à l’aile, renchérissait : « On a beaucoup de joueurs qui peuvent évoluer un peu partout sans que la qualité du jeu ne change. »

Un ancien de la maison, l’ailier Cheslin Kolbe (2017-2021), n’a-t-il pas été un digne représentant de ce dogme lors de la première journée du Rugby Championship contre l’Australie à Brisbane début août ? On a vu l’ailier introduire le ballon en mêlée alors que Cobus Reinach, le demi de mêlée titulaire, était présent. Juste après, Kolbe était positionné en ouvreur, agissait comme trois-quarts centre à d’autres moments de la rencontre et se permettait même de jouer les talonneurs lors d’une touche (suite au carton sur Malcolm Marx à la 66e).

Reste que pour les puristes, si un joueur est très bon à un poste, mieux vaut l’y laisser. Et Thomas Ramos a toute sa place à l’arrière (comme Jalibert à l’ouverture). Mais est-ce dans la logique d’évolution du rugby ?