Les Wallabies arrivent à Cardiff dimanche avec un nouvel élan après une victoire décisive à la 84e minute contre l'Angleterre à l'Allianz Stadium. Cette victoire n'a pas seulement relancé leurs rêves de Grand Chelem – 40 ans après le dernier – mais elle a aussi remonté le moral d'une équipe qui semblait chancelante il y a encore quelques semaines. En renversant l'Angleterre, l'Australie a fait taire ses détracteurs, comme l'a reconnu l'ancien pilier anglais Ben Youngs, qui a admis que la victoire australienne avait transformé l'opinion publique.
Mais à Cardiff, les Wallabies se préparent à affronter un Pays de Galles en difficulté. L'équipe galloise est en proie à une spirale descendante avec une série de dix défaites consécutives, et la pression sur Warren Gatland est forte. Ce week-end, les deux équipes, aux trajectoires opposées, se retrouveront dans un duel crucial pour l'avenir.
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L'Australie, en pleine ascension, arrive en force après sa victoire contre l'Angleterre, un succès qui montre que les Wallabies ne sont plus l'ombre de l'équipe de début d'année. Le sélectionneur Joe Schmidt a mis en garde ses joueurs contre la tentation de se reposer sur leurs lauriers. Jeremy Williams, deuxième-ligne des Wallabies, a rappelé cette approche pragmatique : « Vous célébrez la victoire, puis vous vous préparez pour la semaine suivante. » Un message clair : l'Australie doit prouver qu'elle peut maintenir cette dynamique.
Cette victoire sur l'Angleterre a été un tournant, surtout avec la Coupe du Monde et la série des British and Irish Lions qui se profilent en Australie dans les deux prochaines années. De plus, l'arrivée de Joseph Suaalii, le jeune prodige du rugby à XIII, a été une excellente décision pour l'avenir de l'équipe, tant il a montré des qualités qui rappellent les plus grands noms du rugby mondial.
La victoire à Twickenham a relancé l’enthousiasme des supporters australiens, mais les Wallabies savent que l'histoire récente incite à la prudence. L'Australie a souvent peiné à maintenir une dynamique après de grands succès. Au cours des dix dernières années, ils n'ont réussi à enchaîner deux victoires de suite qu’à neuf reprises. L’euphorie d'un triomphe marquant est trop souvent suivie d’une désillusion. Le sélectionneur Joe Schmidt est bien conscient que ce manque de régularité doit être corrigé si les Wallabies veulent retrouver leur place parmi l’élite mondiale. Le centre Len Ikitau, surnommé « Lenny Flickitau » pour sa passe volleyée en fin de match qui a scellé la victoire contre l’Angleterre, en est conscient : « Pour nous, c'est une question de constance. Il faut enchaîner une bonne performance par une autre bonne performance. Cette semaine, on a une opportunité de le faire contre une équipe galloise toujours coriace. »
À l'opposé, le Pays de Galles vit un véritable cauchemar. Les hommes de Gatland sont englués dans une série noire de dix défaites consécutives, un sombre record qu'ils n'avaient plus connu depuis 2003. La défaite face aux Fidji dimanche à Cardiff a marqué un nouveau coup de massue, plongeant le Principality Stadium dans un silence glacé. Pour la première fois, les Gallois ont plié à domicile face à ces outsiders du Pacifique. Et comme si cela ne suffisait pas, la blessure de Tomos Williams complique encore la tâche. L'absence du demi de mêlée vient fragiliser davantage une équipe déjà en difficulté. L'ancienne gloire Dan Biggar n'a pas mâché ses mots : « Ça ne peut pas continuer comme ça... Enchaîner 11, 12, voire 13 défaites sans réagir, c’est tout simplement impensable. »
La pression sur Gatland a atteint son paroxysme. Rappelé à la fin de l'année 2022 pour redonner au Pays de Galles sa gloire d'antan, il a au contraire eu du mal à produire des résultats significatifs, ne remportant que six des 22 tests depuis son retour. Le sélectionneur a toutefois défendu son approche, cadrant la série de défaites comme faisant partie d'une phase de reconstruction douloureuse mais nécessaire. Avec un mélange de nouveaux joueurs et l'absence de leaders expérimentés, Gatland affirme qu'il est en train de poser les bases d'une future équipe du Pays de Galles qui sera capable de rivaliser au plus haut niveau. Pour l'instant, les supporters gallois ne peuvent que constater que leur équipe, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même, se présente sur le terrain sous un ciel de plus en plus sombre.
Warren Gatland, tout comme son compatriote néo-zélandais Joe Schmidt, figure parmi les plus grands entraîneurs que le rugby européen ait connus. Il a déjà su redonner vie au rugby gallois par le passé, et si son fameux "toucher de Midas" opère encore, les supporters espèrent ardemment le voir à l’œuvre face aux hommes en or ce week-end.
Si l'ascension des Wallabies et la descente aux enfers des Gallois semblent à des années-lumière l'une de l'autre, le duel de dimanche au Principality Stadium pourrait bien réserver son lot de surprises. Pour le Pays de Galles, le souvenir de leur dernière victoire éclatante sur l'Australie – un cinglant 40-6 lors de la Coupe du Monde 2023 – pourrait raviver une étincelle d'espoir en ces temps sombres (bien plus que le souvenir amer de leur série perdue cet été en terre australienne). Les hommes de Gatland sont peut-être acculés, mais ils ont déjà prouvé qu'ils pouvaient renverser les pronostics, surtout devant leur public.
Si l’histoire nous apprend bien une chose, c’est que la dynamique en rugby peut basculer d’un instant à l’autre. Tandis que les Wallabies visent une deuxième victoire d’affilée dans ces Autumn Nations Series, ils feraient mieux de se méfier de l’imprévisibilité d’une équipe dos au mur. Le Pays de Galles, au fond du trou mais loin d’être abattu, pourrait bien être prêt à créer le même choc que celui qu’a infligé l’Australie à l’Angleterre.
Pays de Galles vs. Australie, dimanche 17 novembre à 16h10 (heure locale)