Fin de saison mais nouveaux enjeux, les fans ont hâte de tourner la page d’un été compliqué où le rugby a plus souvent été cité dans la rubrique faits divers que dans la rubrique sport.
La tournée en Argentine et Uruguay en juillet était censée lancer une nouvelle génération de joueurs, hors premium (les 20 meilleurs joueurs restés à la maison) parmi lesquels Antoine Frisch (qui est depuis arrivé dans le Top 14 à Toulon après un début de carrière au Munster), Emilien Gailleton (« qui est sur une autoroute, une voie rapide sans péage ou presque », selon le staff), Georges-Henri Colombe, Antoine Hastoy, Léo Barré (récemment engagé jusqu’en 2029 avec le Stade Français), Mickaël Guillard (très actif dans la zone de combat sur le deuxième match contre l’Argentine et qui a gagné sa place sur le radar du staff) ou encore Lenni Nouchi.
Sur cette tournée, six joueurs vivaient leur première sélection, mais l’un manquait, « pour raisons de règlement », le pilier droit de Bayonne, 21 ans et d’origine tongienne, Tevita Tatafu qui pourra prétendre à porter le maillot du XV de France à l’automne, après avoir répondu aux attentes du staff lors de la préparation à l’été.
« Nous sommes sur la base des 10 meilleurs joueurs. Je mets ma main à couper que dans ce groupe, il y a cinq ou six Premiums pour les années futures. J’en suis sûr. Ils sont là. On a des pépites dans ce groupe », justifiait le sélectionneur Fabien Galthié avant le début de la tournée. Sauf que les affaires extra-sportives ont fait passer les performances en arrière-plan malgré l’importance que cette tournée revêtait.
Galthié le reconnaissait d’ailleurs lui-même à la veille du premier match contre l’Argentine à Mendoza le 6 juillet : « C'est vraiment une équipe qui a quasiment zéro expérience collective ». Malgré tout, une victoire 13-28 et un constat de Galthié juste après la rencontre : « Je pense que l’on peut qualifier ce match de grand match ».
La victoire 43-28 contre l’Uruguay quatre jours plus tard à Montevideo avec un effectif largement remanié et dans un climat extra-sportif tendu a précédé le dernier acte contre l’Argentine le 13 juillet, cette fois perdu 33-25.
Pour autant, le staff est sorti de cette tournée en Argentine confiant pour la suite, que ce soit vis-à-vis de certains joueurs – « certains vont participer à notre émulation, c’est certain », confiait Galthié à l’issue – que sur le plan méthodologique du staff.
Retour au Stade de France
La première raison de se réjouir de cette deuxième fenêtre internationale de l’année est, au-delà de l’aspect sportif, que le XV de France va reprendre ses marques au Stade de France où se dérouleront les trois tests de novembre.
Privés de la plus grande arène de France depuis le début de l’année 2024 pour cause des Jeux olympiques de Paris 2024, les Bleus avaient été obligés de se délocaliser ailleurs avec un bilan mitigé en jouant à Marseille (défaite 17-38 face à l’Irlande), Lille (nul 13-13 face à l’Italie) et Lyon (victoire 33-31 contre l’Angleterre).
Le retour au Stade de France s’accompagne d’un bilan positif pour le XV de France qui y a disputé 103 rencontres internationales avec 67 victoires, deux matchs nuls et 34 défaites. La dernière est dans toutes les têtes et sans doute la plus cruelle : l’élimination 28-29 par l’Afrique du Sud en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby 2023.
Depuis, les Bleus à XV n’ont plus refoulé la pelouse de Saint-Denis, à l’exception d’Antoine Dupont qui a conjuré le sort en décrochant la médaille d’or avec l’équipe de France de rugby à sept aux Jeux olympiques le 27 juillet dernier. Pour les autres, ce retour s’annoncera difficile à appréhender.
Trois adversaires coriaces
Pour sa « rentrée » très attendue en novembre, le XV de France a donc prévu trois tests. Le premier sera contre le Japon d’Eddie Jones, une équipe que les Français avaient accueilli pour la première fois en France en 2017. Face aux Bleus de Guy Novès, les Cherry Blossoms avaient réussi à arracher un nul insolent 23-23 dans ce qui devait être une soirée de fête pour l’inauguration de la U Arena à Nanterre-La Défense.
La deuxième rencontre en France, le 20 novembre 2022 à Toulouse, avaient permis aux Français de laver l’affront 35-17. Cette troisième rencontre entre les deux équipes dans l’hexagone s’annonce ardue d’autant qu’Eddie Jones n’a pas encore réussi à bien lancer son mandat en affichant deux victoires (contre le Canada et les USA) en cinq matchs (trois défaites contre l’Angleterre, la Géorgie et l’Italie) cet été.
Cette mise en bouche précèdera un des plus gros chocs de cet automne, face à la Nouvelle-Zélande le 16 novembre. Comme pour le Japon, le changement d’entraîneur des All Blacks avec Scott Robertson n’a pas été sans accrocs avec trois défaites lors de ses sept premiers matchs.
Reste que la Nouvelle-Zélande reste la Nouvelle-Zélande et personne ne doute que face aux Bleus au Stade de France la rencontre sera musclée. Leur précédent face à face à cet endroit était en ouverture de la Coupe du Monde de Rugby 2023. La défaite 27-13 n’avait pas empêché la Nouvelle-Zélande d’aller défier les Springboks en finale six semaines plus tard.
Le 16 novembre prochain, cela fera 24 ans quasiment jour pour jour que les All Blacks ont joué les Français pour la première fois au Stade de France. Ce 10 novembre 2000, la Nouvelle-Zélande avait gagné 39-26. Mais une semaine plus tard, les Bleus s’étaient rattrapés à Marseille (42-33).
Mais ce n’est qu’après un nul en 2002 (20-20), puis cinq défaites de suite - en 2004 (6-45), en 2006 (11-23), en 2013 (19-26), en 2016 (19-24) et en 2017 (18-38) – que le XV de France a enfin décroché sa première victoire dans l’enceinte Dionysienne, en 2021 (40-25). Le bilan est donc maigre pour la France à Saint-Denis : une seule victoire en neuf rencontres.
Enfin le dernier match revêtira lui aussi un symbolisme que seul le rugby peut offrir, le match retour de la tournée en Argentine contre Los Pumas le 22 novembre.
Nonobstant le fait que cette rencontre sera l’une des trois seules de l’Autumn Nations Series ayant lieu un vendredi soir, en ouverture de rideau de l’ultime week-end de compétition, ce clash s’annonce comme étant celui qui rassurera, ou non, les Français sur la suite des évènements.
Car aussi étonnant que cela puisse paraître, seulement quatre rencontres entre les deux nations ont eu lieu au Stade de France jusqu’à présent et le bilan est on ne peut plus équilibré : deux défaites - 12-17 en 2007 en ouverture de la Coupe du Monde de Rugby et 13-18 en 2014 – et deux victoires des Bleus - 27-26 en 2006 et 29-20 en 2021.
Ajoutons à cela le bilan équilibré là aussi d’une victoire partout lors de la précédente tournée de juillet 2024 en Argentine et on obtiendra un match dont l’issue est plus que jamais incertaine. De quoi finir intensément une saison qui avait commencé par une honorable troisième place des Français au Tournoi des Six Nations.