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2001, la fois où l'Angleterre a été victime de la fièvre aphteuse

jason robinson england 2001
Le Tournoi des Six Nations 2001 reste un chapitre mémorable et chargé d’émotion dans l’histoire du rugby anglais.

En 2001, le Tournoi des Six Nations a marqué un tournant mémorable dans l’histoire du rugby anglais. Sous la direction de Sir Clive Woodward, l’équipe a combiné records fracassants et un jeu spectaculaire, avant de voir ses rêves s’effondrer lors de l’ultime match.

Une campagne hors normes

La domination anglaise dans la première phase du tournoi fut sans précédent. Avec quatre victoires écrasantes contre le Pays de Galles, l’Italie, l’Écosse et la France, l’Angleterre a établi de nouveaux standards offensifs. Elle a inscrit 29 essais, un record pour le tournoi, et accumulé 229 points, une marque inégalée. Sa moyenne de 54 points par match témoignait de sa supériorité écrasante et de son statut de meilleure équipe européenne.

Le triomphe face à l’Italie à Twickenham (80-23) reste un jalon inoubliable, représentant le plus grand nombre de points marqués par une seule équipe dans un match du Tournoi des Six Nations. Avec une différence de points de +167 et une défense ayant concédé seulement 62 points en quatre rencontres, l’Angleterre semblait imbattable. De jeunes talents comme Iain Balshaw se sont illustrés, tandis que des vétérans comme Jonny Wilkinson et Martin Johnson ont confirmé l’Angleterre comme favorite pour le Grand Chelem.

Un report et ses conséquences

La campagne triomphale de l’Angleterre a été brutalement interrompue par l’épidémie de fièvre aphteuse qui a frappé le Royaume-Uni. Les restrictions sur les déplacements ont contraint l’Irlande à reporter ses matchs contre l’Écosse, le Pays de Galles et l’Angleterre, repoussant la conclusion du tournoi de sept mois. Cet imprévu a brisé l’élan des Anglais, qui avaient dominé la compétition jusque-là.

Quand l’Angleterre a finalement affronté l’Irlande à Dublin en octobre, la dynamique de l’équipe avait changé. L’été avait été particulièrement éprouvant, avec 21 joueurs anglais ayant participé à la tournée des British and Irish Lions en Australie. La fatigue et les blessures accumulées ont sérieusement compromis la préparation de l’équipe pour ce match décisif.

Une désillusion habituelle

Malgré son statut de favorite pour décrocher le Grand Chelem, l’Angleterre a trébuché, comme en 1999 et 2000. Face à une Irlande transcendée par son capitaine Keith Wood et le soutien fervent de Lansdowne Road, les Anglais n’ont pas su imposer leur jeu. Un plaquage héroïque de Peter Stringer sur Dan Luger a privé l’Angleterre d’un essai certain, tandis que Wood a inscrit un essai décisif après une touche merveilleusement exécutée. L’attaque anglaise, si efficace en début de tournoi, a peiné à retrouver sa fluidité et son tranchant, laissant le Grand Chelem s’envoler une fois de plus.

Le score final de 20-14 en faveur de l’Irlande a scellé un nouvel échec pour l’Angleterre. Bien qu’elle ait remporté le Tournoi des Six Nations 2001, le souvenir des joueurs anglais dépités tenant le trophée dans une atmosphère glaciale à Dublin demeure l'une des images les plus marquantes et ambivalentes du rugby. Cette équipe, qui avait redéfini les standards de performance, n’a pas réussi à gravir la dernière marche vers l’immortalité sportive.

L'héritage de la campagne 2001

Le Tournoi des Six Nations 2001 reste un témoignage de l’imprévisibilité du sport. Les performances étincelantes de l’Angleterre en début de tournoi ont démontré son immense potentiel, mais les défis externes, combinés à l’épuisement mental d’une campagne prolongée, ont eu raison de ses ambitions. Cependant, ces revers successifs ont nourri une détermination inébranlable, pavant la voie au Grand Chelem de 2003 et au sacre mondial quelques mois plus tard.

Pour les amateurs de rugby, l’année 2001 incarne une montagne russe émotionnelle, mêlant des sommets glorieux à des désillusions cruelles. Ce Tournoi reste une étape fascinante de l’histoire du rugby, marquée par des records impressionnants, des moments mémorables, et une leçon amère sur les marges ténues entre la victoire et la gloire éternelle.