Le pilier gauche toulousain Cyril Baille (31 ans, 52 sélections), absent depuis six mois suite à une grave blessure (luxation et rupture des ligaments de la cheville, puis fracture du péroné), est à nouveau opérationnel. Il a participé à une séance collective avec le Stade Toulousain le 10 décembre et pourrait retrouver les terrains très vite en Champions Cup avant d’enchaîner en Top 14, puis de postuler pour le Tournoi des Six Nations.
« J’ai envie d’y revenir. Je vais tout faire pour y être, d’être le plus performant possible d’entrée », a-t-il assuré dans le podcast Crunch. « Si j’y suis pas, ce sera un objectif de plus pour travailler. Le Tournoi, ça va être juste parce que la reprise est sur la fin d’année. Mais je vais tout donner avec le Stade pour regagner ma place. »
Cela fait plusieurs années que Cyril Baille est habitué à ronger son frein. Première alerte en avril 2017 où il est victime d’une rupture du tendon rotulien du genou gauche en Top 14 (huit mois d’arrêt). « Quand je suis revenu du genou, j’étais censé ne plus rejouer au rugby », se souvient-il. « Ça a été dur pendant 10 jours et j’ai réussi à repartir après. J’avais interdiction de me lever. J’ai été obligé de rester 45 jours alité avec interdiction de retirer l’atèle, même pour la douche. Cette première blessure, j’étais livré à moi-même. J’avais connu l’équipe de France (il comptait déjà 8 sélections, ndlr), j’étais monté très haut dans la saison et j’étais descendu très bas. »
S’il n’avait pas eu la moindre blessure avant ça, il les a enchaînées par la suite. En 2018, il fait une rechute (quatre mois d’arrêt). En plein Tournoi 2020 il se luxe l’épaule droite (plusieurs semaines d’arrêt) mais est épargné par les blessures pendant les deux années qui suivent. En août 2022, il se fait opérer des adducteurs et se blesse au même endroit quelques mois plus tard en test contre l’Afrique du Sud.
En 2023, sur le match de préparation à la Coupe du Monde de Rugby du 12 août face à l’Ecosse, il subit un décollement musculo-aponévrotique du gastrocnémien interne (mollet droit) mais peut participer aux trois dernières rencontres de la Coupe du Monde (après six semaines d’arrêt) puis au Tournoi 2024. Cette saison, on l’a vu, se terminera en demi-finale du Top 14 et le tiendra loin des terrains pendant six mois.
Le retour gagnant de Romain Ntamack
Un autre joueur du Stade Toulousain et cadre du XV de France à avoir enchaîné les blessures est le demi d’ouverture polyvalent Romain Ntamack. 12 août 2023, sur le même match que Cyril Baille, Ntamack (25 ans, 37 sélections) se blesse gravement et souffre d'une rupture d'un ligament croisé du genou gauche. Il en prend pour huit mois et est contraint de déclarer forfait pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 et le Tournoi 2024. Dès son retour avec le Stade Toulousain fin mars 2024, il signe une victoire, puis plus tard un doublé champion d’Europe et champion de France.
A la veille des tests d’automne 2024, nouvelle tuile. Le 12 octobre, il quitte prématurément le match contre Clermont en boitant après une action anodine. Il échappe au pire, mais cette lésion du mollet l’éloigne des terrains trois à quatre semaines de plus et il manque une fois encore son retour sur la scène internationale pour les Autumn Nations Series.
Un mois plus tard, il reprend l’entraînement puis le chemin des terrains avec un beau bilan : trois matchs et trois victoires. Le premier contre Perpignan, il transforme quatre essais et marque une pénalité, apportant ainsi un quart des points à son équipe (41-9). Pour le match suivant contre le Racing 92, c’est l’arrière Thomas Ramos qui prend les perches avec trois pénalités et une transformation. Enfin, sur le premier match de Champions Cup contre l’Ulster, Ntamack s’offre un essai pour son retour à ce niveau tandis que Ramos passe sept transformations.
Selon la volonté du sélectionneur du XV de France Fabien Galthié qui a testé grandeur nature cette nouvelle configuration sur le Autumn Nations Series, les deux sont désormais condamnés à se partager le poste d’ouvreur avec deux autres solides prétendants : Matthieu Jalibert et même Antoine Dupont, une charnière à lui tout seul.
« Laissez-le troisième ouvreur français, moi ça me va très bien, et qu’il reste là le plus longtemps possible », ironisait Ugo Mola, l’entraîneur du Stade Toulousain, au soir de l’écrasante victoire de Toulouse contre l’Ulster (61-21). « Mais quand on a un Romain Ntamack comme ça, comme par hasard, on joue bien au rugby. »
Malgré tout, son retour en bleu pour le Tournoi des Six Nations à partir du 31 janvier face au Pays de Galles ne semble faire aucun doute, lui qui n’a plus joué avec l’équipe de France depuis ce match de préparation funeste contre l’Ecosse à la mi-août 2023.
Romain Ntamack a néanmoins montré qu’il était revenu plus fort que jamais en championnat français comme en championnat transcontinental avec la Champions Cup. Comme pour Thomas Ramos, son positionnement sur le terrain pourrait être évolutif en fonction des forces en présence et du jeu des remplacements en cours de rencontre. Reste qu’au poste d’ouvreur, que ce soit premier, deuxième ou troisième, le XV de France a désormais l’embarras du choix, l’un étant aussi performant que l’autre, ce que Galthié voulait se prouver.