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Ils vont faire parler d'eux sur le Tournoi des Six Nations 2025

Alessandro Izekor - Italy - Six Nations
Chaque année, le Tournoi des Six Nations braque les projecteurs sur quelques-uns des plus grands talents du monde du rugby. Voici six joueurs qui pourraient faire parler d'eux en 2025.

Qu’il s’agisse d’un Brian O’Driscoll au visage juvénile signant un triplé à Paris en 2000, d’un Sam Warburton menant une jeune équipe galloise vers un Grand Chelem en 2012 à seulement 23 ans, ou d’Ange Capuozzo électrisant les Azzurri en 2022, le Tournoi a souvent été le théâtre de l’éclosion de jeunes talents.

Cette année, nous nous intéressons à six joueurs de chaque nation, ayant cinq sélections ou moins, pour qui 2025 pourrait marquer une percée sur la scène internationale.

Sam Prendergast (Irlande)

Depuis le début de ce siècle, le mythique maillot n°10 de l’Irlande a été presque exclusivement porté par deux figures emblématiques : Ronan O’Gara et Johnny Sexton. Bien que plusieurs aient essayé de leur ravir cette place, ce n’est finalement qu’avec leur retraite que ce précieux numéro s’est libéré.

Après la retraite de Johnny Sexton, Jack Crowley semblait être l’héritier naturel du maillot n°10, enchaînant neuf titularisations consécutives. Pourtant, à l’automne, Sam Prendergast a clairement marqué son territoire. Si l’on se fie à l’histoire de ce maillot emblématique, celui qui s’en empare aujourd’hui pourrait bien en être le gardien pour les années à venir.

Sam Prendergast, jeune ouvreur du Leinster, a brillé malgré un temps de jeu limité à 154 minutes lors des Autumn Nations Series. Il s’est distingué par sa capacité à attaquer la ligne d’avantage et à créer des opportunités pour ses coéquipiers.

Avec un total impressionnant de sept passes décisives, il a presque doublé les performances des autres meilleurs passeurs du tournoi (quatre joueurs à égalité avec quatre passes chacun), affirmant son potentiel exceptionnel :

  • SAM PRENDERGAST (Irlande) : 7

  • Tom Jordan (Ecosse): 4

  • Huw Jones (Ecosse): 4

  • Beauden Barrett (Nouvelle-Zélande): 4

  • Rieko Ioane (Nouvelle-Zélande): 4

Le jeune demi d'ouverture du Leinster est perçu depuis plusieurs années comme le futur prodige du rugby irlandais. Sa réputation s’est forgée après avoir conduit les U20 à un Grand Chelem dans les Six Nations et à une finale du Championnat du Monde U20 en 2023. Une ascension qui laisse présager une forte impression en équipe nationale à l'avenir.

Pour l’instant, le maillot n°10 de l’Irlande est porté par Jack Crowley, mais la lutte entre les ouvreurs du Munster et du Leinster s’annonce captivante et pourrait définir la hiérarchie à ce poste stratégique dans les mois à venir.

Gaël Dréan (France)

Avec Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey, la France peut compter sur deux ailiers en pleine forme. Cependant, l'ascension éclair de Bielle-Biarrey ces 18 derniers mois rappelle qu'il ne faut parfois que quelques performances pour s'imposer dans le XV de départ.

En cas de blessure, de rotation ou d'absence imprévue de l'un des deux, Gaël Dréan figure parmi les prétendants prêts à saisir leur chance. Ce jeune talent, discret mais prometteur, est à l'affût pour prendre le relais sur les ailes.

À seulement 24 ans, Gaël Dréan réalise une saison exceptionnelle avec le RC Toulon, ayant inscrit 10 essais en Top 14 lors de l'exercice 2024/25. Ce total, qui le place en tête des marqueurs aux côtés de Sireli Maqala (Bayonne), est d'autant plus impressionnant que Dréan a joué moins de minutes que son homologue bayonnais :

  • GAËL DRÉAN (RC Toulon), Essais (E): 10, Minutes Par Essai (MPE): 67

  • Sireli Maqala (Bayonne), E : 10, MPE : 91

  • Baptiste Couilloud (Lyon), T: 8, MPE : 103

  • Louis Bielle-Biarrey (Union Bordeaux-Bègles), E : 7, MPE : 103

  • Teddy Thomas (Stade Rochelais), E : 6, MPE : 95

  • Nolann Le Garrec (Racing 92), E : 6, MPE : 135

Gaël Dréan se distingue par une efficacité rare cette saison en Top 14. Parmi les joueurs ayant inscrit plus d’un essai, il figure parmi les trois seuls à afficher un taux supérieur à un essai toutes les 80 minutes. Il partage cet exploit avec ses coéquipiers internationaux Peato Mauvaka (un essai toutes les 60 minutes, 5 essais au total) et Antoine Dupont (un essai toutes les 65 minutes, 3 essais au total).

Gaël Dréan ne se distingue pas seulement par son taux d’essais, mais également par sa capacité impressionnante à franchir les défenses adverses. Avec 11 franchissements cette saison en Top 14, il affiche une moyenne remarquable d’un franchissement toutes les 4,5 courses ballon en main. Parmi les 159 joueurs ayant effectué plus de 50 courses dans le championnat 2024/25, seul Rémy Baget (un toutes les 4,3 courses) fait mieux. Les stars du Tournoi des Six Nations, Ange Capuozzo (4,8) et Louis Bielle-Biarrey (5,8), complètent le podium à la troisième et quatrième place.

Avec une telle régularité et un impact si élevé malgré un temps de jeu limité, il ne serait pas surprenant de voir Dréan jouer un rôle majeur en 2025, confirmant son potentiel au plus haut niveau.

Asher Opoku-Fordjour (Angleterre)

Le joueur de première ligne de l'Angleterre traverse une phase de transition majeure. Avec le départ de piliers emblématiques comme Joe Marler, Dan Cole, Kyle Sinckler et Mako Vunipola, seuls Will Stuart (45 sélections) et Ellis Genge (62 sélections) apportent une expérience significative à l’équipe du Six Nations 2025.

Cependant, une nouvelle génération de talents prometteurs est en pleine émergence. Fin Baxter et Asher Opoku-Fordjour, en tête de cette relève, attirent déjà l’attention. D’autres jeunes comme Afolabi Fasogbon et Emmanuel Iyogun guettent également leur moment pour briller. Opoku-Fordjour, par ailleurs, a récemment effectué ses débuts en équipe nationale lors du dernier match des Autumn Nations Series face au Japon, symbolisant cette transition vers l’avenir.

En Gallagher Premiership cette saison, Asher Opoku-Fordjour s'est illustré par son impact en mêlée. Il a mis à la faute l'adversaire pas moins de 21 fois en mêlée (16 sur introduction de son équipe et 5 sur celle de l’adversaire), soit une moyenne impressionnante de 3,2 pénalités par 80 minutes. Ce chiffre est le meilleur parmi tous les piliers ayant disputé plus de 50 mêlées dans le championnat :

  • ASHER OPOKU-FORDJOUR (Sale Sharks) : 21

  • Nicky Smith (Leicester Tigers) : 20

  • Joe Heyes (Leicester Tigers) : 19

  • Richard Palframan (Newcastle Falcons) : 18

  • Bevan Rodd (Sale Sharks) : 13

  • Simon McIntyre (Sale Sharks) : 13

Le jeune pilier de Sale Sharks, Asher Opoku-Fordjour, affiche des statistiques remarquables en mêlée cette saison. Avec son équipe obtenant une pénalité sur 40 % des mêlées des Sharks lorsqu'il est impliqué – un record en Gallagher Premiership – et 12 % des mêlées adverses, il établit un standard élevé. Globalement, 26 % des mêlées des Sharks se terminent par une pénalité en leur faveur, un chiffre inégalé parmi les piliers ayant participé à plus de 50 mêlées en 2024-25.

L'Angleterre, qui avait déjà le meilleur taux de pénalités en mêlée l'an dernier au Tournoi des Six Nations (33 % sur leurs introductions), pourrait encore renforcer cette domination avec l'intégration d'Opoku-Fordjour. Sa capacité à déséquilibrer les premières lignes adverses promet de poser de sérieux problèmes à leurs rivaux lors des prochaines compétitions internationales.

Alessandro Izekor (Italie)

L'année 2024 a marqué un tournant pour l'Italie dans le Tournoi des Six Nations. Avec deux victoires, un nul et seulement deux défaites, les Azzurri ont réalisé leur meilleure performance depuis des années, surpassant largement leur ancien record d'une seule victoire en 42 matchs avant cette édition. Un progrès attendu par leurs supporters, qui avaient déjà observé la montée en puissance des U20 italiens et les performances solides de Benetton en URC.

Au cœur de cette ascension se trouve Alessandro Izekor, troisième-ligne de 24 ans, véritable moteur de Benetton. Né à Brescia et formé à Calvisano, il a rejoint les Lions en 2022, s'imposant rapidement comme un élément clé. Dans une sélection italienne riche en talents au poste de troisième-ligne, Izekor apporte une force supplémentaire à une équipe en pleine progression.

En défense, Alessandro Izekor s'impose comme une véritable forteresse. Depuis le début de la saison 2023-24 de l'URC, il a réalisé 28 plaquages offensifs, surpassant de loin tous ses coéquipiers de Benetton avec une avance de 12 plaquages. À l’échelle du championnat, seuls Ben-Jason Dixon et Ruben van Heerden, avec 31 plaquages offensifs chacun, ont fait mieux. Ces statistiques confirment le rôle crucial d’Izekor dans la solidité défensive de Benetton et sa capacité à rivaliser avec les meilleurs joueurs de l'URC :

  • Ben-Jason Dixon (Stormers) : 31

  • Ruben van Heerden (Stormers) : 31

  • ALESSANDRO IZEKOR (Benetton Rugby) : 28

  • Elrigh Louw (Bulls) : 27

  • David McCann (Ulster Rugby) : 26

  • Emmanuel Tshituka (Lions, Sharks) : 26

  • James Venter (Sharks) : 26

  • Joseph Dweba (Stormers): 26

Alessandro Izekor n’est pas seulement un mur, il excelle également en attaque. Avec un taux de réussite de 57 % sur la ligne d'avantage et 33 % de courses dominantes, il se positionne parmi les meilleurs avants de l'URC. Ces statistiques témoignent de sa capacité à combiner puissance et efficacité balle en main, faisant de lui un atout incontournable pour Benetton.

Sa contribution est telle qu’Izekor est devenu le joueur le plus utilisé de son équipe cette saison, avec 520 minutes de jeu, un record au sein de Benetton. Fort de cette forme exceptionnelle, il cherchera désormais à transférer ses performances sous le maillot vert de son club au maillot bleu de l'Italie, alors que les Azzurri tenteront de confirmer leur élan positif dans le Tournoi des Six Nations 2025.

Fergus Burke (Ecosse)

Dans un univers parallèle, Fergus Burke aurait pu être l'une des révélations de l'Angleterre pour le Tournoi de cette année. Né en Nouvelle-Zélande, le demi d'ouverture avait la possibilité de représenter l'équipe de Steve Borthwick grâce à sa mère anglaise, ou encore l'Écosse, via son grand-père. Finalement, il a opté pour le XV de Gregor Townsend, estimant que leur style correspondait davantage à son jeu. Un choix qui s'explique facilement.

À 25 ans, et bien qu’il soit une recrue récente des Saracens, Burke s’est rapidement imposé comme titulaire indiscutable dans le nord de Londres. Avec 640 minutes de jeu en Gallagher Premiership cette saison au poste de numéro 10, il est l’un des joueurs les plus utilisés à son poste, derrière seulement Finn Russell. Sa régularité et son influence sur le jeu en font un acteur clé pour son club et un atout de poids pour l’Écosse.

Ce qui distingue Fergus Burke des autres demi d'ouverture en Gallagher Premiership, c'est son instinct pour la ligne d'essai. Avec cinq essais inscrits cette saison, il est largement en tête parmi les ouvreurs, aucun autre joueur n’ayant marqué plus de deux essais à ce poste. Mais Burke ne se limite pas à marquer : ses statistiques offensives sont parmi les meilleures du championnat. Il figure dans le top 3 des ouvreurs pour les courses avec ballon, les mètres gagnés et les défenseurs battus, prouvant qu'il est une menace constante en attaque.

  • Défensivement, Burke se distingue également, dans un domaine souvent négligé pour les demi d’ouverture. Il est l'un des trois ouvreurs ayant réalisé le plus de plaquages cette saison, surpassant Finn Russell avec 58 plaquages, tout en en ratant nettement moins (12 contre 22). Si l'Écosse dispose déjà d’une attaque explosive, Burke apporte un équilibre précieux grâce à sa solidité défensive. Avec Tom Jordan également en lice pour le poste de numéro 10, Burke semble toutefois posséder le profil idéal pour s'intégrer à cette équipe écossaise, comme en témoignent ses performances éclatantes en Premiership cette saison :

  • Temps de jeu en 10 : 640 (2e)

  • Essais : 5 (1er)

  • Courses avec ballon : 47 (3e)

  • Mètres parcourus : 217 (3e)

  • Franchissements : 3 (3e)

  • Défenseurs battus : 16 (3e)

  • Plaquages : 67 (3e)

Tom Rogers (Pays de Galles)

La seconde période de Warren Gatland à la tête du Pays de Galles est marquée par une profonde transition, avec 17 des 34 joueurs de l'équipe ayant moins de 10 sélections. Parmi eux, Tom Rogers, ailier des Scarlets, récemment âgé de 26 ans, ne compte que cinq apparitions avec l'équipe senior.

En URC cette saison, il s'est distingué par sa capacité à battre les défenseurs, avec 28 défenseurs battus, un chiffre dépassé par seulement cinq joueurs dans le championnat. Ce total est d'autant plus remarquable qu'il effectue moins de courses ballon en main que les joueurs devant lui et n'a affronté que 59 tentatives de plaquage, affichant un impressionnant taux d'évitement de 47,5 %. Un atout offensif de poids pour une équipe en pleine reconstruction.

Le taux d’évitement des plaquages de Tom Rogers est tout simplement exceptionnel : à 47,5 %, il est le meilleur parmi les 65 joueurs ayant du faire face à au moins 50 tentatives de plaquage en URC lors de la saison 2024/25. Si Rogers a l’occasion de porter le célèbre maillot rouge du Pays de Galles lors du Tournoi cette année, il sera certainement un joueur à surveiller… enfin, si vous parvenez à le suivre.

  • TOM ROGERS (Scarlets), Plaquages réalisés (PR) : 59, Plaquages évités (PE) : 59 47.5%

  • Duhan van der Merwe (Edinburgh Rugby), PR : 70, PE : 47.1%.

  • Rhyno Smith (Benetton Rugby), PR : 53, PE : 45.3%.

  • Tom Farrell (Munster Rugby), PR : 98, PE : 43.9%.

  • Darcy Graham (Edinburgh Rugby), PR : 79, PE : 41.8%