Ils sont jeunes, (20 ans pour Noah Néné et 24 ans pour Gaël Dréan), ils ne jouent pas au même niveau (Top 14 pour Dréan et Pro D2 pour Néné), ils ne comptent aucune sélection internationale et pourtant, tout le monde n’a d’yeux que pour ces deux nouvelles pépites du rugby français. Mais pourquoi tant d’attention envers ces trois-quarts ?
11 essais en 11 titularisations pour Gaël Dréan
Sur la rade de Toulon, l’ailier Gaël Dréan régale depuis le début de la saison. Il a disputé onze matchs (dont 9 de Top 14), à chaque fois comme titulaire, et totalise déjà autant d’essais, dont trois doublés (contre La Rochelle, Pau et le Racing 92) et un triplé (contre Bayonne) ; avec 10 réalisations, il est actuellement le co-meilleur marqueur d’essais du Top 14. Et tout ça, après seulement deux ans de contrat Espoir, c’est sa première saison pro.
Né à Lorient, qui n’est pourtant pas une terre de rugby mais plus de football (son père a joué en troisième division), il découvre le ballon ovale à 7-8 ans avec ses deux frères. « On avait du gaz et on a fait une activité avec l’école où ils nous ont fait faire du rugby avec le club du coin. On s’est dit que c’était pour nous », a-t-il raconté à Sud Radio.
Touché par le virus du ballon ovale dans le Morbihan, il poursuit chez le voisin finistérien de Plouzané en Fédérale 3 (18 essais en 17 matchs) où il est vite repéré pour rejoindre Rennes en Fédérale 1 (14 essais en 23 matchs). L’ascension est fulgurante pour ce serial marqueur qui ne tarde pas à signer à Toulon en 2022, alors que le RC Vannes l’a presque déjà ferré. Dès sa première saison, Gaël Dréan compte dix feuilles de match dont neuf comme titulaire (mais seulement deux essais dont un lors de sa première titularisation). La saison suivante, il en est à 20 matchs. Pas mal pour ce talent qui est passé complètement au travers des filières de formation.
« C’est aussi le fait d’être en Bretagne où il n’y a pas forcément accès à des clubs proches de chez soi, sauf Vannes, où le rugby est un peu moins développé. Si on rate le coche à 14, 15, 16 ans de basculer, on peut toujours le faire après par le parcours amateur », dit-il.
Aussi à l’aise sur l’aile droite que sur l’aile gauche (où il est en concurrence avec Gabin Villière), ce frêle gabarit quand il était plus jeune (il mesure 184 cm pour 84 kg aujourd’hui) s’est vite fait remarquer pour ses crochets et ses accélérations pouvant atteindre jusqu’à 36,8 km/h au GPS en match (données 2022). Son entraîneur à Toulon Pierre Mignoni le surnomme « la fusée ». Doué dans le jeu aérien et faisant preuve d’une bonne lecture du jeu, il est aussi bon en défense (71% de réussite cette saison). Son préparateur physique assure qu’il « a beaucoup de force dans le bas du corps ».
Noah Néné, grand fan de Sonny Bill Williams
La trajectoire du jeune gaucher Noah Néné est tout aussi rapide, même si plus classique dans le paysage rugbystique français. Car si personne ne voyait venir Dréan, beaucoup ont très vite compris le potentiel de Néné, lui qui a débuté au Stade Français (Top 14) en 2023 avant d’être prêté à l’US Dax en Pro D2 la saison suivante pour gagner du temps de jeu. La meilleure décision qu’il ait prise.
Ayant pratiqué le judo à Cachan, dans la banlieue parisienne, c’est pourtant le foot qui le révèle et lui fait toucher du doigt une possible intégration de l’Institut national du football à Clairefontaine. En parallèle, il prend à 16 ans une licence au Stade français et s’essaie au rugby, devient Crabos et signe pour entrer dans le centre de formation. Remarqué par les sélections U18 grâce à ses prestations solides, une blessure à l’épaule, survenue lors de sa première saison avec les Espoirs, met un premier coup d’arrêt à une trajectoire qui s’annonce pourtant fulgurante. « Un coup de massue », reconnaîtra-t-il plus tard. Le jeune trois-quarts centre apprend la patience et commence à se reconstruire.
Et après seulement deux matchs de Top 14 et un de Champions Cup avec le Stade Français, il accepte de descendre d’un échelon et rejoint les Landes. « Le prêt était une évidence », a-t-il confirmé au Midi Olympique. L’entente entre les deux coachs – Laurent Labit à Paris et Jeff Dubois à Dax – facilite le transfert. Arrivé à Dax pour faire souffler le titulaire, le Fidjien Jale Vatubua (33 ans), celui-ci le prend sous son aile et le fait grandir (12 matchs, 7 titularisations, 3 essais).
« Dans le jeu sans ballon, il est comme un jeune homme de 20 ans… Il est un peu fainéant sur certaines phases. Par contre, avec le ballon, il est hors norme », dit de lui Jeff Dubois qui lui reconnait un potentiel énorme. Néné ne le contredit pas. « J’aimerais être un peu plus dur sur l’homme. Je voudrais, aussi, être plus propre sur les offloads et améliorer ma vision du jeu devant la défense. » Doté d’un solide gabarit (192 cm pour 103 kg), il présente un profil athlétique rare dans le paysage actuel des centres, pouvant lui aussi atteindre les 36 km /h.
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Grand, puissant et inspiré par des légendes comme Sonny Bill Williams, Rieko Ioane et Ma’a Nonu, Noah Néné, qui compte une sélection avec les U20 Lors du Tournoi des Six Nations 2024, ne cache pas ses ambitions : gagner le titre avec Dax avant de revenir à Paris et de s’y installer (il est en contrat jusqu’en 2027). C’est bien parti, lui qui est le premier joueur de l’US Dax appelé avec le XV de France depuis… 2009.