Actualités

Le « supplément d’âme » de Paul Boudehent

Boudehent
Le troisième-ligne de l’équipe de France s’est rapidement imposé dans l’effectif jusqu’à devenir un incontournable.

Paul Boudehent aura été encore une fois exemplaire lors de cette rencontre face aux All Blacks le 16 novembre 2024. Il aurait pu même tenir facile 80 minutes et cette fin de match haletante tant il semblait encore frais en zone mixte dans les sous-sols du Stade de France à l’issue de la rencontre.

Sorti à la 70e minute après un choc à la tête, le puissant troisième-ligne était remplacé par… le talonneur Peato Mauvaka à son poste. Lui-même donnait des nouvelles rassurantes sur son état de santé : « le docteur a cru voir quelque chose, mais il n’y avait rien ».

A 24 ans (il aura 25 ans le 21 novembre pour le match contre l’Argentine) et 13 sélections, on jurerait que le joueur au visage carré (192 cm pour 107 kg) a servi de modèle aux créateurs du personnages de Bob Parr, le M. Indestructible du dessin-animé de Disney. Encore une fois, il a été impeccable au Stade de France dans sa prestation couronnée par un essai (43e), son troisième des Autumn Nations Series, après son doublé contre le Japon la semaine précédente.

L’avenir de la troisième-ligne

Avec 8 courses avec ballon pour 43 mètres parcourus et 14 plaquages réussis (quatre de moins qu’Alexandre Roumat) dont trois dominants, celui que ses partenaires surnomment affectueusement « poney » (pour sa puissance ; « cheval » étant déjà été attribué à Damian Penaud) a encore pesé dans la victoire collective.

Physiquement, il a été le seul de la troisième ligne française à rivaliser pleinement avec l'impact des All Blacks. Défensivement, il a souvent réussi à ralentir leurs offensives éclairs en les bloquant ou en maintenant les porteurs de balle debout. Il a été omniprésent dans les rucks et les contacts, assurant la continuité du jeu avec puissance (29e, 38e).

En attaque, il a régulièrement mis les Bleus dans l’avancée, avec ou sans ballon, notamment en initiant l'action de l’essai de Buros. Son essai sur maul en début de seconde mi-temps (44e) a été le point d’orgue d’une prestation solide. Seul bémol : une pénalité concédée pour un ballon gardé au sol (59e).

« Il a franchi un palier. Il a commencé avec nous en équipe de France depuis maintenant deux ans et là, avec La Rochelle et avec nous, il a passé une dimension magnifique », saluait le sélectionneur Fabien Galthié.

Pas d’affolement, pas de stress

D’un naturel calme et volontiers déconneur, Boudehent a rayonné de plaisir, surtout lorsque le match a été scellé avec un point d’avance en faveur des Français (30-29), au terme de dix dernières minutes littéralement étouffantes.

« Le challenge était énorme pour nous, la motivation était toute trouvée. J'avais à cœur qu'on réussisse là où les autres nations, que ce soit l'Irlande ou l'Angleterre, avaient échoué », évoquait-il en zone mixte.

« On a un caractère et en fait en tant que Français, moi j'en suis persuadé, on a un supplément d'âme quand on est sur le terrain, on est capable de se dépasser. Même si on est menés, on se dit ‘les gars, on en est capable. Il est hors de question qu'on baisse les bras’.

« Il n'y a pas eu d'affolement, il n'y a pas eu de stress. On savait de toute façon qu'ils allaient nous mettre en difficulté, que tout n'allait pas forcément super bien se passer. »

Déjà brillant avec les U20

Formé à Angers avant de rejoindre La Rochelle en 2017 en suivant son papa, Paul a gravi les échelons rapidement. Après des débuts en équipe première en 2018 contre Bristol, il se fait remarquer avec les U20 français lors du Tournoi des 6 Nations 2019.

En 2020, il s'impose dans l'effectif rochelais malgré la rude concurrence en troisième ligne, disputant 12 matchs, dont 9 comme titulaire. Freiné par une blessure en finale de la Champions Cup à Twickenham, il rebondit la saison suivante. En 2022/2023, libéré de ses pépins physiques, il s'impose comme un cadre, notamment lors de la finale victorieuse à Dublin.

Sa montée en puissance lui vaut une convocation avec les Bleus et une place dans les 33 pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 en France. Il gagne sa première sélection en match de préparation contre l’Ecosse avant d’enchaîner les suivantes jusqu’à disputer tous les matchs du Tournoi des Six Nations 2024, son premier. Une place d’incontournable qu’il devrait conserver encore longtemps.