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L'ÉCOSSE MEILLEUR EXUTOIRE DE LA FRANCE POUR SE RELEVER

LUCU SAD AFTER FRANCE IRELAND 2024
Dans un pays qui a du mal à tourner la page du passé, l’histoire du Six Nations pourrait être un vecteur de motivation pour les Français qui vont chercher à sauver leur Tournoi 2024.

Pour la dramaturgie, cette défaite de l’équipe de France en ouverture du Tournoi 2024 face à l’Irlande 17-38 à Marseille ne fait que rajouter du piquant au destin du XV de France, comme une série Netflix pourrait en créer.  

Un véritable coup de massue pour Fabien Galthié et les siens qui s’étaient déjà quittés avec la tête dans le seau suite à la défaite en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby 2023 face à l’Afrique du Sud. Une défaite largement commentée, constamment resassée et finalement pas encore digérée. 

Parce que les Français ont toujours eu du mal à tourner la page. « Ce qui m'a un peu gêné, c’est qu’on avait du mal à se projeter sur ce match-là », explique l’ancien trois-quarts centre Mathieu Bastareaud dans le BastaShow. « T'as une équipe qui arrive qui est l'Irlande, qui est ultra favorite. Les mecs ont préparé ce match pendant deux, trois semaines et pendant deux, trois semaines, j'avais l'impression qu'on parlait encore tout le temps du quart de finale.

« Je prends un exemple qui est lointain, mais qui a fait mal à la France pendant longtemps, c'est la finale de la Coupe du Monde 2011. Pendant peut être dix ans, on en a reparlé, avec l'arbitrage de Joubert. Là, quand ils préparaient le quart de finale contre l’Afrique du Sud en 2023, ils repassaient des documentaires sur l’essai, ou le non-essai, de Benazzi à la Coupe du Monde 1995. On a tendance à ressasser les choses et je pense que ça, ça nous dessert pas mal. »

Les effets pervers du renouveau

Cette deuxième défaite de rang, contre l’Irlande deuxième nation mondiale, a achevé de semer le doute dans les esprits. Les leviers qui ont fait le succès de la France ces quatre dernières années n’ont pas fonctionné, les automatismes (en touche notamment) ont disparu, les secteurs clés (conquête, mêlée) n’ont pas donné les résultats espérés. 

Face à une équipe qui a misé sur le renouveau pour se relancer, avec un nouveau staff et de nouveaux joueurs (la France), l’Irlande avait misé sur sa stabilité.

« Sur la mise en place de notre stratégie, on n’a pas réussi à faire ce qu’on souhaitait faire. Et ça, effectivement, c’est quelque chose qui nous a un peu perturbé », a concédé William Servat, entraîneur adjoint en charge de la mêlée, un des rescapés du staff d’avant. 

Là encore, la défaite a été largement commentée. Mais désormais, où les Français vont-ils trouver les ressorts pour rebondir ? 

Une bête blessée, revancharde, la bave aux lèvres

La bête blessée d’avant le match d’ouverture du Tournoi l’est encore plus aujourd’hui. « Ça va être un gros match », anticipe déjà l’ancien troisième ligne écossais John Beattie qui supportera son équipe de toujours qui a remporté sa première victoire en 22 ans à Cardiff face au Pays de Galles lors du premier tour.

« Une équipe française qui est piquée, ça fait peur quand même. J'ai bien peur qu'à 15 joueurs, ça va être un autre match ce weekend, à Murrayfield.

« Là, il y a une bête blessée qui arrive. Donc c'est ça la question qui fâche : est-ce qu'on peut enchaîner encore contre des grosses équipes sur le circuit qui, entre guillemets, avaient du mal le weekend dernier ? Mais on le sait, elle va être revancharde, elle bave et va être très dure à battre. Ça va être un gros match. »

Gregor Townsend, le sélectionneur de l’Ecosse, n’est pas loin de penser la même chose. « La France aura à cœur de gagner après les deux défaites qu’elle a subies, l’une en Coupe du monde et l’autre contre l’Irlande », dit-il.

« Mais nous avons aussi l’occasion de jouer devant nos supporters et de nous assurer de réaliser le même match que celui que nous avons fait pendant 42 minutes (contre le Pays de Galles, ndlr), et les dernières minutes. Il ne faut pas les oublier non plus ! »

« Je ne suis pas inquiet pour les mecs ; c’est un groupe qui a du caractère, qui a de l’ambition et je suis sûr qu’ils relèveront la tête dès le prochain match en Ecosse », confiait quelques jours après la défaite le capitaine emblématique Antoine Dupont, tentant de transmettre ses bonnes ondes à distance.

Une seule fois la France a fini avec la cuillère de bois

Le passé ne lui donne pas tort… Depuis que le Tournoi est passé à six nations (2000), soit sur les 24 précédentes éditions, la France a chuté dès le premier tour dans sept d’entre elles et n’a fini avec la cuillère de bois qu’une seule fois, en 2013. 

Les Français entraînés alors par Philippe Saint-André avaient perdu leur premier match en Italie (23-18), puis le deuxième face au Pays de Galles (6-16), puis le troisième face à l’Angleterre (23-13), puis avait réussi à décrocher un petit nul en Irlande (13-13) avant de se relever face à l’Ecosse, déjà (23-16).

Les six autres fois, la France a terminé 3e ou 4e, sauf en 2006 où elle a réussi l’exploit de terminer première malgré sa défaite inaugurale. Est-ce ce souvenir qui pourra être convoqué samedi à Murrayfield ?

En fait, l’Ecosse a souvent fait les frais de la furia bleue. En 2003, les joueurs de Bernard Laporte perdent leur premier match du Tournoi (25-17 contre l’Angleterre) et se rattrapent sur le deuxième (38-3 face à l’Ecosse). L’histoire se répètera en 2017.

Même chose en 2009 après une défaite d’entrée 30-21 à Dublin suivie d’une victoire 22-13 contre l’Ecosse. Le même phénomène s’est reproduit en 2023 entre la deuxième et la troisième journée.

En 2000, 2007 et 2019, le match perdu contre l’Angleterre sera vengé par une victoire le tour suivant contre l’Ecosse. En 2014, c’est le match perdu contre le Pays de Galles qui sert de moteur à la victoire sur l’Ecosse le week-end suivant. 2016 et 2018 font figure d’exception ; la France n’arrive pas à rebondir.

Il semble que le XV du Chardon soit le candidat idéal pour exorciser les doutes des Français. Que nous réserve le 104e match entre les deux équipes. Réponse en ouverture de la deuxième journée samedi 10 février à 15h15, heure d’Edimbourg.