La dernière fois que Matthieu Jalibert (26 ans, 34 sélections) a joué contre l'Angleterre, c'était... en 2021 ! En plein Covid dans un Twickenham vide, les Français s'étaient inclinés 23-20 et l'ouvreur avait passé deux pénalités et deux transformations (essais de Antoine Dupont et Damian Penaud). Samedi 8 février, il retrouvera le temple du rugby anglais avec les deux mêmes playmakers. Une demi-surprise depuis la suspension de Romain Ntamack, ouvreur titulaire contre le Pays de Galles la semaine précédente.
Considéré comme déclassé lors des Autumn Nations Series 2024, Jalibert avait préféré rentrer chez lui plutôt que de jouer la roue de secours au cas où. Les observateurs y avaient vu matière à discussion et un avenir compromis au sein du XV de France. Pourtant, lors de l'annonce de l'équipe contre l'Angleterre, le sélectionneur Fabien Galthié a présenté les choses de manière bien différente.
« Ce choix de titulariser Matthieu Jalibert en numéro 10 pour ce match contre l’Angleterre s’inscrit dans une réflexion globale », explique Fabien Galthié. « Lorsque nous composons l’équipe de France, nous travaillons quotidiennement sur plusieurs paramètres : l’état de forme des joueurs, les complémentarités, leurs compétences par rapport à l’adversaire et le contexte du match.
« Dès que nous avons constaté le carton rouge de Romain Ntamack, nous avons immédiatement commencé à réfléchir avec le staff. Et dès le soir même, l’option de Matthieu Jalibert en 10 s’est imposée comme une évidence, en totale cohérence avec le travail que nous avions mené en amont, notre méthode de sélection et notre approche dans l’accompagnement des joueurs.
« Plusieurs facteurs ont conduit à cette décision, mais elle s’est imposée naturellement. La question de son affectivité et de la pression qui l’entoure est légitime, car il sera très attendu sur ce match capital. »
« Son expérience en équipe de France, avec plus de 30 sélections depuis 2020, témoigne d’un parcours marqué par des périodes de forme variables, des évolutions psychologiques et des compétences qui se développent au fil du temps. Son passage cet automne a été particulièrement intéressant pour nous, car notre travail consiste à accompagner les joueurs dans leur progression, en leur apportant tous les outils nécessaires, qu’ils soient techniques, tactiques ou mentaux », poursuit Galthié en référence à l'épisode automnal géré en lien avec la cellule psychologique, d'ailleurs reconduite sur cette campagne du Six Nations.
« La préparation mentale joue un rôle clé, et je tiens à souligner l’importance de nos préparateurs qui aident les joueurs à gérer la pression inhérente au très haut niveau. Ils sont attendus chaque semaine en club, et encore plus lorsqu’ils revêtent le maillot bleu, avec une exposition différente. Tous traversent des hauts et des bas, des moments d’euphorie comme des périodes plus difficiles, des blessures physiques et psychologiques.
« Notre rôle n’est pas d’entrer dans un rapport de force avec eux, mais de leur tendre la main, de les accompagner vers leur objectif ultime : jouer pour l’équipe de France et exceller. L’exemple de Mathieu Jalibert illustre ce parcours exigeant, mais il en va de même pour tous les joueurs », insiste le sélectionneur.
Jalibert n'avait plus débuté un match avec les Bleus depuis le Tournoi 2024, en février contre l'Italie, où une blessure au genou l'avait contraint à sortir.