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Six Nations : les enjeux à suivre en 2025

Six Nations fans at Principality Stadium
Le Tournoi des Six Nations regorge d'enjeux qui se dessinent naturellement, mais en voici quelques-uns à surveiller avant le vendredi 31 janvier.
Des champions en quête d’un triplé avec un nouvel entraîneur

Avec Andy Farrell occupé à diriger les British and Irish Lions, Simon Easterby prend temporairement les rênes de l’équipe d’Irlande pour le Tournoi. Figure clé du staff irlandais depuis 2014, Easterby apporte une précieuse expérience et une parfaite connaissance de l’effectif. Son rôle est d’assurer la continuité alors que l’Irlande vise un troisième titre consécutif, un exploit historique.

Ancien troisième-ligne aile aux 65 sélections avec l’Irlande, Easterby était réputé pour sa combativité et son leadership. Après avoir terminé sa carrière de joueur aux Scarlets, il en a pris la tête en tant qu’entraîneur principal de 2012 à 2014 avant de rejoindre le staff irlandais. Responsable des avants, puis de la défense à partir de 2021, il a contribué à faire de l’Irlande une référence mondiale, notamment grâce à une défense solide. Ce riche parcours fait de lui un atout majeur pour ce défi.

Ceux qui ont évolué sous les ordres de Simon Easterby louent sa capacité à forger un collectif uni et motivé. Sa connaissance approfondie des joueurs et du staff en place garantit une transition fluide. En s’appuyant sur un noyau de vétérans déjà couronnés dans le Tournoi tout en intégrant des espoirs prometteurs, comme le pilier Jack Boyle, Easterby montre une approche réfléchie et équilibrée dans ses choix.

Remplacer Andy Farrell est une tâche difficile, mais le leadership d’Easterby sera déterminant pour relever les défis à venir. Son sens tactique, combiné à sa capacité à galvaniser ses troupes, fait de l’Irlande un prétendant sérieux à un nouveau titre. Le premier choc face à l’Angleterre sera un test majeur et pourrait définir le ton de cette première campagne du Tournoi sous la houlette d’Easterby.

Le dilemme du demi d'ouverture français

Parmi les 42 joueurs que le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié a retenu pour préparer le Tournoi 2025, trois ouvreurs méritent leur place de n°1. Et c’est bien là le problème de riche que le coach va devoir trancher tout en faisant attention à conserver la motivation intacte auprès des trois prétendants.

Jusqu’alors, Romain Ntamack (37 sélections) partageait son rôle avec Matthieu Jalibert (34 sélections) avant que Thomas Ramos (39 sélections) ne s’invite dans le trio. Ces trois-là ont fait leurs débuts internationaux quasiment au même moment : pendant le Tournoi des Six Nations 2019 pour Ntamack et Ramos, un an avant pour Jalibert (1 sélection sur le Tournoi 2018), aucune en 2019 et retour en 2020.

Matthieu Jalibert a toujours été demi d’ouverture, sauf quatre fois où il a joué arrière. Excepté au moins à trois reprises au centre (dont lors de sa toute première sélection en 2019, justement contre le Pays de Galles), Romain Ntamack a toujours joué à l’ouverture (81% de ses sélections en club ou avec l’équipe de France), tandis que Thomas Ramos (39 sélections) a plus souvent occupé le poste d’arrière (77%), celui qu’il préfère, jusqu’au jour où Fabien Galthié a décidé de le placer à l’ouverture (23% des matchs de sa carrière).

C’était il y a quasiment un an contre le Pays de Galles alors que Ntamack était forfait et Jalibert blessé pour les deux dernières rencontres du Tournoi 2024. Ce changement a renforcé la position de Ramos comme un sérieux concurrent pour le poste de titulaire en 2025, mais il reste à savoir si Galthié le maintiendra à l’ouverture ou s’il privilégiera à nouveau l’expérience de Ntamack.

Le grand dilemme du sélectionneur réside dans le retour de Ntamack, qui n’a plus joué avec le XV de France depuis août 2023, mais qui pourrait bien récupérer sa place de titulaire, compte tenu de son excellent palmarès et de son potentiel. Entre un Ramos solide, un Ntamack de retour, et un Jalibert revigoré après sa bonne saison avec l'UBB, l’entraîneur devra trancher et déterminer qui sera son numéro 10 de prédilection pour un Tournoi où la concurrence sera féroce.

Cependant, un coup dur pourrait redessiner la hiérarchie avec le forfait de l’arrière Romain Buros qui pourrait inciter le staff à plus solliciter Ramos à ce poste, laissant la place à Jalibert. Un autre casse-tête.

Le meilleur 10 pour le Pays de Galles ?

Alors que la France peut compter sur trois demi d'ouverture de haut niveau, Warren Gatland semble avoir fait un choix audacieux pour le Pays de Galles en misant sur un seul homme : Dan Edwards. À seulement 20 ans et sans aucune sélection internationale, le jeune prodige est propulsé sous les projecteurs. Ce choix audacieux a de quoi surprendre dans un pays où le rôle de numéro 10 est souvent scruté avec une attention passionnée.

Considéré comme un talent brut, Edwards a récemment marqué tous les points des Ospreys lors d'un match nul contre Cardiff, prouvant qu'il sait gérer la pression sur le terrain. Toutefois, son absence d'expérience au niveau international rend cette décision risquée, bien qu'elle illustre la volonté de Gatland de construire une équipe tournée vers l'avenir après une année 2024 difficile. Avec le Tournoi des Six Nations à l'horizon, ce pari témoigne de la confiance du sélectionneur dans la maturité et le potentiel de son jeune ouvreur.

Si Ben Thomas, de Cardiff, figure également dans le groupe, il a majoritairement évolué comme trois-quarts centre, n'apportant qu'une expérience limitée au poste d'ouvreur. Edwards est donc l'unique spécialiste du numéro 10 retenu. Cette configuration, où la polyvalence de Thomas joue le rôle de filet de sécurité, met en lumière la foi de Gatland en Edwards. Il s'agit d'un pari stratégique qui reflète une confiance totale dans la capacité de ce jeune joueur à s'imposer sur l'une des scènes les plus exigeantes du rugby mondial.

Le poste de demi d'ouverture a toujours été au cœur des discussions au Pays de Galles, avec des icônes telles que Barry John, Phil Bennett ou encore Jonathan Davies ayant marqué l’histoire. Cependant, ces dernières années, la profondeur à ce poste a connu des hauts et des bas. En sélectionnant Dan Edwards, Warren Gatland semble parier sur l’émergence d’une nouvelle génération. Ce choix stratégique s’inscrit dans une volonté de rajeunir l’équipe, comme le prouve également la mise à l’écart de Gareth Anscombe, le vétéran de 33 ans encore performant avec Gloucester.

Edwards incarne cet avenir que Gatland souhaite bâtir, mais il devra porter un poids immense sur ses épaules. Le premier test s’annonce particulièrement exigeant, avec une entrée en matière contre la France au Stade de France, le vendredi 31 janvier. Pourtant, Gatland est connu pour son audace et sa capacité à repérer les talents en devenir. S’il a souvent donné leur chance à de jeunes joueurs, Edwards pourrait bien être la prochaine révélation du Tournoi des Six Nations. Sa performance à Paris donnera rapidement le ton pour cette nouvelle ère galloise.

L'objectif de l'Angleterre : retrouver les sommets

Steve Borthwick s'est fixé pour mission d'améliorer le bilan mitigé de l'Angleterre lors du dernier Tournoi, qui s'était soldé par trois victoires en cinq rencontres. Parmi ces succès, la victoire lors du Super Saturday face à l'Irlande reste un moment marquant, offrant une dose d'optimisme avant leur entrée en lice à Dublin pour l'édition 2025.

Depuis leur dernier titre en 2020, l'Angleterre affiche une moyenne décevante de quatrième place dans le classement général. Une performance difficile à accepter au vu de la profondeur de leur effectif et du potentiel indéniable de leurs joueurs. Pour Borthwick et son staff, l'enjeu est clair : capitaliser sur ce vivier de talents pour hisser à nouveau l'Angleterre parmi les prétendants sérieux au titre. Le défi commence dès le premier match, où un succès à l'Aviva Stadium pourrait donner le ton à leur campagne.

L'Angleterre aborde cette nouvelle année avec un nouveau capitaine en la personne de Maro Itoje, qui succède à son coéquipier Jamie George (qui reste vice-capitaine). Deuxième-ligne comme Steve Borthwick, Itoje porte désormais le brassard, un rôle qu’il connaît bien depuis qu’il a mené les U20 anglais au titre mondial en 2014. Ce choix pourrait-il relancer l’Angleterre dans la course au titre ?

Connu pour son charisme, son éthique de travail exemplaire et sa présence imposante, Itoje incarne les qualités de leadership nécessaires pour redonner à l'Angleterre sa compétitivité. Fort de ses 88 sélections et de son expérience lors des tournées des British and Irish Lions, le joueur de 30 ans apporte une autorité naturelle et une expertise précieuse au groupe.

Les récentes campagnes anglaises ont souvent été marquées par des problèmes de discipline et une irrégularité chronique. Itoje, en leader communicatif et proactif, pourrait avoir un impact significatif, tant pour maintenir la concentration dans les moments clés que pour gérer habilement les échanges avec les arbitres. Avec un mélange d'éléments chevronnés et de jeunes talents dans l'équipe, Itoje semble idéalement placé pour mobiliser son groupe et insuffler un nouvel élan à l'Angleterre.

Fergus Burke, le pari néo-zélandais de l’Écosse

Gregor Townsend continue de surprendre avec sa sélection en convoquant Fergus Burke, le demi d’ouverture des Saracens, dans l’équipe écossaise. Né en Nouvelle-Zélande, Burke a fait ses armes chez les Crusaders en Super Rugby avant de choisir de représenter l’Écosse, grâce à ses origines écossaises du côté paternel. Cette décision marque une étape importante pour ce joueur de 24 ans, également éligible pour l’Angleterre.

Avec un mélange d'expérience acquise dans l'hémisphère sud et en Premiership anglaise, Burke offre un éventail de compétences qui pourrait enrichir la ligne arrière écossaise. Townsend mise sur son profil polyvalent et dynamique pour injecter une nouvelle énergie et étoffer les options offensives de l'Écosse.

La sélection de Fergus Burke apporte bien plus qu'une simple profondeur au poste de demi d'ouverture pour l'Écosse, déjà dominé par le talent exceptionnel de Finn Russell. En choisissant de représenter le XV du Chardon, après avoir été courtisé par l'Angleterre et la Nouvelle-Zélande, Burke envoie un signal fort sur l'attractivité croissante du rugby écossais et la capacité de Gregor Townsend à attirer des talents internationaux de premier plan.

Doté d'un jeu au pied précis et d'un sens tactique affûté, Burke offre une alternative crédible à Russell tout en introduisant une dimension différente à l'attaque écossaise. Sa polyvalence, qui lui permet également d'évoluer en tant qu'arrière, constitue un atout précieux pour une équipe évoluant dans un tournoi aussi exigeant que le Six Nations. Si Finn Russell reste le maître à jouer incontesté, l'arrivée de Burke pourrait amorcer une transition stratégique à long terme pour l'Écosse. Il est habitué à assumer la pression, comme lorsqu’il a remplacé Owen Farrell aux Saracens.

Qui pour prendre la relève de Lynagh ?

Avec la blessure au genou de Louis Lynagh, fils de l'ancien international australien Michael Lynagh (72 sélections), l'entraîneur Gonzalo Quesada doit maintenant se pencher sur la question cruciale de qui prendra la relève de l'ailier des Harlequins, auteur des deux essais décisifs lors de la conquête du titre de Premiership en 2021. La concurrence pour occuper cette position est particulièrement intense, avec trois candidats de qualité en lice : Simone Gesi, Matt Gallagher et Jacopo Trulla.

Gesi, qui a honoré sa première cape en 2023 contre l’Écosse à Édimbourg, est un choix sérieux. Il a prouvé son potentiel lors du United Rugby Championship avec Zebre, où ses performances ont attiré l'attention. Le match d'ouverture de l'Italie contre l'Écosse, le samedi 1er février, représente une occasion importante pour Gesi de faire ses preuves en tant que titulaire. Sa connaissance du jeu écossais et l'atmosphère passionnée de Murrayfield pourraient lui offrir un léger avantage, mais la pression sur lui sera grande pour démontrer qu'il peut combler l'absence de Lynagh et s'imposer durablement dans l'équipe nationale.

Matt Gallagher, avec deux sélections à son actif, est également un prétendant de poids pour remplacer Louis Lynagh. Lui aussi un fils de, John Gallagher, ancien All Black champion du monde, il a hérité du rugby dans le sang. Tout comme Lynagh, Gallagher a fait ses armes en Premiership, d'abord avec Bath avant de rejoindre Benetton. Ses solides qualités défensives et sa capacité à lire le jeu en font un atout précieux pour l'Italie, qui cherchera à capitaliser sur sa brillante campagne de l’année précédente. Sa polyvalence et son expérience apportent une option fiable et expérimentée pour l'entraîneur Gonzalo Quesada.

Quant à Jacopo Trulla, c'est le joueur le plus expérimenté du trio avec 12 capes. Sa capacité à jouer aussi bien à l’aile qu’à l’arrière lui confère une polyvalence rare, ce qui pourrait être un avantage stratégique pour l'Italie. Alors que l’équipe se prépare à affronter l’Écosse lors de son premier match, le choix de Quesada pour remplacer Lynagh sera déterminant pour l’efficacité de la ligne arrière et la gestion du jeu en attaque.

Le Tournoi des Six Nations masculin commence avec le choc entre la France et le Pays de Galles, prévu pour le vendredi 31 janvier. Vous pouvez consulter l'ensemble du programme ici.