L'Écosse, fidèle à sa réputation de démarrer à fond ses rencontres ces dernières années, n’a pas dérogé à la règle ce samedi 1er février à Édimbourg. Dès leur premier siège des 22 mètres italiens, les Écossais ont délaissé une pénalité pour tenter le gros lot, une audace payante puisque leur co-capitaine Rory Darge a arraché un essai de justesse. Finn Russell, l'autre leader du XV du Chardon, a transformé sans trembler : 7-0.
Moins de dix minutes plus tard, les hommes de Gregor Townsend ont doublé la mise grâce à une action d'école de leur ligne de trois-quarts. Blair Kinghorn, en maestro, a fixé la défense avant de lancer Duhan van der Merwe sur l’aile gauche. Plutôt que de conclure en solo, l’ailier a intelligemment remis intérieur pour Huw Jones, qui n’avait plus qu’à aplatir. Russell, encore impeccable, a ajouté les deux points : 14-0.
À la 20e minute, l’Italie débloquait enfin son compteur grâce à Tommaso Allan – un ancien international écossais chez les moins de 20 ans, ironie du sort – qui passait une pénalité après une position de hors-jeu de Jonny Gray. L’ouvreur perpignanais ne tardait pas à remettre ça, ajustant une frappe lointaine entre les perches après une faute de Russell dans un ruck : 14-6.
Si les arrières écossais brillaient, leurs avants ne comptaient pas rester en retrait. Dans les 22 mètres italiens, Dave Cherry surgissait d’un groupé pénétrant et, juste avant d’être plaqué, réalisait un offload somptueux pour son demi de mêlée Ben White, qui filait petit côté inscrire le troisième essai du XV du Chardon.
À la demi-heure de jeu, l’Écosse menait 19-6, un écart presque flatteur pour les Azzurri tant la domination écossaise était nette. Mais en rugby, les opportunités doivent être saisies, et Allan ne se faisait pas prier pour ajouter trois points de plus avant la pause, ramenant l’Italie à dix longueurs sur la pelouse de Murrayfield (19-9).
Malgré une bonne possession en début de seconde période, l'Ecosse restait sous la menace, et Tommaso Allan – ou plutôt sa botte – venait leur rappeler la fragilité de leur avance en ajoutant trois nouveaux points sur pénalité.
Ce coup de semonce annonçait un véritable choc pour les Écossais. Juan Ignacio Brex, déjà brillant en première période, interceptait sans effort une passe hasardeuse de Finn Russell destinée à Huw Jones. Après une course de 50 mètres en solitaire, il aplatissait sous les poteaux, laissant Allan transformer sans difficulté. L’Écosse venait de dilapider une avance qui semblait confortable quelques minutes plus tôt.
Le match sombrait alors dans une impasse. En quête d’un second souffle, Gregor Townsend opérait une triple rotation à l’heure de jeu : George Horne prenait la mêlée, tandis que Tom Jordan et Gregor Brown entraient en jeu pour remplacer Stafford McDowall, Ben White et Jonny Gray.
Mais au final, ce sont les cadres qui ont débloqué la situation. Lorsque Darcy Graham récupérait le ballon sur son aile droite, il semblait cerné. Pourtant, en quelques appuis magiques, il transperçait trois défenseurs avant d’accélérer et de servir Huw Jones sur un plateau. L’Écossais n’avait plus qu’à conclure sous l’ovation de Murrayfield. Une action d’école, un éclair de génie. Russell transformait sans trembler, offrant un peu d’air à son équipe : 26-19.
L’Écosse, désormais en pleine confiance, enfonçait le clou quelques instants plus tard. Huw Jones, lancé comme un boulet de canon, prenait le dessus sur Paolo Garbisi à proximité de l’en-but italien et s’offrait un triplé imparable : 31-19.
Mais les Azzurri refusaient d’abdiquer et continuaient d’attaquer sans relâche. À un moment, ils semblaient même en mesure de faire trembler les dernières minutes, mais un en-avant venait anéantir leurs espoirs d’un retour héroïque.
L’Italie espérait bâtir sur l’élan de sa campagne historique en 2024 et réaliser le doublé face aux Écossais, mais cela n’a pas abouti. Malgré tout, elle a largement contribué à une rencontre spectaculaire dans la capitale écossaise, et si ce match est un avant-goût du Tournoi, nous sommes bien partis pour un cru passionnant.
Pour l’Écosse, la suite s’annonce corsée avec la réception de l’Irlande à Édimbourg. De son côté, l’Italie accueillera le Pays de Galles à Rome. À la lumière de ce premier round, les deux équipes peuvent aborder le deuxième acte avec optimisme.