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Rabah Slimani, le retour inattendu du guerrier

Slimani Leinster 2024
La présence du pilier droit dans les 42 de la France pour le Tournoi est la cerise sur un gâteau qui cache quelques failles.

Honnêtement, c’est celui qu’on n’attendait le moins et pourtant, il était la seule solution. Le pilier droit Rabah Slimani (36 ans, 57 sélections) a été inclus dans la liste des 42 Joueurs français chargés de préparer le Tournoi des Six Nations 2025 et décrocher un deuxième titre sous l’ère Galthié depuis 2022.

On ne l’attendait pas car, clairement, c’est aussi le message que ce roublard de la première ligne voulait faire passer à la fin du printemps dernier lorsqu’il avait annoncé la fin de sa carrière à l’ASM Clermont Auvergne après seize saisons passées dans le Top 14 dans deux clubs, le Stade Français (2009-2017) et Clermont (2017-2024). Son ambition à ce moment-là était d’entraîner. Ne plus jouer, mais entraîner. Et puis il y a eu l’appel du Leinster et de son manager Leo Cullen qui l’a remis en selle, faisant de lui le seul Français engagé dans le United Rugby Championship (URC).

Il voulait arrêter de jouer pour entraîner et le Leinster l’a relancé

« J’avais un contrat d’entraineur qui courait avec Clermont pour la saison prochaine, que j’avais signé à l’époque avec Jono Gibbes (alors entraîneur de Clermont jusqu’au 16 janvier 2023, ndlr). J’avais déjà préparé ma reconversion et le Leinster a montré son intérêt », racontait-il au début de l’été à RugbyPass.

Il était alors prévu qu’à Clermont Slimani pouvait remplacer Davit Zirakashvili, ancien pilier du club reconverti consultant à la mêlée, qui devait justement arrêter avant la fin de la saison 2022-2023. Tout était un peu lancé quand Jono Gibbes a été débarqué et remplacé par Christophe Urios en janvier 2023. Le courant passe parfaitement entre les deux hommes. Urios le remotive à jouer, compte sur lui dans son effectif, lui redonne l’envie de la compétition, repoussant ainsi un peu plus la décision d’arrêter.

Slimani repart donc pour un tour et repousse d’un an sa décision de prendre sa retraite de joueur pour entraîner. Sa dernière saison (2023-2024) est la plus prolifique avec 26 feuilles de match dont 20 comme titulaire. « Mais j’avais une autre optique ; continuer à jouer et apporter mon expérience aux plus jeunes qui montent. C’était surtout ça mon objectif. J’ai attendu une saison entière avant d’avoir quelque chose… », en vain, raconte-t-il.

Alors que tous autour de lui signent de nouveaux contrats, lui est laissé en plan. Sans projet particulier. Slimani cherche à se relancer, son agent fait passer le message et un jour, le joueur reçoit un appel WhatsApp de Leo Cullen. « J’ai paniqué car quand un club comme ça s’intéresse à toi… et qu’en plus ils veulent te parler, tu parles anglais… », rigole-t-il. Ce dont il rêvait avec Clermont lui est offert par le Leinster. Le deal est bouclé, une nouvelle aventure commence pour lui à 34 ans et une semaine après avoir quitté l’Auvergne, Rabah Slimani reprenait l’entraînement à Dublin avec le Leinster.

Le plus expérimenté, le plus âgé

Depuis, le pilier connaît une nouvelle jeunesse avec dix matchs à son actif depuis la reprise le 20 septembre, dont six comme titulaire, que ce soit en URC ou en Champions Cup… et dix victoires !

Sa présence dans le groupe France pour le Tournoi des Six Nations est aussi une renaissance pour celui qui a joué sa dernière sélection avec les Bleus le 20 octobre 2019 lors d’une courte défaite 20-19 en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby au Japon face… au Pays de Galles, le premier adversaire de la France dans le Tournoi 2025 le 31 janvier. Pour la petite histoire, sur 5 rencontres avec les Gallois depuis ses débuts en 2013, Slimani n’a gagné qu’une fois (20-18 dans le Tournoi 2017).

Il est aujourd’hui le deuxième joueur à compter le plus d’expérience dans ce groupe, juste derrière les 63 sélections du pilier Uini Atonio. A 35 ans (1,78 m ; 123 kg), il est également le plus âgé. Avec cinq Tournois à son actif, son expérience est précieuse.

Alors qu’il ne correspondait plus aux plans du nouveau staff mené par Fabien Galthié à partir de 2020, Slimani revient donc cinq ans après pour renforcer une première-ligne décimée par les blessures et en quête de solidité chez les piliers. A droite, Tévita Tatafu, la relève promise, vient seulement de reprendre l’entraînement collectif avec Bayonne après une blessure à la cheville survenue contre les All Blacks en novembre et Dorian Aldegheri a vécu un début de saison inconstant dans ses performances. A gauche, Cyril Baille (31 ans, 50 sélections) et Jean-Baptiste Gros (25 ans, 32 sélections) sont en phase de reprise. Giorgi Beria (25 ans) ne compte aucune sélection et Dany Priso (31 ans, 18 sélections) est au rendez-vous.

Au poste de pilier droit, Slimani sera en concurrence avec Georges-Henri Colombe (26 ans, 7 sélections) et Uini Atonio (34 ans, 63 sélections) sorti blessé au genou contre le Leinster en Champions Cup, dimanche 12 janvier. Sur le même match, le pilier gauche Reda Wardi est lui aussi sorti, se plaignant des côtes, et devant rester off pendant au moins trois semaines. C’est dans ce contexte que Slimani a été rappelé, finalement logiquement.

« L’équipe de France, c’était fini depuis la Coupe du Monde 2019, je l’avais bien compris », confiait-il pourtant une semaine plus tôt dans les colonnes de Sud-Ouest. Comme si l’annonce de Galthié l’avait également surpris, lui aussi. Car entre-temps, seul pilier droit de référence en pleine forme, il cartonne avec le Leinster et a consolidé son statut de référent dans le secteur de la mêlée.