Entre blessures et envie de construire le futur, Warren Gatland a lancé dans l’arène une équipe inexpérimentée. Pour faire face aux Gallois, le sélectionneur écossais a de son côté fait le choix de l’expérience pour accompagner son magicien et demi d’ouverture Finn Russell. Pendant 44 minutes, les Écossais ont réalisé une expédition punitive à Cardiff (27-00) avant que les Diables Rouges ne connaissent un sursaut d’orgueil totalement fou et que le match ne rentre dans une nouvelle dimension.
Les Gallois humiliés dans le premier acte
L’Écosse nous a offert un véritable chef œuvre, en première mi-temps, avec à la baguette un virtuose nommé Finn Russel. C’est d’ailleurs le numéro 10 de Bath qui ouvrit le score à la sixième minute (0-3). Les Gallois ont peu tenté mais tout raté, des touches et des sauteurs non trouvés, en passant par une maladresse criante ballon en main. Confortablement installés dans le camp du XV du Poireau et après une longue séquence de pick and go, Peter Schoeman planta le premier essai de la rencontre (10’, 0-10).
Une pénalité plus tard (23’), Finn Russell, décidément insatiable, réalisait une feinte de la moustache avant de délivrer la passe à Duhan van der Merwe qui n’eut plus qu’à conclure (30’). Menés 20 – 00 à la pause, on aurait dit que les Gallois avaient vu le diable.
La seconde période ne pouvait pas plus mal commencer pour les hommes de Warren Gatland. Bis Repetita, Finn Russell libéra l’espace pour Duhan van der Merwe, au centre du terrain, qui traversa le rectangle vert façon slalom géant (44’, 0-27).
Le réveil gallois…
Au bord du précipice, il fallut attendre la 48e minute pour voir une réaction galloise. À la suite d’un maul dominant, Botham ouvrit le compteur des hommes en rouge (5-27) et les Écossais se retrouvèrent à quatorze après le carton jaune reçu par George Turner. En supériorité numérique, les coéquipiers du capitaine Dafydd Jenkins appuyèrent sur l’accélérateur et terminèrent de nouveau dans l’en-but (52’)… sans réussir à marquer. Ce ne fut que partie remise avec l’essai inscrit en coin par Rio Dayer (53’, 12-27).
… et le match devint fou
Le terrain était-il en pente ? Acculés dans leur camp et indisciplinés les Écossais furent sanctionnés d’un nouveau carton jaune (61’, Tuipulotu). Les Gallois jouèrent vite la pénalité et Aaron Wainwright plongea dans l’en-but pour faire rugir le Principality Stadium de plaisir (61’, 19-27).
Et puis le match entra dans une nouvelle dimension. La rencontre devint totalement folle. Plus question de jouer au pied, les Gallois se mirent à chercher le chaos. Sur le coup de renvoi, ce même Wainwright transperça la défense adverse. Totalement occis, les Écossais finirent par craquer sous un nouveau maul survolté de ces diables de Diables Rouges (69’, 26-27). Le public ne s’y trompa pas et se mit à entonner des chants à tue-tête faisant exploser les décibels façon feu d’artifice dans le Principality Stadium.
Le souffle court, le cœur des 74 000 gallois et écossais, et même de tous les téléspectateurs se mit à battre la chamade dans les derniers instants du match. Les secondes défilaient lentement. Les Gallois relancèrent depuis leur camp dans un contre la montre endiablé. Ils enchaînèrent les temps de jeu, avançant péniblement.
Dans un ultime effort, Lloyd commit un en-avant et vint sceller le sort de la rencontre. Dans le chaos le plus total et dans un regain d’énergie insoupçonné, les Écossais attaquèrent corps et âme pour tenter d’aller chercher le bonus offensif dans les arrêts de jeu. Duhan van der Merwe franchit la ligne mais ne put aplatir, le cuir frôlant la pelouse. Ben O’Keefe siffla la fin de la rencontre, probablement abasourdi par ce qu’il venait de vivre. 26-27 score final.
À la 44e minute et à 27-0, personne n’aurait pu imaginer le scénario qui allait suivre. Déchaînés, les Diables Rouges ont fait mordre la poussière à des Écossais asphyxiés. Les Gallois ont bien failli réussir l’une des remontada les plus folles de l’histoire du rugby. Mais ce sont bien les hommes de Gregor Townsend qui ont eu le dernier mot.