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Warren Gatland nomme ceux qui l'ont inspiré

Warren Gatland during the 2024 Six Nations
Si un Gallois devait choisir une colline pour y mourir, elle aurait la forme d'un ballon de rugby.

Warren Gatland est à la tête d’une sélection nationale où le rugby occupe une place centrale, suscitant des passions inégalées. Pour le technicien néo-zélandais de 61 ans, cela signifie connaître des sommets – avec des titres dans le Tournoi et des Grands Chelems – mais aussi des périodes difficiles, comme en témoigne la série actuelle de 13 défaites consécutives.

Comment rester serein face à la pression de l’opinion publique ? « C’est la beauté du jeu, tout le monde a son avis », répond Gatland, avec le sourire de quelqu’un qui en a entendu plus qu’à son tour.

Ancien talonneur d’Hamilton, il est une figure majeure du Tournoi des Six Nations depuis son premier sacre avec le pays de Galles en 2008, dès sa première saison en poste (après avoir dirigé l’Irlande de 1998 à 2001). Sans surprise, cette compétition occupe une place toute particulière dans son cœur.

« Le Tournoi des Six Nations inspire les gens par son histoire et la passion qu’il génère, » affirme Gatland. « Ce n’est pas juste un jeu, c’est une opportunité. J’adore ce tournoi. Il est incroyablement difficile à remporter, il faut un brin de réussite, le bon rebond du ballon, des décisions favorables. C’est une chance incroyable d’y participer. »

Il se remémore une réflexion de Martin Johnson, légende du rugby anglais, qui était devenu sélectionneur deux ans après sa retraite de joueur. « Martin disait qu’il n’arrivait pas à croire à quel point le jeu avait évolué depuis son départ, » raconte Gatland.

Pour lui, il ne s’agit pas simplement de suivre les changements du rugby, mais d’anticiper : « Il faut parfois être proactif plutôt que réactif. Il ne faut pas oublier que le rugby est un spectacle destiné aux supporters. Trouver le bon équilibre est essentiel : jouer avec une certaine philosophie, mais aussi savoir s’adapter intelligemment, que ce soit en utilisant davantage le jeu au pied ou en optant pour des stratégies plus conservatrices. Car au final, ce qui compte, ce sont les résultats. »

Le rugby de Waikato a forgé le joueur Warren Gatland, mais ce sont ses mentors qui ont façonné l'entraîneur qu’il est devenu. Il évoque trois figures qui ont profondément influencé sa manière de travailler.

« Mon premier entraîneur à XV, Glenn Ross, qui a ensuite coaché Northampton et Connacht, m’a appris l’importance de la structure, de l’organisation et de la préparation, » explique Gatland, qui lui a d’ailleurs succédé à la tête de Connacht.

Chez les All Blacks, il a été marqué par Alex Wyllie, un technicien dur et intransigeant. « Il nous poussait dans nos derniers retranchements. Peu de gens réalisent à quel point nous nous entraînions intensément lors des tournées. Même la veille des matchs, il ne s’agissait pas d’un simple entraînement du capitaine, mais d’une séance d’une heure et demie ! »

Enfin, Kevin Greene, ancien entraîneur de Waikato et collaborateur des All Blacks, lui a transmis un autre enseignement essentiel : « Il savait gérer les hommes et tirer le meilleur d’eux. Il a créé un environnement très positif pour moi. Ces trois entraîneurs ont eu une influence majeure sur ma carrière. »

Gatland apprécie autant de voir un joueur se transformer en « bête de test-match » que de le voir grandir en tant qu’homme. Il repense à ceux qu’il a aidés à évoluer, comme Sam Warburton, légende galloise et des Lions britanniques et irlandais. Aujourd’hui, il observe un potentiel similaire chez Jac Morgan, Dewi Lake et Dafydd Jenkins : « Nous avons là trois excellents joueurs, promis à un grand avenir, mais aussi trois hommes de grande qualité. »

« Ce qui compte, c’est l’exemple qu’ils donnent en tant qu’hommes. Pour moi, cela signifie qu’il est possible de construire une équipe autour d’eux, qu’ils instaurent des standards et des attentes en matière de leadership. Sam [Warburton] a parfaitement évolué dans ce rôle. Il était un professionnel exemplaire dans sa préparation, son entraînement et son attitude.

« Sam n’était pas un grand orateur, mais il dirigeait par ses actions et a gagné un respect immense. Je pense que nous avons aujourd’hui un groupe de jeunes joueurs capables de suivre le même chemin. »

Le Pays de Galles espère que son XV de départ saura relever le défi à Rome ce week-end et mettre fin à sa spirale négative, qui dure depuis novembre 2023. Une victoire pourrait enfin lui permettre d’envisager l’avenir avec plus de sérénité et de se libérer d’un poids considérable.