Du rugby un vendredi soir en France, il n'y a bien que la Pro D2 qui nous le propose toute l'année, avec des coups d'envoi à 19h, 19h30 ou 21h. Alors, lorsque le Tournoi des Six Nations s'y met, on ne va pas bouder notre plaisir ! Pour le reste du monde, le vendredi soir est un horaire inhabituel. Mais pour les Français, c'est avant tout un synonyme de fête. Car le vendredi soir, à part aller faire les courses pour la semaine en profitant de l'ouverture en nocturne du supermarché, c'est surtout la veille du week-end. Et ça, c'est sacré.
Les matchs du vendredi soir, rares dans le rugby international, se sont imposés comme une particularité du Tournoi, notamment en France. Avec la fin de la semaine de travail, c'est une invitation à se retrouver entre amis ou en famille et à amorcer le week-end de la meilleure des manières. Ce n’est pas qu’un match, c’est une fête.
Commencer le Tournoi 2025 par une affiche France vs. Pays de Galles un vendredi soir, ce n'est finalement pas si inhabituel que ça. Ce sera la 9e fois (depuis 2000) que la France joue un vendredi soir et la 7e contre les Gallois - pas franchement gênés par ce calendrier.
Pour les hommes de Fabien Galthié, ce match représente une opportunité de poursuivre sur la dynamique initiée en novembre, marquée par une campagne parfaite des Autumn Nations Series marquée par une victoire mémorable contre les All Blacks. Pour le Pays de Galles de Warren Gatland, l’enjeu est immense. Affronter la France, l’une des équipes les plus en forme, constitue un défi colossal pour une sélection en quête de rédemption après une année sans victoire. Mais comme le rappelait Albert Einstein : « Au centre de la difficulté se trouve l'opportunité. »
Souvenirs, souvenirs
Que nous reste-t-il des matchs du vendredi soir précédents et de ce qu'ils pourraient signifier pour nous en 2025 ?
Tout a commencé en 2009. À l'époque, le Pays de Galles était le champion en titre après la première campagne de Gatland à la tête de l'équipe, où ils avaient balayé tous les autres avant de remporter le Grand Chelem en 2008.
Avec deux victoires contre l'Angleterre et l'Écosse, le Pays de Galles arrivait au Stade de France en confiance pour la troisième journée, renforcé par l'essai d'ouverture de Lee Byrne en milieu de première période.
Mais Thierry Dusautoir a renversé la dynamique juste avant la mi-temps avec un essai crucial, remettant les équipes à égalité. En seconde période, l’ailier Cédric Heymans a scellé la victoire des Bleus, qui l’ont emporté 21-16.
L’année suivante, la France a récidivé à Cardiff avec une victoire 26-20, couronnée par un Grand Chelem qu’elle n’allait retrouver que plus d'une décennie plus tard. Une interception d'Alexis Palisson et un essai opportuniste de François Trinh-Duc ont permis aux Français de prendre l’ascendant, résistant malgré le superbe essai en solitaire de Shane Williams en fin de match.
Le Pays de Galles, malgré une défaite 26-19 face à l’Angleterre lors d’un vendredi soir en 2011, a pris sa revanche en battant la France à deux reprises, en 2014 et 2016, entre deux revers contre les Anglais. Ces victoires nettes, 27-6 en 2014 grâce aux essais de George North et Sam Warburton, ainsi qu’aux 17 points de Leigh Halfpenny, et 19-10 en 2016 avec North encore à l’honneur et 14 points de Dan Biggar, ont marqué l’histoire des vendredis soir gallois.
George North, qui a récemment pris sa retraite, semble avoir particulièrement aimé les vendredis soirs. En 2017, il a inscrit deux essais lors d’une victoire 22-9 contre l’Irlande, confirmant son affinité pour ces soirées sous les projecteurs. Il a également été un acteur clé du dernier match disputé un vendredi soir, consolidant son statut de figure marquante de ces affrontements.
Lors du Tournoi des Six Nations 2019, la France menait 16-0 à la mi-temps contre le Pays de Galles, grâce à des essais de Louis Picamoles et Yoann Huget. Cependant, le Pays de Galles a effectué la plus grande remontée de l’histoire du Tournoi.
George North a inscrit un doublé, profitant des erreurs de Huget et Sébastien Vahaamahina, après que Tomos Williams ait ouvert le score pour les Gallois. Le deuxième essai de North, une interception spectaculaire, a été décisif, permettant au Pays de Galles de s’imposer 24-19 et de remporter leur quatrième Grand Chelem dans l'ère du Tournoi des Six Nations.
Pourquoi il ne faudra pas manquer ce vendredi soir 2025
Le match d'ouverture de l'édition 2025 s'annonce déjà captivant, notamment en raison des questions entourant l'identité du demi d'ouverture français. Dan Biggar a récemment suggéré que ce match pourrait être un "coup gratuit" pour le Pays de Galles, mais les Bleus, forts de leur domination lors des Autumn Nations Series, auront à cœur de confirmer leur statut devant un public enthousiaste. Les supporters français n'attendent rien de moins qu'une victoire écrasante.
Malgré les récentes difficultés du Pays de Galles, il serait imprudent de les sous-estimer. Le retour de joueurs clés tels que Taulupe Faletau, Liam Williams et un Josh Adams en pleine forme pourrait revitaliser le jeu gallois, et donner une nouvelle dimension à l’équipe de Warren Gatland, dont la gestion des jeunes talents a posé souci l'année dernière. L'ajout de ces figures emblématiques renforce l’espoir au sein du groupe.
L'affrontement entre Antoine Dupont, considéré comme le meilleur joueur du monde, et Tomos Williams, actuellement en grande forme avec Gloucester, est un duel à ne pas manquer. Ce face-à-face entre deux talents exceptionnels est promis à offrir une intensité et une qualité de jeu qui raviront tous les amateurs de rugby.
Un p'tit coup et on y va
En France, l’avant-match est un véritable événement social ; c'est l'apéro. Les supporters n'hésitent pas à se retrouver plusieurs heures à l’avance pour partager un moment convivial autour de charcuterie et de vin, dans une ambiance typiquement française. Les cafés et brasseries s’animent, les télévisions retransmettant les plateaux d’avant-match, tandis que l'on échange sur les choix des équipes et les pronostics.
Pour ceux qui ont la chance d’assister à la rencontre en présentiel au Stade de France, l’expérience est unique. La Marseillaise résonne dans le stade, accompagné du bruit des feux d'artifice et des tambours. À chaque action marquante, la foule s'enflamme, créant une atmosphère électrique. D'autant plus si la FFR remet les moyens dans la scénographie comme elle l'a fait en novembre !
Le Tournoi des Six Nations, bien plus qu’un simple événement sportif, devient une véritable célébration culturelle, et les matchs du vendredi soir en France intensifient encore cet esprit de fête.
