Qu’est-ce qu’on n’avait pas attendu dans les jours précédents ce France vs. Japon du 9 novembre au Stade de France ! Pensez donc, renvoyer dans leurs clubs Anthony Jelonch (28 ans, 29 sélections), Romain Taofifénua (34 ans, 52 sélections) ou encore Uini Atonio (34 ans, 62 sélections). Pire, ne pas rappeler pour une deuxième semaine de préparation Jonathan Danty (29 sélections) ou Cameron Woki (30 sélections) ou bien laisser en tribune Charles Ollivon (31 ans, 44 sélections) et Baptiste Serin (30 ans, 46 sélections). Et encore, on ne parle pas de Nolann Le Garrec, Cyril Baille ou Romain Ntamack blessés !
Entre sentiment de déclassement et dégagisme, les débats ont été nombreux dans la semaine. Et lorsque la liste des 23 contre le Japon est sortie, le staff en a remis une couche en plaçant sur le banc Gaël Fickou (30 ans, 90 sélections) pour la première fois en cinq ans, mais aussi Matthieu Jalibert (26 ans, 33 sélections), Maxime Lucu (31 ans, 23 sélections) ou Julien Marchand (29 ans, 37 sélections).
A la place, plusieurs jeunots ont pu jouer. Tevita Tatafu (22 ans) a connu sa première sélection, Emmanuel Meafou (26 ans), Mickaël Guillard et Théo Attissogbe (19 ans) leur troisième, Emilien Gailleton (21 ans) sa quatrième, Alexandre Roumat (27 ans) et Léo Barré leur cinquième.
En mettant plus d’intensité et plus de jeu, cette nouvelle génération qui ne rêve que de s’imposer a rendu une copie très propre pendant au moins 70 minutes – mais le score était déjà plié dès la 65e.
Mal lancé, Attissogbé a su réagir avec maturité
Un match international plus tard – certes une victoire record 52-12 contre le Japon – et force est de reconnaître que le pari a fonctionné et que la nouvelle génération a répondu présent à l’image de Théo Attissogbé. Appelé en dernière minute et en urgence pour remplacer au pied levé Damian Penaud, malade, sur l’aile, le jeune Palois s’est vite fondu dans le moule.
Auteur de deux essais lors de ses deux premières sélections pendant la tournée en Argentine en juillet, l’ailier faisait pourtant initialement partie des 14 joueurs libérés après l'annonce de la composition le jeudi précédent. Il a finalement été rappelé en raison de l'absence d'un ailier de métier sur le banc français.
Attissogbé a démontré sa vitesse en gagnant de précieux mètres dès son premier ballon (66 mètres parcourus en tout), avant de se montrer efficace dans le jeu au sol avec quelques interventions solides, contribuant ainsi à la récupération du ballon pour son équipe. Avec 66 mètres parcourus, huit ballons portés, deux offloads, quatre défenseurs battus, un franchissement, quatre plaquages cassés et sept plaquages réussis, il a fait le job.
Cependant, son manque d'expérience s'est parfois fait sentir, notamment lorsqu'il a tenté de disputer des ballons aériens déjà sécurisés par ses avants, entraînant par moments des fautes évitables, comme un en-avant qui a privé Dupont d’un essai (49e). Théo est sorti à la 73e, souffrant d'une entorse du genou. Il est incertain pour la rencontre contre la Nouvelle-Zélande.
L’émulation bien ressentie auprès des joueurs
Très à l’aise dans certaines phases de jeu, cette nouvelle génération a démontré tout le potentiel que détient cette équipe de France, ce qui est rassurant pour la suite, d’autant que le staff souhaitait lancer sans attendre une nouvelle génération à trois ans de la Coupe du Monde en Australie en 2027.
Et encore, comme on l’a vu, le staff a désormais le luxe de se passer de cadres d’expérience qui ne demandent qu’à regagner leur maillot, comme le suggère à chaque fois le sélectionneur Fabien Galthié. Celui-ci s’est toujours défendu de ne choisir que les meilleurs et non sélectionner certains pour faire plaisir. Cette évidente émulation n’est pas pour déplaire aux joueurs.
« Il y a une forte émulation, une forte concurrence pour le poste de troisième-ligne mais c’est le cas pour tous les postes et je pense que c’est important », confiait François Cros (30 ans, 33 sélections) au cours de la semaine. « Ça permet à tout le monde de pousser ses limites et d’aller chercher le meilleur pour être le plus performant possible et avoir la chance d’être dans cette équipe. Je ne vois pas ça comme un inconvénient, mais comme un avantage qui me permet de repousser mes limites et d’aller chercher encore plus loin. »
Un avis partagé par le deuxième ou troisième-ligne Mickaël Guillard (24 ans, 3 sélections), entré en seconde période. « Que ce soit les anciens ou les nouveaux, tout le monde se donne à fond pour postuler dans les 23. Tout le monde peut gagner sa place ; ça passe par les entraînements. Anciens ou jeunes, tout le monde a sa chance », dit-il.
« J’ai cette polyvalence qui est aussi ma carte à jouer. Même s’il y a une grosse concurrence, ça me permet de progresser, d’être au contact de grands joueurs. Je suis encore jeune. C’est ma première avec ce groupe. J’apprends. »
Ceux qui étaient alignés ont marqué beaucoup de points et les prochaines compositions d’équipe seront très attendues, notamment pour défier les All Blacks (16 novembre) et l’Argentine (22 novembre), en attendant le Six Nations.