Après une première période cauchemardesque, l'Irlande a fait le job en s'imposant 22-17 contre l'Italie, samedi 15 mars à Rome. Mais pour espérer un troisième sacre consécutif dans le Tournoi des Six Nations, elle doit désormais compter sur des faux pas de l’Angleterre et de la France.
Les Irlandais traînent encore les stigmates de leur lourde défaite à domicile face au XV de France (42-27). Contre l’Italie, ils ont longtemps peiné, multipliant les mauvais choix, les ballons perdus et les en-avants, malgré le soutien massif d’une marée verte venue rêver d’un deuxième Grand Chelem en trois ans.
Plus tranchante, l’Italie a pris les devants avec un essai de Monty Ioane (12e, 7-0), suivi d’une pénalité de Tommaso Allan (32e, 10-7), répondant à un essai d’Hugo Keenan (23e). Il a fallu attendre la fin du premier acte et l’exclusion temporaire de Michele Lamaro (en-avant volontaire) pour voir l’Irlande passer devant grâce à un essai en puissance de Dan Sheehan (39e, 12-10).
Au retour des vestiaires, le talonneur irlandais a de nouveau frappé, concrétisant la domination de son pack (46e, 17-10). Dans la foulée, l’Italie a perdu Ross Vintcent sur un carton jaune transformé en exclusion définitive pour un plaquage dangereux (48e). Déjà éprouvée par plusieurs blessures, dont celle du demi de mêlée Martin Page-Relo (45e), la Squadra Azzurra a commencé à plier.
Sheehan a inscrit un troisième essai (non transformé) pour creuser l’écart (22-10), mais l’Irlande a dû serrer les dents jusqu’au bout après la réduction du score signée Stephen Varney (62e, 22-17).
Désormais, les regards irlandais se tournent vers les deux dernières rencontres du Tournoi. Si l’Angleterre venait à trébucher contre le Pays de Galles (17h45), puis si la France s’inclinait face à l’Écosse au Stade de France (21h00), alors l’Irlande pourrait encore rêver au titre.
En attendant, le public irlandais a eu droit à un moment chargé d’émotion après le coup de sifflet final, saluant longuement les adieux de trois figures emblématiques : Peter O'Mahony, Conor Murray et Cian Healy.
Gonzalo Quesada a estimé que l’Italie avait conclu son Tournoi sur une bonne note, malgré la défaite. Le sélectionneur argentin a regretté l’indiscipline de son équipe, qui a joué trop longtemps en infériorité numérique, mais s'est dit fier de la prestation de ses joueurs, convaincu qu’ils n’étaient « pas passés loin de quelque chose de grand ».
« C'est une bonne fin de Tournoi pour nous, mais on aurait pu réussir quelque chose d'incroyable, quelque chose de grand, si on avait passé moins de temps à quatorze », a déclaré l'ancien international argentin en conférence de presse. « Comme l'an passé, j'ai le sentiment que ce dernier match est notre meilleur match, j'aimerais travailler avec ce groupe de joueurs toutes les semaines, même si j'imagine aisément qu'ils en ont assez de me voir », a-t-il plaisanté.
« Je suis très déçu, car nous avons été, quand nous avons joué à quinze contre quinze, pendant longtemps la meilleure équipe. On n'est pas passé loin de la victoire. » L'Italie, qui avait mené 7-0 puis 10-7 avant de subir plusieurs blessures et de concéder trois essais, termine 5e avec une seule victoire (contre le Pays de Galles). Un bilan en retrait par rapport à l’an dernier, où elle avait signé son meilleur Tournoi avec deux succès et un nul.
De son côté, Simon Easterby a rejeté l'idée que l'Irlande traînait encore les séquelles de sa défaite face à la France. Selon lui, l’équipe a su tourner la page et corriger certaines erreurs, même si elle a parfois voulu trop en faire contre l'Italie. Malgré un soutien massif dans les tribunes, les Irlandais ont dû attendre la fin de la première période pour prendre l'avantage face à des Azzurri accrocheurs.
« On a peut-être essayé d'en faire trop, de faire trop de passes, mais il faut aussi tirer notre chapeau à l'Italie, c'est une équipe très bonne en attaque et qui nous a mis sous pression », a souligné Easterby. « Le score n'est pas celui qu'on était en droit d'espérer. On a parfois mal géré la pression qu'ils nous ont mise, mais le plus important est d'avoir ces cinq points dont nous avions besoin. »
Avec cette victoire, l'Irlande prend la tête du classement avec 19 points, mais son destin n'est pas entre ses mains. Elle peut encore être dépassée par l'Angleterre ou la France, en fonction de leurs résultats. « On a fait ce qu'on avait à faire », a conclu Easterby, qui assure l’intérim en l’absence d’Andy Farrell, mobilisé avec les Lions britanniques.