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Des Summer Series féminines inoubliables pour France

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Les Françaises U20 voulaient être « à jamais les premières » à remporter la première édition. Elles ont réussi haut la main.

En ayant cumulé 196 points (dont 31 essais) au cours de leurs trois victoires contre trois de leurs cinq adversaires du Six Nations (Pays de Galles, Ecosse et Angleterre), l’équipe de France des moins de 20 ans féminine a non seulement marqué les esprits mais a aussi imposé sa marque sur les toutes premières Summer Series Féminines.

Contrairement à ce que pourraient laisser penser les larges scores, tout n’a pas été facile au début des rencontres, principalement face à l’Ecosse et à l’Angleterre où les adversaires ont marqué en premier. Mais le groupe a su vite se ressouder à chaque fois pour finalement marquer et l’emporter.

Une génération au mental d’acier

Du 4 au 14 juillet à Parme, en Italie, trois éléments ont forgé la victoire des Bleuettes : le collectif, le mental d’acier et les skills. « Seules on va plus vite mais ensemble on va plus loin, ensemble on est plus fortes », insiste la coach Caroline Suné. « Si on est ensemble, on sera invincibles. Le collectif a primé sur les individualités et c’est ce que j’ai essayé de faire avec ce groupe.

« Cette génération est probablement la plus prête mentalement à ne rien lâcher. Elles n’ont pas eu peur et c’est notre marque de fabrique. »

Pourtant, le staff de France U20 avait fait un choix audacieux avant même la campagne des Summer Series et tout a reposé dessus : privilégier l’attaque sur la défense, apprendre à marquer plutôt que s’entraîner à défendre, accepter d’encaisser des essais mais en marquer un maximum en retour. Et le pari a été gagnant au-delà des espérances.

« En plus, c’était la première fois que l’on partait autant de temps, que l’on espérait monter ce type de compétition. Jouer tous les cinq jours, trois matchs de très haut niveau, les filles ne sont pas du tout habituées ; c’est ce qu’on craignait le plus, d’autant plus avec la chaleur qu’il y avait et des horaires atypiques – on ne joue jamais à 10h30 le matin ! », indique Caroline Suné, tellement fière d’avoir permis à ces futures stars du XV féminin de remporter haut la main l’édition inaugurale de la compétition.

« A jamais les premières, c’est ce que je n’ai pas arrêté de leur dire. C’est la première, je leur ai dit d’écrire leur histoire, d’être sur le toit de l’Europe et d’être à jamais les premières. Cette citation est revenue sans arrêt. Les mots, c’est comme en amour, il faut des actes. Et les actes, c’est sur le terrain en rugby. Elles l’ont compris et ça s’est vu », rappelle-t-elle.

Montrer la valeur des U20 féminines

« C’est un discours que nous tiennent les coachs et qu’on retient », adhère complètement l’arrière/ailière internationale Kelly Arbey. « C’est important de montrer aujourd’hui qu’on est des filles et que le rugby féminin avance, que nous aussi on est capables d’aller chercher de grosses victoires et de faire de gros matchs.

« On a pu engendrer beaucoup d’expérience, de préparation et même une vie de groupe totalement différente avec des coachs qui ont des plans de jeu différents, une façon différente d’appréhender les choses. Notre vie sportive nourrit notre expérience. C’est juste extraordinaire de venir ici avec d’autres filles et de partager tout ça. »

« On se confronte à des équipes fortes. Faire un tournoi comme ça permet de promouvoir le rugby féminin, de nous faire un peu connaître, de montrer qu’il y a des équipes U18 mais aussi U20 qui arrivent aussi à gagner, à ramener les victoires », estime pour sa part la deuxième-ligne Kiara Zago.

Un passage obligé inoubliable pour les joueuses

Même si certaines du groupe ont déjà joué avec l’équipe senior, ce passage par les U20 est ultra formateur, d’autant plus grâce à une compétition de haut niveau.

« Il est important de ne pas griller les étapes et de pouvoir engranger le maximum d’expérience pour goûter au haut niveau », confie Kelly Arbey (19 ans) qui compte déjà quatre sélections avec le XV de France féminin.

« C’est juste parfait de passer par tous les paliers. Comme ça, une fois arrivée au plus haut niveau, on a toute l’expérience et la confiance possible. Ça fait du bien de goûter à ce haut niveau et se dire que tout n’est pas dû et qu’il va falloir se battre pour une place au plus haut niveau pour pouvoir y rester.

« Il y a l’objectif de performer, de montrer qu’on a du répondant, qu’à notre poste on peut devenir la crème de la crème et engranger un maximum d’expérience. »

Comme elle, Marie Morland a participé au début de l’année à un stage de préparation avec le XV de France féminin en vue du tournoi des Six Nations 2024, sans pour autant y participer.

« Pour moi c’est trop cool d’être là. Etape par étape, c’est très bien comme ça. C’est une expérience de fou », dit-elle. « Individuellement parlant, tout le monde aimerait bien jouer et briller, mais ce qui va faire briller l’équipe, c’est tous ensemble. Faire les meilleurs matchs possibles pour au final viser la grande équipe, c’est un peu l’objectif de tout le monde. »

Fonction laboratoire

Pour le staff tricolore, ce Summer Series a également été l’occasion de tester des joueuses à des postes qu’elles n’envisageaient pas. Juste pour voir si elles pouvaient y être performantes, histoire aussi d’instiller de la polyvalence dans leur jeu qui ne leur sera que bénéfique pour la suite de leur carrière.

C’est ainsi que la troisième-ligne Marie Morland a été essayée… pilier. « On verra bien », sourit-elle. « Il faut que je travaille mon côté cardio et peut-être que je pourrais rester 8. J’ai commencé au centre, mais c’était quand j’étais au Pole Espoir. C’est une expérience. On peut essayer, voir si ça fonctionne. Je suis ouverte à tout. Aucun entraîneur va nous juger. »

Révélation de ce tournoi, Hawa Tounkara a été essayée aussi bien à l’arrière qu’à l’aile, mais aussi au centre en fonction des besoins. Même la trois-quarts centre Enoé Neri s’est également retrouvée à jouer à l’ouverture. « Il faut que je sorte de ma zone de confort et ça me plait aussi », confie-t-elle.

Après l’euphorie, il faudra attendre de longs mois avant de goûter à nouveau à l’expérience internationale. Le prochain rendez-vous pour les U20 féminines ne devrait pas intervenir avant le printemps 2025.