En s’imposant 57-12 face au Pays de Galles en ouverture des Summer Series Féminines, l’équipe de France a posé les choses et confirmé son statut de favorite de cette première édition.
« Je ne sais pas si on est favorites, mais en tout cas on est très attendues », nuance la manager Caroline Suné. « On est clairement l’équipe à battre. Les Italiennes, les Galloises, les Ecossaises et les Anglaises nous le disent. Il faut assumer ce rôle et ce n’est pas si évident, mais les filles ont bien montré la voie sur ce premier match. »
Dès le coup d’envoi, les Françaises ont frappé fort : en seulement 11 minutes, elles avaient déjà aplati trois essais et le festival a continué jusqu'à la pause, les Bleues rentrant au vestiaire avec une avance confortable (28-7).
La seconde mi-temps a démarré sur le même rythme, les Tricolores étant redoutables à chaque incursion dans le camp adverse, laissant les Galloises n’inscrire que deux essais à la fin de chaque période.
Pourtant, malgré le score très élevé de 57-12 – aucune équipe de cette première journée n’a marqué autant de points – tout n’a pas été facile et nombreuses ont été les pertes de balle et les difficultés en conquête, que ce soit en touche ou en mêlée.
Parmi les points faibles, le staff pointe aussi le manque de précision. « On veut tellement faire vite et bien qu’on fait des erreurs qu’on n’a pas l’habitude de produire. Encore une fois, c’était le premier match, l’enjeu, la chaleur, l’excitation », concède Caroline Suné.
« On n’a pas eu beaucoup de temps et on a fait des choix. On veut produire du jeu, un jeu ambitieux, de mouvement. Le French flair, c’est ce qu’on essaie de cultiver. Ça s’est senti même s’il y avait beaucoup de déchets.
« Mais il faut être dans cette intention d’initiative, lire le jeu. Soyons des joueuses intelligentes. Parfois ça réussit, parfois non. En tout cas faire vivre le ballon avec nos forces. Les Anglo-saxonnes sont plus grandes, plus costauds que nous. En ce qui nous concerne, il faut jouer avec nos forces. J’ai tenté de sélectionner des joueuses qui ont ce profil-là. C’est notre ADN, il faut le cultiver. »
Parmi les joueuses sélectionnées, le manque de fraîcheur s’est également fait ressentir. Certaines n’avaient plus joué à haut niveau depuis les phases finales du championnat Elite 1, soit près d’un mois et demi.
Il a donc fallu se replonger dans le projet de jeu, affronter les conditions climatiques parfois compliquées – un captain run sous la pluie et 15° C suivi d’un match sous le soleil et la chaleur – et gérer les problèmes de logistique – une quinzaine de bagages avait été égarée avant de parvenir à destination la veille du match.
« Quand on met tout ça réunit, on est entré de la meilleure des manières », sourit la manager.
« Les filles ont conscience de l’enjeu, elles savent qu’elles sont regardées par tout le monde. Il y a une visibilité qui est en train de se faire. Elles ont conscience qu’elles peuvent marquer l’histoire car c’est la première édition. C’est peut-être aussi les prémisses d’un futur Tournoi des Six Nations des U20 ; ça dépendra de la qualité du jeu proposé. Mais aussi pour elles en tant que joueuses pour poursuivre avec le XV ou le Sept. Elles ont conscience de cet enjeu. »
Parmi les joueuses qui se sont révélées sur le terrain lors de cette première journée, deux sont sorties du lot : la première centre du SCUF Hawa Tounkara et la deuxième-ligne du FC Grenoble Taina Maka.
« Ce sont deux joueuses qui sont méconnues du grand public », confirme Caroline Suné. « Hawa est une joueuse extraordinaire, polyvalente, talentueuse. C’est le rayon de soleil ; elle est toujours souriante. Elle a accepté avec plaisir ce poste de centre, un poste qu’elle ne connaît pas car elle est ailière au départ. De par la qualité des joueuses, on a souhaité mettre toutes nos meilleures joueuse sur le terrain et elle en fait partie. Elle a brillé et elle n’a pas fini de briller.
« Quant à Taina, c’est une joueuse qui est plutôt troisième-ligne aile, numéro 8, mais étant donné sa puissance, on pense qu’elle peut être une très bonne deuxième-ligne aussi. On risque de la voir à un autre poste au prochain match. C’est une joueuse à suivre. Taina ne se rend pas compte du potentiel qu’elle a et j’espère que ce tournoi va lui permettre de prendre conscience en elle et de son potentiel. C’est un gros potentiel athlétique. Je pense que c’est une joueuse qui va monter en puissance et qu’elle va garder ce rythme sur les trois matchs. »
Les deux prochaines rencontrese seront très rapprochés avec l’Ecosse le 9 juillet et l’Angleterre cinq jours plus tard. « Une des clés va être la gestion des joueuses et la récupération. Dès cet après-midi on enchaîne un protocole de récupération, demain matin aussi, quasiment deux journées off, de la vidéo et repartir crescendo jusqu’au prochain match », précise l’entraîneure.
L’objectif reste le même et est bien ancré dans l’esprit de chaque joueuse : entrer dans l’histoire en devenant la première équipe à remporter les Summer Series Féminines. Un objectif ambitieux mais réalisable.
« Il faut qu’elles restent humbles et les pieds sur terre. Les Anglais disent : ‘we respect everybody, but we fear nobody’. Et pour respecter tout le monde, c’est aussi mettre les points comme il faut », prévient Caroline Suné.