Avec trois joueuses de l’équipe de France nommées, il était sûr que la « Most Valuable Player » des Summer Series Féminines 2024, la joueuse la plus méritante de cette toute nouvelle compétition réservée aux moins de 20 ans féminines, serait issue du rang des Bleuettes.
Kelly Arbey, Mae Levy et Hawa Tounkara étaient les trois seules nommées. Et c’est la deuxième centre Tounkara (20 ans) qui a décroché le trophée.
« J’ai voté pour une autre fille ; je ne pensais pas qu’il n’y avait que trois noms. Pour moi, c’était (la numéro 8) Marie Morland, mais elle n’était pas dans les trois », confie Hawa. « Dans ses avancées, dans tout ce qu’elle a fait sur les trois matchs, je l’ai trouvée exceptionnelle. En plus, elle est encore là l’année prochaine ; c’est une 2005. »
Hawa ne s’attendait pas à recevoir cette récompense pour sa dernière participation à un tournoi U20avec l’équipe de France, elle qui va désormais passer « chez les grandes ». «
J’étais très contente et surprise », avoue-t-elle. Surprise parce que, en son for intérieur, elle n’a pas montré 100% de ses capacités sur les trois rencontres disputées du 4 au 14 juillet à Parme où la France a fait un strike en marquant 196 points dont 31 essais, le plus que toutes les autres nations.
Hawa a contribué à cette performance en inscrivant trois essais (plus une passe décisive) et passer quatre transformations, parcourant 241,7 mètres ballon en main en 23 courses, comptant un franchissement et trois offloads (16 passes en tout).
« Je me sentais bien sur mon premier match contre le Pays de Galles, mais sur les autres, contre l’Ecosse et l’Angleterre, c’était plus compliqué parce que les autres filles m’avaient à l’œil et je ne pouvais pas trop montrer ce que je voulais faire. J’ai réussi, mais pas comme je voulais », ditelle.
Avec son sourire tranchant, elle s’est ruée sur 21 rucks en moins de trois secondes, a battu sept défenseuses, a réalisé 28 plaquages avec un taux de réussite de 93%... et n’a concédé qu’une seule pénalité sur tout le tournoi.
Mais il n’y a pas que ses performances sportives qui a distingué Hawa des autres joueuses. Il y a sa personnalité, la positivité qu’elle dégage, son côté avenant, ouverte aux autres, plaisante.
Elle ne parle pas anglais, mais ça ne l’empêche pas de communiquer. « Avec le sourire et la danse ça passe », sourit-elle alors qu’il y a bien une chose qu’elle n’aime pas, c’est être au centre de l’attention. « Là, c’est totalement raté ! » rigole-t-elle.
Sur le Tournoi des Six Nations féminin 2024, l’arrière anglaise Ellie Kildunne, sacrée Joueuse du Tournoi, expliquait que ses cheveux étaient son super pouvoir, qu’ils lui donnaient la force et la confiance nécessaire pour performer.
Hawa, elle, n’est pas superstitieuse, mais chaque fois qu’elle a joué avec l’équipe de France des moins de 20 ans, elle avait la même coupe elle aussi. Et avant chaque match, comme un rituel, elle tressait une nouvelle vanille, systématiquement.
« Mais je pense que mon super pouvoir, c’est le sourire. Même pendant le match, quand je suis fatiguée, je vais dire un truc à une fille pour sourire. Je ne suis pas trop concentrée, mais j’aime bien. »
Ce petit trophée de Most Valuable Player, Hawa prévoit de l’exposer dans sa chambre, dans un petit coin qu’elle va aménager avec ses maillots. Ce trophée coloré avec toutes les Six Nations représentées trouvera place à côté de sa seule autre récompense obtenue quelques années plus tôt, celui de jeune Talent décerné par la mairie du 17e arrondissement à Paris.
Les premières récompenses d’une longue carrière, alors qu’elle n’a que 20 ans ?
« Je me dis que là, j’ai pu prouver ce que je valais et il faut que je montre encore plus, progresser encore, faire encore plus. Ça me pousse vraiment. J’avais déjà envie de faire plus, mais là ça rajoute quelque chose en plus », assure-t-elle.
Avant de goûter à trois semaines de vacances méritées au bout d’une saison qui n’en finit plus, Hawa Tounkara servira de sparring partner à l’équipe de France féminine de rugby à sept pour les préparer au mieux aux Jeux olympiques de Paris 2024. Elle a eu des places pour chaque journée du tournoi féminin.
Le sept, elle y retournera ensuite avec son club de Bobigny pour participer à la toute première déclinaison féminine du SuperSevens à Pau fin août avant d’intégrer le programme à sept en septembre.
A XV, on ne devrait donc pas la revoir avant le Tournoi de l’année prochaine. Si elle est sélectionnée pour y participer, sûr qu’elle y reviendra encore plus tranchante et plus rapide que jamais. Avec quelques vanilles en plus sur sa tête.
