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Zago, Neri… si jeunes et tellement prometteuses 

france women u20 celebrate
Les deux joueuses de l’équipe de France se révèlent avec force sur ces Summer Series à l’orée d’une grande carrière. 

Elles ont toutes les deux des racines italiennes. Par ses arrières-grands-parents du côté du papa pour Kiara Zago et de la Sicile pour Enoé Neri. Si bien que disputer la toute première édition des Summer Series Féminines à Parme jusqu’au Crunch final du 14 juillet est un peu comme jouer à la maison. 

Elles n’ont qu’un an d’écart (Enoé est l’aînée) et pas encore vingt ans mais sont déjà considérées comme des leaders. La trois-quarts centre Enoé Neri (19 ans) est la capitaine de son club des amazones au FC Grenoble où elle évolue aux côtés de Manae Feleu, capitaine du XV de France Féminin.  

Avant de partir au Stade Toulousain, la deuxième-ligne Kiara Zago était la capitaine du SU Agen qui a décroché le titre de Championne de France cadettes en 2023. La même année, elle était sacrée championne d’Europe U18 puis gagnait la première de ses trois sélections avec le XV de France lors du WXV en Nouvelle-Zélande (où elle a fêté ses 18 ans). On a l’impression qu’elle a déjà tout vécu. 

« Je vais sur mes 19 ans », rappelle-t-elle. « C’est allé très vite. Quand on passe de cadette au niveau Elite 1, le plus haut niveau français, ça change dans les impacts, la vitesse et l’engagement. Et quand on passe des U20 à la grande équipe de France, c’est un rêve de petite fille. Et de pouvoir y arriver rapidement c’est énorme. » 

Enoé Neri n’a pas encore décroché de sélection avec la grande équipe de France, mais avec le jeu qu’elle produit sur le Summer Series, on sent bien que ce n’est qu’une question de mois, peut-être pour le WXV en septembre au Canada, sûrement pour le prochain Tournoi des Six Nations féminin en 2025. 

En attendant, elle savoure de porter le maillot des U20. « C’est une fierté », confie-t-elle. « A la base c’était un rêve de gosse. Plus je grandissais, plus c’était une ambition. Et une ambition, c’est atteignable. Ça montre qu’on n’a pas fait dix ans de rugby pour rien et qu’on n’a pas fait des sacrifices pour rien non plus. Le travail paye. C’est une fierté et une reconnaissance de pouvoir porter le maillot de la France aujourd’hui. » 

Les deux jeunes joueuses ont déjà passé la majeure partie de leur vie à jouer au rugby. « J’ai commencé à jouer quand j’avais 10 ans, pour ma rentrée au collège, après dix ans de danse. Pendant deux ans j’alternais la danse et le rugby. Mon père était numéro 8 et c’est lui qui m’a donné envie de jouer au rugby », raconte Kiara Zago. Sa mère aime rappeler qu’après avoir accouché de sa fille un mardi, elle l’avait emmené le dimanche suivant au stade. 

Enoé, elle, a commencé encore plus jeune. « J’ai commencé le rugby à l’âge de 8 ans dans le club de La Mure, le RC Matheysin. Je suis descendue jouer avec les féminines à Grenoble en 2019 parce qu’à partir de l’âge de 15 ans on était obligé de jouer avec une équipe féminine. » Et aujourd’hui, elle est la capitaine de l’équipe première. 

« Quand l’entraîneur m’a proposé d’être capitaine des Amazones, j’étais assez réticente, je me posais pas mal de questions car je ne me sentais pas légitime d’être à cette place. J’étais une des plus jeunes. Mais le staff m’a fait confiance et l’équipe m’a fait confiance aussi. J’ai le nom de capitaine, mais toutes les autres internationales qui sont en équipe de France m’épaulent beaucoup et on m’épaule bien. Je suis entourée de trois ou quatre leaders qui m’aident vraiment. » 

Dans cet environnement rugbystique, elles ont la chance de s’entraîner et de se développer aux côtés de celles qu’elles admirent.  

Pour Enoé, c’est la trois-quarts centre Gabrielle Vernier. « C’est une joueuse assez complète et très forte en ce moment. J’essaie de prendre exemple sur elle. Je pense que c’est une des joueuses les plus complètes que je connaisse », dit-elle. « Gaëlle Hermet est un peu mon mentor ; elle joue avec moi au Stade. Je joue avec elle et elle me guide partout », souligne Kiara. 

A Parme avec les U20, elle est vice-capitaine derrière la capitaine Zoé Jean. Avec Kiara, elles n’ont pas tardé à mettre leur empreinte sur le Summer Series en marquant un essai chacune contre le Pays de Galles lors de la première journée. « C’était la première fois que je marquais avec le maillot bleu. C’était un bel essai. Je ne marque pas souvent. Mais j’étais sacrément occis après », rigole Kiara Zago. 

« On se confronte à des équipes fortes. Faire un tournoi comme ça permet de promouvoir le rugby féminin, de nous faire un peu connaître, de montrer qu’en France il y a des équipes U18 mais aussi U20 qui arrivent aussi à gagner, à ramener les victoires. » 

« C’est une bonne idée d’avoir fait ce tournoi, déjà pour développer le rugby féminin dans le monde entier », enchaîne Enoé. « Pour la suite, pour accéder au plus haut niveau, passer par les U20 et ce Summer Series c’est vraiment une bonne idée. C’est dans ces tournois que l’on découvre les grandes joueuses. » 

Et elles en font partie même si elles sont pleinement conscientes des progrès qu’il leur reste à réaliser. « Pour ma part, les points à améliorer sont mes attitudes au contact et rester debout. J’ai un gabarit qui est grand ce qui donne des avantages mais aussi des inconvénients. Ce n’est pas toujours facile d’être suffisamment basse dans les rucks. C’est un point d’amélioration que je travaille. Sinon, j’adore la touche, j’adore la défense », explique Kiara Zago du haut de son mètre 84. 

« J’ai un peu de vision de jeu mais j’ai beaucoup de choses à améliorer. Physiquement notamment parce qu’à certains moments à haut niveau on sent que ça pêche. Dans l’enchainement de tâches, j’ai encore à m’améliorer », admet Enoé Neri. 

Kiara et Enoé sont encore en études : première année de staps à Toulouse pour devenir kiné pour la première et première d’année d’infirmière à Grenoble pour la deuxième.