Chaque année, la promotion des U20 offre son lot de surprises, de pépites et de talents en devenir. D’où l’intérêt de ne pas manquer un seul match du Six Nations U20 pour avoir une idée des futurs internationaux.
L’an passé, on ne tarissait pas d’éloges sur les Français Louis Bielle-Biarrey, Hugo Reus, Nicolas Depoortere, Lenni Nouchi, Emilien Gailleton ou Posolo Tuilagi. Le premier a déjà fait sa place dans le XV de France et les autres ne devraient pas tarder à suivre tant ils se font remarquer sur les terrains du Top 14.
D’ailleurs, les trois derniers mentionnés – Nouchi, Gailleton et Tuilagi - sont devenus des partenaires d’entraînement réguliers du XV de France, soit au seuil d’une éventuelle sélection.
Un premier stage des Bleuets début janvier avec 26 joueurs s’était terminé par une défaite 22-18 en Italie. Un second a eu lieu du 22 au 28 janvier avec un effectif plus élargi de 34 joueurs dont près de la moitié était de retour.
La promotion 2024 des moins de 20 ans devrait une fois de plus montrer des diamants bruts que les années à venir vont polir. Voici cinq joueurs qui devraient sortir du lot.
Léo Carbonneau, 19 ans, CA Brive, demi de mêlée
Avec Philippe (le père, demi de mêlée également, aux 32 sélections pour le XV de France 1995-2001) et Olivier (l’oncle trois-quarts centre à Toulouse entre 1992 et 1997), la famille Carbonneau baigne dans le rugby et Léo ne pouvait y échapper
« Il est un formidable impact player », dit de lui son coach des U20, Sébastien Calvet, avec qui il a été champion du monde en 2023. « Il était quand même un remplaçant de luxe de Baptiste Jauneau et a toujours été très fort quand il est rentré dans les parties. »
Il suit la trajectoire météorique de son meilleur ami Mathis Ferté qu’il a rencontré à Brive - où il a signé Espoir en même temps que lui en 2022 - en étant titulaire en Top 14 (face au Stade Français) deux semaines après son 18e anniversaire.
Après une saison 2023 complète au cours de laquelle il dispute neuf rencontres avec les U20 (3 essais) pendant le Tournoi et le Championnat du Monde en parallèle de ses sélections pour Brive, il est à nouveau une pièce maîtresse (15 matchs dont 10 comme titulaire). Pour le Tournoi, Carbonneau retrouvera son coéquipier de la charnière briviste, Tom Raffy.
Mathis Ferté, 19 ans, CA Brive, arrière
A l’heure où le Lotois Mathis Ferté jouera contre l’Irlande le 3 février, il aura 20 ans depuis 24h. L’arrière de Brive est polyvalent, pouvant aussi bien jouer à l’aile qu’à la mêlée. Pas pour rien qu’il voue une passion à Cheslin Kolbe et Antoine Dupont. Un profil complet qui plaît à Sébastien Calvet.
« Mathis Ferté sera avec nous cette année et fait encore beaucoup de bien à son équipe professionnelle de Brive », dit-il. « Léo Carbonneau et Mathis Ferté sont en permanence dans le groupe professionnel de Brive. Donc c'est sûr qu'ils apporteront beaucoup de cadre et d'ambition et de folie aussi en notre équipe parce que ce sont des joueurs très offensifs et très latins dans notre jeu. »
Mathis a commencé à jouer au rugby quand il avait quatre ans avec son papa entraîneur et pratique la boxe en parallèle. Espoir pour Brive en 2022, il a tout juste 18 ans qu’il est lancé dans le grand bain du Top 14 face à Toulon, puis au Stade Français comme remplaçant avant d’enchaîner titulaire face au Racing 92 pour son troisième match seulement et un essai en prime.
Champion du Monde 2023 avec les U20, il est l’une des satisfactions de Brive qui le verrouillera jusqu’en 2026 avant sa descente en Pro D2 où il excelle encore cette saison : 16 sélections dont 15 comme titulaire, 1 215 minutes jouées, six essais 84% de réussite au plaquage.
Marko Gazzotti, 19 ans, Union Bordeaux-Bègles, troisième-ligne
« On ne peut pas ne pas parler de Marko Gazzotti qui a été élu meilleur joueur de la Coupe du Monde l’année dernière », assure Sébastien Calvet lorsqu’on lui demande de citer les joueurs qui vont attirer les regards dans le Tournoi 2024.
Néanmoins, le nouveau venu chez l'Union Bordeaux-Bègles ne pourra malheureusement pas contribuer aux performances des Bleuets contre l’Irlande – mais vraisemblablement plus tard - comme l'a confirmé la Fédération Française de rugby lundi 29 janvier. Cette décision est due « au contexte sportif et aux blessures » au sein du club girondin.
Le numéro 8 de formation, qui peut aussi jouer tous les postes de la troisième-ligne, est un phénomène (1m92, 107 kg). Savoyard d’origine, né d’un père aux racines italiennes et d’une mère lituanienne (qui a donné le « k » à son prénom) ancienne joueuse de hand, il a été maturé et formé à Grenoble (aux côtés du talonneur Barnabé Massa, 19 ans, lui aussi champion du monde 2023 avec les U20) et courtisé par les plus grands clubs (Toulon et Montpellier) avant d’arriver à Bordeaux en 2023, fort d’une déjà solide expérience en Pro D2.
Elevé dans le rugby depuis l’âge de 5 ans, d’une vitesse et d’une explosivité rares, fort dans les collisions, intelligent dans le jeu, il fait avancer son équipe par ses bonnes lignes de courses. Malgré deux mois d’indisponibilité au début de la saison suite à une blessure au pouce, il est revenu en force, titulaire sur cinq des sept matchs disputés (93% de réussite aux plaquages)
Mathis Castro-Ferreira, 20 ans, Stade Toulousain, troisième-ligne centre
Originaire des Hautes-Pyrénées où son arrière-grand-père jouait déjà au rugby, découvert au Stade O Maubourguetois Rugby et professionnalisé à Toulouse depuis 2018, Mathis Castro-Ferreira s’est engagé à rester dans son club jusqu’en 2028 ; c’est son premier contrat pro.
Fort de ses 157 mn déjà jouées en pro cette saison, il est lui aussi une machine à plaquer (92% de réussite) et un bon gratteur. Forfait contre l’Italie en match amical des U20 début janvier, sa puissance et son habileté balle en main font de lui une pièce maîtresse pour le jeu des Bleuets.
Patrick Tuifua, 19 ans, Hawke’s Bay Magpies, troisième-ligne
Né en Nouvelle-Calédonie il y a 19 ans, le troisième-ligne (1m91 pour 113 kg) a cette particularité de jouer en club, en Nouvelle-Zélande. Une opportunité rare qui s’est présentée à lui alors qu’il joue depuis l’âge de 8 ans au rugby.
Il décroche en 2020 une bourse d’étude pour le Lindisfarne College, à Hastings, dans la région de Hawke’s Bay, au centre-est de l’île du Nord en Nouvelle-Zélande, alors qu’il n’a que 15 ans.
Seul de son université à intégrer l’équipe des U18 des Hurricanes pour un stage de préparation au Super Rugby U18 en 2022, il intègre l’année suivante l’équipe fanion de Hawke’s Bay pour le National Provincial Championship (NPC), le Championnat National des Provinces, où son équipe termine 5e.
En bonus…
Adam Bouaré, pilier droit (19 ans) – 1m78, 113 kg (Montpellier HR), titulaire d’une triple nationalité Franco-Sénégalo-Algérienne, il a joué les sparring-partners avec le XV de France dans sa préparation en pleine Coupe du Monde de Rugby.
Antonin Corso, deuxième-ligne (19 ans) – 1m90, 103 kg (Oyonnax Rugby), bercé dans le rugby depuis l’âge de 10 ans, il a été recruté dans l’équipe des espoirs d’Oyonnax.
Axel Desperes, demi d’ouverture (20 ans) – 1m83, 78 kg (Section paloise), valeur sûre de son club où il a très tôt démontré ses qualités de buteurs (on se souvient de sa pénalité de 40 mètres à la 78e minute d’un match de Challenge Cup contre Newport qui a permis de décrocher un précieux bonus offensif en janvier 2023).
