Ils ont beau répéter qu’ils préparent ce match contre l’Angleterre comme ils préparent les autres, mais on a du mal à les croire. Car au fond d’eux, malgré leur jeune âge, les Bleuets considèrent ce Crunch contre leurs voisins anglais comme un rendez-vous particulier, au même titre que leurs aînés. Le talonneur Lyam Akrab, auteur d’un incroyable doublé contre le Pays de Galles, le dit ouvertement : « J’ai assez hâte de jouer ce match ; c’est un match important à mes yeux ».
« Pour certains, ce match peut avoir un goût de revanche, et c’est aussi un peu mon cas », concède Fabien Brau-Boirie, le trois-quarts centre de la Section Paloise. Le joueur de 19 ans a encore en tête le match de l’an passé où l’Angleterre s’était imposée 31-45 chez lui au Stade du Hameau, mais aussi lors de la finale du Championnat du Monde U20 2024 21-13 au Cape Town Stadium, lors qu’ils ne menaient que d’un point à la pause (7-6).
Les triples champions du monde s’inclinaient en finale pour la première fois de leur histoire après avoir été étouffés par un collectif anglais plus puissant et ultra efficace. Dominés en mêlée et en conquête, ils ont subi la loi des avants adverses, encaissant deux essais par Joe Bailey (36e) et Arthur Green (53e).
Malgré les pénalités d’Hugo Reus et un dernier essai tardif de Mathis Ferté (80e +1), l’équipe de France, trop indisciplinée et en manque de solutions offensives, n’a jamais trouvé la clé pour rivaliser. Un essai magnifique avait pourtant été inscrit en première période, mais il a été justement refusé pour un en-avant au départ de l’action.
Pour leur premier affrontement depuis ce 19 juillet 2024, plusieurs Bleuets sont encore là tels que Xan Mousques, Robin Taccola, Corentin Mezou, Samuel Jean-Christophe ou Sialevailea Tolofua.
« Mais l’objectif principal, c’est avant tout de réaliser une grosse performance pour bien entrer dans le tournoi et se donner une chance de viser le Grand Chelem », recadre Brau-Boirie. « Après, c’est sûr que ce n’est pas un match comme les autres : c’est le Crunch. C’est une rencontre particulière, et tout le monde va tout donner pour aller chercher la victoire. »
« Ce sont toujours des matchs où la motivation vient naturellement. On aime affronter les Anglais, ce sont des rencontres engagées, avec une saveur particulière pour tout le monde », insiste le coach Cédric Laborde.
« On a beaucoup travaillé sur la gestion émotionnelle pour anticiper ce que ce match peut représenter pour les joueurs, notamment les plus jeunes. Cela dit, on a déjà affronté cette équipe à plusieurs reprises, avec les générations 2005 et 2006, en U18 et U19. Ce sont toujours des duels serrés, et on en est souvent sortis vainqueurs.
« Mais cette fois, l’Angleterre arrive en tant que championne du monde avec les générations 2004-2005. On sait que ce sera un match très dur et compliqué, mais on a aussi de solides certitudes pour espérer passer. »
Avec deux jours de moins pour préparer ce match, les Français ont trouver le temps pour rectifier ce qui devait l’être après le match inaugural. « Oui, bien sûr, il y a toujours des points à améliorer après chaque match. Surtout face à eux, notamment sur les mauls », indique le trois-quarts centre qui compte en tout 10 sélections avec les U20 depuis l’an passé. « On sait à quoi s’attendre : c’est un gros pack, qui inscrit la plupart de ses essais après maul. Ce sera forcément un combat rude.
« Il faudra aussi être plus rigoureux dans l’attitude au contact, éviter de perdre des ballons, notamment dans les rucks. L’objectif sera de garder un jeu fluide, d’imposer notre rythme et de ne pas leur permettre de ralentir nos ballons ou de dicter le tempo. »
Voit-il un schéma de jeu différent avec le nouveau coach Cédric Laborde par rapport à ce que proposait Sébastien Calvet l’an passé ? « Offensivement, certains principes sont restés les mêmes, mais forcément, avec un changement de coach, il y a aussi des ajustements tactiques à faire, notamment sur les lancements de jeu », observe Brau-Boirie.
« L’idée, surtout en ce début de cycle – et ça ne fait qu’une semaine que je suis là –, c’est de nous laisser prendre des initiatives en attaque, sans forcément nous enfermer tout de suite dans un cadre trop strict. L’objectif est d’éviter de trop nous encombrer l’esprit avec des schémas figés, surtout dans un groupe en construction.
« On cherche avant tout à jouer libéré, à attaquer les espaces dès qu’ils s’ouvrent, avec un plan de jeu assez souple. L’entraîneur de l’attaque nous fait confiance là-dessus, l’idée est de se faire plaisir sur le terrain. »
La France abordera cette rencontre avec le statut d’outsider malgré sa large victoire sur le Pays de Galles (63-19) tandis que l’Angleterre a eu un peu plus de mal pour venir à bout de l’Irlande (3-19).
« Cela confirme que c’est un pack très puissant et solide. Malgré tout, le match s’est joué dans des conditions particulières, avec beaucoup de vent et de pluie, ce qui a forcément influencé le jeu », rappelle Cédric Laborde. « Ce week-end, ce sera une tout autre rencontre, avec un adversaire différent et une organisation offensive bien distincte de celle de l’Irlande. On espère pouvoir leur poser des problèmes et imposer notre rythme. »
« On sait parfaitement où l’on se situe dans ce match. Eux, ils ont remporté la Coupe du monde et le Tournoi des Six Nations l’an dernier, c’est une très grosse équipe avec de sérieux atouts », observe Fabien Brau-Boirie.
« Mais on connaît aussi nos forces. On sait sur quoi s’appuyer pour être performants, où les attaquer et comment les défendre. Si chacun fait confiance au collectif et que l’équipe reste sérieuse, il n’y a aucune raison de ne pas aller chercher cette victoire en Angleterre. »