L’Angleterre marche sur l’eau et les Françaises aimeraient bien la faire tomber dedans au Stade Chaban-Delmas de Bordeaux samedi 27 avril en final de ce Tournoi des Six Nations 2024.
Invaincues dans le Guinness Women’s Six Nations 2024, la France et l’Angleterre joueront le Grand Chelem pour le match final samedi 27 avril à Bordeaux. Les Françaises en sont privées depuis 2018 quand les Anglaises en veulent un cinquième de suite.
Les Red Roses sont sur une insolente série de 28 victoires dans le Tournoi, de très loin la plus longue séquence de leur histoire sachant que la précédente n’était « que » de 19 victoires (par deux fois).
Enrayer le cycle de la défaite
La dernière fois que l’Angleterre a chuté, c’était en 2018, lors de l’avant-dernière journée du Tournoi des Six Nations, 18-17 au Stade des Alpes. Ce jour-là, les Bleues avaient battu un record de fréquentation pour un test féminin avec 17 440 spectateurs. Samedi à Bordeaux, ce record sera pulvérisé puisqu’on attend entre 22 000 et 30 000 spectateurs (sur les 34 462 sièges). Certes encore loin du record absolu enregistré lors du dernier Crunch en date de 2023 à Twickenham avec 58 498 spectateurs.
« A Twickenham, quand tu te fais huer par tout le monde, c’est pas la même chose. Quand t’es en France, le public, la Marseillaise, il y a quelque chose en plus. Jouer en France contre les Anglaises, déjà il y aura quelque chose en plus », prévient la pilier Clara Joyeux (26 ans, 44 sélections).
Après ce Grand Chelem de 2018 s’en sont suivies 12 défaites pour les Françaises contre une équipe qui est rapidement devenue leur bête noire. Auparavant, c’était la Nouvelle-Zélande, jusqu’à ce que la machine s’enraye et que les deux nations fassent jeu égal. Mais face à l’Angleterre, le plafond de verre n’a pas encore été crevé.
« Les Bleues sont la seule équipe à pouvoir imposer une telle pression défensive aux Anglaises, qui n’ont pour le moment pas rencontrer de véritable opposition. Le combat s’annonce rude et si les Anglaises ont les faveurs des derniers résultats, les Françaises sont bien les seules à pouvoir se mettre en travers de leur route », estime la consultante et ancienne internationale Laura Di Muzio.
« Aujourd’hui, on a les armes »
Depuis le début de ce Tournoi, ce Crunch est dans les têtes, même si personne n’osait trop encore l’évoquer ouvertement. « On sait qu’on est capables de parfois se fourvoyer, de faire de mauvais matchs. Penser à l’Angleterre dès le début du Tournoi, ça ne nous aurait pas aidé », confie, prudente, la trois-quarts centre Gabrielle Vernier (26 ans, 44 sélections).
« On aura toutes les armes », enchaîne la troisième-ligne centre Emeline Gros (28 ans, 32 sélections). « Il y a des caps qui ont su être franchis, des choses sur le terrain qui font qu’on est plus connectées.
« On est impatientes de pouvoir jouer cette finale. Jusqu’à maintenant on a fait step by step, on a construit notre projet, ce match-là aussi. Sur chaque match qu’on a pu faire on s’est aguerri, on a performé certaines choses on a travaillé dans des détails. Et aujourd’hui, on finit cette boucle en apothéose à la maison, contre les Anglaises. C’est une finale qui est attendue. »
« Il faut d’abord que l’on se concentre sur nous car c’est nous qui allons jouer contre elles », nuance la demie de mêlée Alexandra Chambon (23 ans, 21 sélections). « C’est avec notre jeu qu’on pourra aller se chercher quelque chose ce week-end. L’objectif est de ne pas réduire la voilure ce week-end, jouer comme on a envie de jouer.
« On n’échappera pas au défi physique. On sait que pour pouvoir mettre en place tout notre jeu il faut d’abord être fort dans le combat dans la conquête, dans la défense. On ne galvaude pas ça du tout. Il faudra être costaud sur ces fondamentaux-là pour derrière se faire plaisir. »
Enfin être récompensées de tous les efforts
« L’objectif est d’aller soulever la coupe, d’être récompensées de tous les efforts que l’on fait depuis tant d’années », martèle Emeline Gros.
« On est méritantes d’aller pouvoir chercher ça et aujourd’hui on en est capables. Ce sera peut-être pas un score qui sera très large, mais juste de pouvoir jouer à la maison en finale contre elles et les gagner, si c’est le cas cette année, on aura passé un autre cap. Il y aura des petits déclics qui se feront au fur et à mesure. »
Cet esprit de récompense est dans toutes les têtes, comme le confirme aussi Gaby Vernier. « On est une génération qui travaille depuis des années et qui n’a pas de titre à se mettre sous la dent. C’est frustrant pour tout ce qu’on fournit au quotidien pour aller chercher des titres. Mais on n’est pas là à penser tout le temps qu’on ne gagne rien. Au contraire, on se dit qu’on n’est pas favorites mais on sait aussi qu’on n’est pas loin de l’exploit. Ce serait la plus belle des récompenses après tout le travail fourni depuis des années », dit-elle.
« C’est pas du tout une revanche dans le sens où c’est une nouvelle saison, un nouveau groupe, de nouveaux objectifs d’équipe », abonde la troisième-ligne aile Gaëlle Hermet (27 ans, 62 sélections).
Eviter la défaite, encore
« Il y a cette petite boule au ventre, mais pas de stress négatif ; une impatience de jouer en France dans un stade où on va battre le record d’affluence français. Il y a vraiment de l’excitation de pouvoir jouer ce match. On a envie de sortir avec quelque chose au bout. Et on finit sur ça. On a envie de connaître un autre sentiment. »
« On ne veut surtout pas perdre, en fait », insiste la demie de mêlée Pauline Bourdon-Sansus (28 ans, 56 sélections). « C’est surtout l’objectif et forcément on est excitées et impatientes. Il nous tarde de jouer vraiment ce match-là.
« Chaque fois qu’on les rencontre, on essaie de faire la meilleure performance et de les battre. On travaille toute la semaine sur la vidéo, sur nos systèmes à nous pour pouvoir avoir un max de capacités pour les rencontrer. Ce sont des joueuses qui jouent très bien au rugby et elles sont imprévisibles. »
Une victoire à Bordeaux en clôture du Tournoi « enverrait un gros signal pour la Coupe du Monde qui est dans un an », anticipe-t-elle. « Ça serait une performance, donc forcément il faudra le reproduire dans le futur. Ce serait une grosse satisfaction pour nous parce qu’on travaille fort depuis un an et demi. »
