Offensives mais imprécises, les coéquipières de Marine Ménager ont fait face au rideau de fer de la défense écossaise et ont eu toutes les peines du monde à libérer leur jeu. Elles ont enchaîné les passes après-contact (14 à 3) et ont réussi à franchir (7 à 0) mais sont restées trop brouillonnes dans les fondamentaux. 20 fautes de mains et 5 touches perdues, c’était beaucoup trop pour laisser les trois-quarts du XV de France exprimer tout leur talent. Une victoire finale au forceps qui est aussi la marque des grandes équipes.
Dominer n’est pas gagner. Les joueuses de Gaëlle Mignot et David Ortiz l’ont bien compris lors de la première mi-temps du match les opposant à une féroce équipe écossaise. Dominatrices, les Bleues se sont constamment fait contrer dans la zone de marque. Morgane Bourgeois, l’arrière du XV de France, expliquait dans les colonnes du journal L’Équipe les ambitions de jeu tricolore : « Nos avants ont des mains aussi. On a envie d'oser, de tenter des choses. On verra le profil du match et on s'adaptera, mais on ne va pas se brider à jouer dans des circuits plus fermés. » Dès le début de la rencontre, les coéquipières de Manae Feleu ont croisé le fer avec leurs adversaires du jour et ont mis au supplice les Écossaises sur la pelouse synthétique, ultra rapide, de l’Hive Stadium d’Édimbourg.
Inefficacité offensive
Les hôtes du jour ont plié, mais n’ont jamais rompu. À la huitième minute du match, Romane Ménager, dans une forme étincelante, perçait la défense écossaise depuis la ligne médiane, échappait à trois défenseuses, mais était finalement reprise à 5 mètres de la ligne d’en-but. Manque de soutien, le XV du Chardon en profitait pour gratter la balle et récupérer une pénalité… sauve qui peut. Dix minutes plus tard, bis repetita, les Bleues relançaient le cuir depuis leur camp et remontaient tout le terrain. Nassira Konde recevait une passe dans les chaussettes et ne pouvait s’emparer du ballon… nouveau coup d’épée dans l’eau. 27e minute, Pauline Bourdon Sansus, électrique, jouait rapidement une pénalité et s’infiltrait dans la défense adverse. Quelque temps de jeu et une séance de pick and go plus tard, les tricolores s’écroulaient dans l’en-but sans réussir à aplatir.
Coup de froid pour les Bleues
Le rugby peut parfois s’apparenter à une partie d’échecs et à ce jeu-là, les Écossaises se sont montrées particulièrement malignes. Par une fois, le loup est entré dans la bergerie (les 22 mètres tricolores), une fois de trop. Les Bleues étaient finalement punies par le XV du Chardon. Après un premier ballon porté efficace, les Écossaises faisaient le siège de l’en-but tricolore. Pénalisées par l’arbitre de la rencontre, Sara Cox, les tricolores se trouvaient de nouveau sous la pression adverse. D’un nouveau maul dévastateur, conduit d’une main de maître par leur talonneuse Elis Martin, les joueuses de Bryan Easson s’écroulaient derrière la ligne et inscrivaient le premier essai du match (34’, 5-3).
Symptomatique de l’inefficacité du XV de France dans les 22 mètres adverses, sur la dernière action de la première période, les Bleues étaient contrées sur un ballon porté qui fait pourtant leur force.
Le réveil tricolore
Les ailières Marine Ménager et Kelly Arbey se gênaient à la réception d’une passe alors que l’essai semblait tout fait ! Dans la foulée, la jeune ailière du Stade Toulousain, 18 ans seulement, Kelly Arbey allait à dame pour la première réalisation française et redonnait l’avantage à ses coéquipières. Il n’aura fallu que d’un lancement de jeu propre aux Bleues pour faire mouche.
70e minute, nouvelle action bouillante et nouvelle défense héroïque des Écossaises. Après la sirène, le XV de France retrouvait toute sa superbe. Sur une action interminable, les joueuses de Gaëlle Mignot et David Ortiz trouvaient la solution avec Émeline Gros, bien servie entre deux joueuses du XV du Chardon. 5 à 15, score final. Que ce fut difficile pour les Bleues, mais à la fin, c’est la victoire qui prime.
Après une semaine de repos, les Bleues recevront l’Italie au stade Jean Bouin et tenteront de retrouver leurs repères et leur confiance. De son côté, l’Écosse recevra les Red Roses au Hive Stadium d’Édimbourg.