Manaé l’aînée a été confirmée comme capitaine du XV de France féminin par le duo d’entraîneurs Gaëlle Mignot et David Ortiz. Après avoir conduit la France dans une édition déceptive du WXV 1 en Nouvelle-Zélande à l’automne dernier, Manaé Feleu (24 ans, 12 sélections) a été reconduite avec le brassard de capitaine pour ce qui sera le troisième Tournoi des Six Nations de sa jeune carrière (1 sélection comme remplaçante en 2022, quatre en 2023).
Sa maîtrise parfaite de l’anglais a peut-être joué dans la décision finale tant Gaëlle Hermet et Audrey Forlani ; bien que faisant le job, n’étaient pas forcément très à l’aise dans la langue de Shakespeare.
L’an passé, Teani, la deux ans plus jeune sœur de Manaé, figurait dans le groupe de 32 Joueuses mais n’avait pas joué. Cette année pourrait être différente puisqu’elle a été sélectionnée dans le groupe de préparation de ce Tournoi des Six Nations féminin.
Elles ont perfectionné leur rugby en Nouvelle-Zélande
Nées à Mâcon, en Bourgogne, les deux frangines ont grandi à l’autre bout du monde, sur l’île de Futuna, en Polynésie française. Au moment du déménagement, Manaé avait deux ans, Teani n’avait que trois semaines. C’est là-bas qu’elles découvrent la danse, mais la passion du rugby va se révéler plus forte en suivant le père entraîneur sur les terrains.
Manaé a 11 ans, Teani 7. « Quand j’étais petite, pour moi le rugby c’était ce que mon père faisait », raconte Teani aujourd’hui. « Au début je n’étais pas trop attirée par ce sport. J’y allais pour accompagner mon père car je faisais d’autres sports à côté : de la danse, du karaté.
« Et puis un jour, j’ai essayé et j’ai tout de suite accroché. Je suis libre de m’exprimer comme je veux au rugby, je m’éclatais plus, je me défoulais plus. Dès que j’ai commencé le rugby, je savais que c’était le sport que je voulais faire. J’y allais pour me faire plaisir. »
Dans la famille Feleu, le sport est une religion, les parents sont profs d’éducation physique, les quatre enfants font du sport et la voie normale semble être d’aller se perfectionner au pays du rugby, en Nouvelle-Zélande.
C’est du moins là que va Niue, le grand frère, au lycée, puis Manaé et enfin Teani lorsqu’elle a 14 ans. Pour la famille, le rugby et l’anglais vont de pair. « La famille est quelque chose de très important pour nous. On a toujours été proches et dans le rugby j’ai beaucoup retrouvé cet esprit de famille », estime Teani.
Manaé, natural born leader
Lorsqu’elles reviennent en France, Manaé intègre les Amazones à Grenoble et devient vite une des leaders du club. « On est 5 ou 6 à être un peu identifiées comme leaders », dit-elle. « C’est plus un groupe de leaders qu’une capitaine dans l’équipe. On peut s’épauler et on peut se partager la pression. Dans le groupe France en ce moment, je pense que c’est un peu ce que les coachs recherchent à développer : un groupe de leaders pour s’appuyer sur plusieurs et pas seulement sur une seule à un instant T. »
C’est exactement ce que rappelle Gaëlle Mignot lorsque lui est posée la question du capitanat. « On est surtout sur la construction d’un groupe de leaders de plusieurs joueuses qui peuvent avoir des rôles importants dans l'équipe. On a priorisé des choses. Aujourd'hui on en est sur la deuxième phase du projet. Il faut qu’on construise un groupe de leaders. On a commencé à le mettre en place », assure-t-elle.
Teani, elle, arrive un peu plus tard à Grenoble où elle est scolarisée en sports étude dans un premier temps. « Après ma Terminale, j’étais venue deux mois en vacances en France et j’ai participé à un Top 100 et je pense que c’est à ce moment-là que j’ai été repérée », raconte-t-elle.
Teani, un rêve de jouer avec la France
Trois-quarts centre, Teani intègrera brièvement l’équipe de France de rugby à 7 sur un tournoi du World Series et participera à plusieurs stages avec sa grande sœur au sein du XV de France féminin. Retenue dans le groupe pour le Tournoi en 2023, elle n’avait pas été sélectionnée. Cette année semble être la bonne occasion où les deux sœurs, en plus de jouer ensemble en club, pourraient bien se retrouver sur le même terrain international.
« On a toujours voulu jouer ensemble et pourtant on n’a jamais pu jouer ensemble car nous n’étions pas dans les mêmes catégories », raconte Teani. « On se connait bien, on sait comment l’autre joue, c’est facile de pouvoir anticiper ce que va faire l’une ou l’autre. On aime bien. »
Alors que sa sœur compte déjà 12 sélections avec l’équipe de France, Teani attend sagement son tour et fait tout pour y arriver. « Toutes les filles de l’équipe de France sont pour moi des exemples à suivre. Avec l’équipe de France, t’es au plus haut de ta performance, c’est le rêve », disait-elle il y a quelques années.
Désormais, elle est à quelques semaines de, peut-être, pouvoir jouer avec elles dans le Tournoi des Six Nations. (Images: FFR)