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XV de France féminin : «On a besoin de ‘matchs bras de fer’»

FRA v NZL (WXV)
Après une campagne décevante du WXV au Canada, les Bleues espèrent redresser la barre au Tournoi des Six Nations 2025.

Une cinquième place au WXV 2024 au Canada. La même chose que l’année précédente en Nouvelle-Zélande. Et toujours ce manque de justesse du jeu des Bleues et ce sentiment que les formules naguère gagnantes ne fonctionnent plus aussi bien.

Le staff du XV de France féminin n’est pas du genre à mettre la tête dans le trou, mais à faire face à ce qui ne va pas. Et le debrief entamé dès le retour en France lundi 14 octobre n’a pas tardé à livrer ses premiers enseignements.

« Le bilan n’est pas du tout positif. Ce WXV est une grosse déception, en termes de résultat, mais aussi de contenu. On a joué des équipes mieux classées que nous, autre que les USA, et le constat est clair : on n’a pas été invités sur cette compétition », tranche la co-sélectionneure Gaëlle Mignot.

La quatrième place mondiale derrière l’Angleterre, le Canada et la Nouvelle-Zélande ? « On est à notre place », assène son collègue David Ortiz, conscient de la tâche qui les attend avant la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 dans moins d’un an en Angleterre.

« Il faut continuer à construire et faire évoluer. On a besoin de jouer des matchs durs, qui imposent un vrai bras de fer et qui nous imposent à garder le bras de fer le plus longtemps possible dans la partie pour ne pas lâcher », détaille-t-il.

"On a besoin de jouer des matchs durs, qui imposent un vrai bras de fer et qui nous imposent à garder le bras de fer le plus longtemps possible dans la partie pour ne pas lâcher..."

« Comme contre le Canada ou la Nouvelle-Zélande, on est dans le bras de fer jusqu’à un certain moment et à un moment donné on lâche. On a besoin de jouer ce genre de ‘match bras de fer’ et de les tenir jusqu’au bout. De l’inquiétude non, de la remise en question oui, du besoin de travail énormément. »

Pas encore « inquiets ou alarmistes »

Le staff ne répètera jamais assez –il le répète même parfois trop souvent – que le niveau des équipes ne cesse de se resserrer au niveau mondial et que ce qui fonctionnait jadis ne semble plus faire la différence. En clair, il faut changer de logiciel.

« Le niveau du rugby féminin augmente à une allure grand V. Les Irlandaises en sont la bonne représentation », affirme Gaëlle Mignot.

« On a besoin de jouer des matchs de très haut niveau. On a des moments dans le match où on est au coude à coude, on ne passe pas devant et derrière, l’adversaire prend l’avantage. Ce sont ces moments-là, critiques du match, où on ne rivalise pas.

« On n’est pas encore totalement inquiets et alarmistes sur ce point. On reste conscient que dès qu’on perd le momentum du match, dès qu’on perd notre vitesse, dès qu’on perd les éléments que l’on souhaite mettre en place, les adversaires nous punissent très fort.

« De là à dire que les équipes sont plus fortes dans la densité et qu’on ne rivalise plus, ça me parait difficile. Une de nos forces est aussi la vitesse dans notre jeu, d’être capable d’enchainer des temps de jeu et on n’a pas été capables de le faire. On a trois matchs où on n’a pas la possession, donc on ne peut pas mettre en place notre jeu. »

Une volonté de jouer, au risque d’avoir trop de déchet

Le manque de justesse a été criant sur l’ensemble des quatre derniers matchs – si on inclut le match de préparation contre l’Angleterre début septembre – malgré la volonté d’envoyer du jeu.

« Il faut trouver le juste milieu », admet l’ancienne talonneuse internationale (70 sélections entre 2010 et 2018). « Des choses qu’on pouvait faire avant face à d’autres nations, qui passaient très bien, aujourd’hui le fait que le niveau de tout le monde augmente, évolue, la densité, l’adversité est totalement différente.

"L’apprentissage est d’être capable de jauger à quel moment on doit tenter ou pas, tout en gardant la volonté de mettre du volume de jeu car c’est ce qui nous représente."

« Quand tu passes les bras, il faut t’assurer de ta passe. L’apprentissage est d’être capable de jauger à quel moment on doit le faire ou pas, tout en gardant la volonté de mettre du volume de jeu car c’est ce qui nous représente et c’est ce qui nous fera gagner des matchs. On sait faire les gestes, il faut jauger les moments de les faire qui sera positif pour la suite. »

Un secteur sur lequel la France a été particulièrement challengée, c’est sa capacité à résister avec des occasions nettement plus nombreuses de défendre que d’attaquer.

« On a alterné des séquences longues dans lesquelles on met en place, on n’est pas en danger, on ferme bien les extérieurs. Et sur de simples plaquages manqués ou des plaquages très subis on leur redonne la possibilité de nous punir, on prend des essais en première main, à un temps de jeu », regrette David Ortiz en repensant à la défaite face aux Black Ferns.

« C’est ce qui nous coûte le plus cher alors que quand on arrive à défendre sur plusieurs temps on arrive à être en place. La qualité du premier plaquage nous a coûté cher sur ce WXV. »

Le Tournoi pour asseoir le groupe

Même si le staff réclame plus de rencontres de très haut niveau, les 306 jours - soit 10 mois et 2 jours - qui les séparent de la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 (à la parution de cet article) où les Bleues joueront l’Italie, l’Afrique du Sud et le Brésil ne vont pas offrir énormément d’opportunités et le Tournoi des Six Nations 2025 s’avère comme la meilleure qui se présente.

« D’ici la Coupe du Monde, les matchs seront comptés et ce sera difficile d’observer ces équipes-là », constate David Ortiz. « Les Sud-Africaines vont surement venir en France sur les mois de mars/avril. On va essayer de voir à passer un peu de temps avec elles. On se nourrira de ce qu’on aura. »

« Le Tournoi des Six Nations va asseoir le groupe. Il faudra trouver l’équilibre sur les matchs pour avoir cette jeunesse, cette expérience, cette fougue, des plaqueuses, des porteuses pour qu’on ait l’équipe la mieux prête au bon moment », poursuit sa collègue Gaëlle Mignot.

Un match de préparation devrait également avoir lieu contre l’Angleterre en plein cœur de l’été 2025, juste avant que les Red Roses, ultra favorites chez elles, n’entrent en jeu avec un sentiment d’invincibilité. C’est justement cet état d’esprit auquel les Bleues veulent se confronter. Favorites en phase de poule, elles seront outsiders en quart de finale ; le match qu’il ne faut surtout pas manquer.