Sur la pelouse de Twickenham, les Red Roses ont enchaîné une septième victoire consécutive contre la France dans le Tournoi, égalant ainsi leur plus longue série d’invincibilité face aux Bleues (2006-2012). Toutes compétitions confondues, les Anglaises restent désormais sur 15 victoires d'affilée face à la France depuis leur dernière défaite (18-17 à Grenoble en mars 2018) et leur huitième confrontation dans ce stade, dont les quatre derniers. La France ne parvient plus à décrocher la victoire dans cette antre du rugby anglais depuis maintenant dix ans avec un succès 21-15, qui reste leur dernier contre les Red Roses en Angleterre.
Clairement les Anglaises étaient données favorites tant elles marchent sur l’eau. Ceci est leur 34e victoire dans le Tournoi. Record : il s'agit de la plus longue série de victoires de l'histoire du Tournoi, hommes et femmes confondus. Toutes compétitions confondues, les Red Roses enchaînent désormais 25 victoires de rang depuis leur défaite en finale de la Coupe du monde 2021 contre la Nouvelle-Zélande, en novembre 2022, qui avait mis fin à leur record de 30 succès consécutifs.
Le co-sélectionneur David Ortiz avait prévenu juste avant le match : la discipline sera la clé du match. Et c’est clairement ce qui a permis à l’Angleterre de marquer la plupart de ses essais. Trois fois (dont deux en première mi-temps) les Françaises se sont fait gratter de précieux ballon dans la zone rouge sur un contre-ruck. Conquérantes et joueuses, trop souvent elles n’ont pas réussi à concrétiser leurs occasions.
Un coup de pied à suivre de Zoe Harrison sur Abbie Dow qui file aplatir le premier essai de la rencontre à la 3e minute. Et voilà comment les Anglaises ont voulu marquer les esprits dès le début de la rencontre. Mais c’était sans compter sur la détermination des Bleues qui ont répondu dans la foulée après une courte phase de pick-and-go au pied des poteaux et un essai de l’ouvreuse Carla Arbez bien planté permettant à Morgane Bourgeois de réussir sa transformation et de mener au score (5-7, 5e).
Avance de courte durée puisque Emma Sing profitait d’un espace dans la défense étirée de la France (12-7, 7e) après un ballon porté bien exploité à la suite d’une pénaltouche. La recette des Red Roses était simple et appliquée dans les minutes suivantes : pousser les Françaises à la faute, taper une pénaltouche, mettre en place un ballon porté et marquer l’essai, avec Lark Atkin-Davies (17-7, 11e) puis Emma Sing (24-7, 17e). Trois essais coup sur coup sur le même schéma. Redoutable.
Pour le cinquième essai, les Anglaises profitaient d’un carton jaune sur Assia Khalfaoui suite à un plaquage haut pour envoyer Claudia MacDonald derrière la ligne (31-7, 22e). Au même moment que le bunker confirmait la couleur du carton, une mêlée avec introduction française se mettait en place avec les renforts de Rose Bernadou et de la trois-quarts centre Marine Ménager venue consolider la troisième-ligne. Mais alors que les Anglaises récupéraient le ballon sur un contre-ruck, Zoe Harrison manquait sa relance et Pauline Bourdon-Sansus, opportuniste, était récompensée d’être montée vite pour le récupérer et l'aplatir (31-14, 28e).
S’il était encore tôt pour parler d’un début de révolte, au moins cet essai a servi de déclic. Alors que le ballon remontait dans les 22 français, les Bleues le récupéraient suite à une place mal assurée de Claudia MacDonald, d’abord par Marine Ménager puis par Morgane Bourgeois qui réussissait un 50-22. Après un ballon porté vite étiolé, le ballon remontait la ligne jusqu’à ce que Marine Ménager aplatisse (31-21, 37e). Progressivement les Françaises reprenaient confiance à la pause.
« On est dans le bras de fer », assurait la co-sélectionneure Gaëlle Mignot qui appelait à « tenir le ballon pour les mettre à mal » et surtout éviter les fautes « parce qu’on les paie cash ». Malgré une belle entame de seconde période (superbe travail de Joanna Grisez), les Bleues n’étaient pas récompensées. Pire, elles étaient punies par leur seule faute par un sixième essai anglais par Zoe Aldcroft (38-21, 48e). Pas de quoi décourager la France. Kelly Arbey repartait de plus belle en raffutant deux défenseuses, plaçant le ballon idéalement pour permettre la transformation de Morgane Bourgeois et revenir à dix points (38-28, 51e).
Après avoir resserré la défense des Bleues au centre du terrain, un coup de pied de Harrison trouvait Abby Dow, oubliée sur son couloir, pour marquer son deuxième essai (43-28, 57e). Les Françaises n’abdiquaient pas, ne lâchaient rien, même largement distancées. Morgane Bourgeois récompensait un beau travail entamé par la numéro 8 Teani Feleu, récupéraient une merveille de passe après contact d’Axelle Berthoumieu (43-35, 70e).
Joanna Grisez marquait l’essai qui allait ramener les Bleues à un petit point des Anglaises après une course folle où l’ailière, revenue de blessure, était inarrêtable (43-42, 78e).