Après avoir encaissé le premier essai lors des deux dernières journées, l’Angleterre a changé la donne cette fois-ci. Kelsey Clifford a aplati pour la deuxième fois en autant de matchs, après un travail patient au ras sur la ligne des 5 mètres écossaise.
Marlie Packer, bloquée à 49 essais depuis l’automne dernier, a affiché un large sourire en ramassant le ballon pour marquer de près un nouvel essai anglais. La troisième-ligne venue du Somerset atteint ainsi la barre impressionnante des 50 essais. Holly Aitchison a transformé sans trembler : 14-0.
À peine entrées dans le deuxième quart-temps, les Anglaises ont frappé à nouveau : la capitaine Zoe Aldcroft a intercepté une passe tardive d’Helen Nelson, un mètre à l’intérieur du camp écossais, avant de sprinter pour marquer sous les poteaux. Placement du ballon tout en finesse de la part de la troisième-ligne, offrant à sa demi d’ouverture une transformation facile : 21-0.
Le tableau d’affichage affichait 28 points en 28 minutes après qu’Aitchison a servi Claudia MacDonald. L’ailière a transpercé la défense avec une course en zigzag pour inscrire son 19e essai en 33 sélections. C’était l’un des rares essais des lignes arrière en première période, notamment quand la deuxième-ligne Abbie Ward a profité d’une erreur écossaise en touche pour marquer à son tour. Aitchison a continué son sans-faute au pied : 35-0.
Et comme pour enfoncer le clou de la domination du paquet d’avants anglais — au sein même de leur équipe, bien au-delà du seul match — la talonneuse Lark Atkin-Davies a aplati alors que la sirène venait de retentir. Aitchison, toujours impeccable, a signé sa sixième transformation en autant de tentatives. Les Red Roses menaient 42-0 à la pause.
Les Écossaises n’auront qu’une envie : oublier ces 40 premières minutes. En face, les Anglaises ont parcouru la bagatelle de 523 mètres ballon en main, contre seulement 128 pour l’Écosse. Un gouffre.
Seule petite éclaircie pour les visiteuses en deuxième période : elles ont réussi à contenir l’Angleterre pendant dix minutes. Jusqu’à ce que Claudia MacDonald, élue Joueuse du Match, ne s’échappe côté gauche avec une aisance déconcertante pour franchir la barre symbolique des 20 essais en carrière. Aitchison a, bien sûr, transformé : 49-0.
Mieux vaut tard que jamais : l’Écosse a fini par inscrire un essai mérité à l’approche de l’heure de jeu – validé après arbitrage vidéo – avec Lisa Thomson qui a aplati au milieu d’un regroupement compact. Helen Nelson a transformé avec sang-froid : 49-7.
On pourrait chipoter et se demander pourquoi l’Angleterre est restée muette pendant vingt bonnes minutes après la transformation d’Aitchison à la 50e, mais il faut aussi reconnaître que l’Écosse a enfin trouvé un peu de stabilité dans le jeu. Un maigre lot de consolation pour une équipe aux ambitions élevées.
Puis, à la 73e minute, Abby Dow a remis les pendules à l’heure avec un essai venu d’ailleurs. Trois défenseuses écossaises ont tenté, en vain, de l’arrêter sur son aile droite. Elle a tout simplement traversé, comme si de rien n’était. C’était l’essai qui a définitivement éteint les espoirs écossais. Aitchison a manqué la transformation — une première dans ce match — mais difficile de croire que sa confiance en ait pris un coup.
Cinq minutes plus tard, Dow a récidivé, cette fois avec un peu moins de travail, l’Angleterre écartant rapidement dans les 22 mètres pour lui offrir un boulevard en coin. Nouvelle tentative compliquée, nouveau raté pour Aitchison. Score final : 59-7.
Leicester réussit décidément bien aux Red Roses, qui y enchaînent une troisième victoire éclatante après avoir balayé l’Irlande (69-0 en 2022) et le Pays de Galles (56-3 en 1996). Les amateurs de statistiques noteront aussi que l’Écosse ne s’est plus imposée contre l’Angleterre depuis 1999.
Et pendant que la France peinait à battre l’Italie, cette démonstration à Leicester donne l’impression que les Red Roses ont déjà une main sur le trophée. Mais allez savoir… Peut-être que c’est exactement ce que les Bleues attendaient.