Près de 8 000 spectateurs assistèrent à la rencontre au Virgin Media Park de Cork, établissant un record pour un match féminin disputé en autonomie en Irlande – et le spectacle fut à la hauteur.
Dès le premier quart d’heure, chacun sentit que ce match avait tout pour être serré. Aucun point ne fut marqué, les incursions anglaises dans les 22 mètres irlandais se firent rares, et les plaquages d’une intensité remarquable. La vraie question fut de savoir si l’Irlande, outsider du jour, parviendrait à maintenir ce niveau de défi physique pendant 65 minutes de plus.
Si la défense constitua la principale force des Irlandaises dans les vingt premières minutes, ce fut leur attaque, imprévisible et inspirée, qui frappa fort au début du deuxième quart. Après avoir récupéré un lancer en touche mal ajusté, l’ouvreuse Dannah O’Brien ajusta rapidement un petit coup de pied par-dessus. S’engagea alors une course-poursuite entre Abby Dow et l’ailière opposée Amee-Leigh Costigan.
Et ce fut Costigan, nettement plus rapide sur ce coup, qui remporta le sprint pour aplatir et inscrire le premier essai irlandais contre l’Angleterre depuis six ans et demi. À ce moment-là, les Irlandaises menèrent 5-0. Si elles avaient eu le temps d’y croire face à une telle armada, elles auraient pu rêver.
Mais l’Angleterre ne compta pas se laisser surprendre. À la 34e minute, elle fit parler sa puissance sur un maul pour permettre à Morwenna Talling d’aplatir. Zoe Harrison transforma sans difficulté pour donner l’avantage aux Red Roses (5-7), un score que les Irlandaises emmenèrent avec elles au vestiaire.
La vivacité d’esprit et de jambes de Jess Breach faillit permettre à l’ailière anglaise de marquer un essai après moins de 30 secondes en seconde période, mais le TMO l’annula pour un pied en touche. On se demanda alors ce que les entraîneurs anglais avaient bien pu dire à la pause.
L’Irlande connut un premier véritable coup dur avec le carton jaune infligé à la pilier gauche Niamh O’Dowd, sanctionnée pour des fautes répétées en mêlée. Après un en-avant d’Ellie Kildunne dans l’en-but irlandais, l’Angleterre patienta jusqu’à la 48e minute pour trouver l’ouverture, grâce à une percée de Zoe Harrison, qui transforma elle-même son essai : 5-14.
Les Red Roses trouvèrent leur rythme. Abby Dow déboula sur son aile droite avant de servir Meg Jones à l’intérieur pour un nouvel essai, à nouveau transformé par Harrison : 5-21.
Mais face à l’Angleterre, un carton jaune se paye cher. Sarah Bern, entrée en jeu, le rappela avec puissance : elle inscrivit un essai tout en force pour le point de bonus, puis en ajouta un second, dans le même style, avant la 70e minute. Une véritable finisseuse.
Ellie Kildunne confirma ensuite son statut de meilleure marqueuse du Tournoi. Inarrêtable, elle effaça plusieurs défenseuses irlandaises depuis l’extérieur des 22 pour inscrire son quatrième essai de la compétition. Harrison transforma : 35 points d’affilée pour l’Angleterre en seconde période.
Il ne fut pas question pour Sarah Bern d’être la seule première ligne remplaçante à marquer : la talonneuse Kelsey Clifford y alla également de son essai pour signer sa première réalisation en test match, à l’occasion de sa 11e sélection. Holly Aitchison ajouta la transformation : 5-49.
Dix ans après leur dernière victoire contre l’Angleterre, l’Irlande doit encore patienter. Une maigre consolation pour les joueuses de Scott Bemand : elles relevèrent nettement le niveau par rapport au 88-10 encaissé à l’Allianz Stadium l’an passé.
Quant à l’Angleterre, elle put regretter sa première période poussive. Mais sur 80 minutes, sa montée en puissance démontra à quel point il est difficile de rivaliser. C’est aussi cela, la marque des grandes équipes.
Joueuse du match : Maud Muir (Angleterre)