Invaincue dans le Tournoi 2025, la France en est désormais à huit victoires en neuf rencontres face à l’Italie dans le Tournoi des Six Nations féminin. Mais cette victoire il a fallu aller la chercher loin, jusqu'au bout de l'effort. Très indisciplinée, sans vraiment réussir à mettre la main sur le ballon, la France a dû tout reconstruire en seconde période, pas à pas, réussissant, au final, à planter 22 points et à n'encaisser aucun pour remporter la rencontre avec le bonus.

Il ne fallait pas arriver en retard au stade Sergio Lanfranchi de Parme car dès la deuxième minute, la France marquait son premier essai. En sortie de mêlée, Pauline Bourdon-Sansus partait grand côté, Vernier perçait un premier rideau défensif, la demie de mêlée relayait et envoyait Joanna Grisez à la conclusion (0-7). Mais après ce début parfait des Bleues qui maitrisaient parfaitement leur jeu en profitant des nombreuses fautes de main des Italiennes, Madoussou Fall-Raclot écopait d’un carton jaune pour un plaquage haut (7e) ; carton qui allait rester ainsi. Étonnamment, en attendant son retour, c’est la trois-quarts aile Émilie Boulard qui venait renforcer les mêlées remaniées en se plaçant à l’aile de la troisième-ligne du pack.

Même en supériorité numérique, les Italiennes subissaient la pression défensive des Françaises, mais elles allaient vite se reprendre, inversant littéralement le cours de la première période. A quelques secondes de la fin de l’avantage, les Azzurre lançaient un puissant ballon porté conclu par Vittoria Vecchini après une pénaltouche, leur permettant de revenir à hauteur des Bleues. (7-7, 18e).

Rien de tel pour leur redonner de la confiance et une clé pour savoir comment mettre à mal les Françaises : garder le ballon et envoyer leurs avants au feu. Les minutes qui suivaient étaient clairement à leur avantage, maîtrisant la possession (70%), mettant à mal les Françaises, avançant au ras, exploitant au maximum les pénaltouches jusqu’à ce qu’Aura Muzzo ne récompense une grosse séquence offensive (14-7, 25e).

Avec enfin la main sur le ballon, les Françaises repartaient à l'attaque et se payaient de leur deuxième visite dans les 22 adverses par un essai de Morgane Bourgeois. Mais pour la deuxième fois seulement depuis le début du Tournoi, l'arrière manquait son coup de pied (poteau) empêchant la transformation (14-12, 28e).

Deux fois de suite, les Italiennes franchissèrentla ligne, mais deux fois de suite la défense française retenait le ballon avant qu’il ne soit aplati. Forcées à défendre, rendant la possession à la moindre occasion pour se dégager de leur camp, les Bleues avaient du mal à mettre en place leur système, subissant pénalité sur pénalité (10 en première période contre 2 pour les Italiennes) et devant gérer les pénaltouches à répétition. Juste avant la pause, un nouveau ballon porté des Italiennes donnait un nouvel essai par la pilier Silvia Turani (21-12, 40e).

Le constat était clair pour la talonneuse française Manon Bigot : « Trop de fautes, pas assez disciplinées ; du coup c’est très dur de mettre en place notre jeu et notre défense. » Il fallait que la France sorte de cette spirale. C’était alors la première fois depuis le début du Tournoi que les Françaises étaient menées à la pause.

A la reprise, un changement commençait timidement à se dessiner. En dix minutes, les Italiennes avaient pris quatre pénalités (contre une seule pour les Bleues) ainsi qu’une pénalité de Morgane Bourgeois (21-15, 42e). Mais les Françaises manquaient une occasion importante de marquer à la 50e grâce à un bon grattage d’Alyssa D'Inca sur Romane Ménager. C’est à ce moment que le staff décida de changer sa première ligne et la capitaine Manae Feleu en une seule fois.

Reprenant la possession (grattage de Vernier), allant chercher d’autres solutions qu’un simple ballon porté, Romane Ménager marquait en puissance pour reprendre le lead (21-22, 54e). Mais il restait encore tant à faire.

Aucune des deux équipes n’était prête à craquer, grâce à l’apport du banc, aussi performant d’un côté comme de l’autre. A 10 minutes du terme, Bourgeois manquait une pénalité à 40 mètres. Inhabituel. A 8 minutes, nouvelle pénalité, cette fois à 20 mètres ; manquée encore une fois. Les dernières minutes allaient être insoutenables. Les Bleues repartaient, multipliaient les passes dans les 22, mais un en-avant malencontreux redonnait la possession aux Italiennes.

A 5 minutes de la fin, pénaltouche, ballon porté et retenu dans l’en-but italien. Quand ça veut pas, ça veut pas. Par chance, la possession reste française et les tricolores repartent à l’assaut… jusqu’à ce que le ballon soit gratté par les Italiennes, encore une fois.

La libération n’interviendra qu’à trois minutes de la fin par Marine Ménager suite à un ballon perdu. L’essai du bonus offensif au bout de l’effort (21-29) sera suivi deux minutes plus tard par une ultime réalisation d'Alexandra Chambon, scellant définitivement cette victoire au goût amer (21-34).