Rapport de match

IMMENSE OUF DE SOULAGEMENT POUR LES BLEUS

Louis Bielle-Biarrey try
Jamais la France n’avait perdu trois matchs consécutifs sous la direction de Fabien Galthié. S’ils ont frôlé la catastrophe, les Bleus ont fait de l’Écosse leur exutoire en l’emportant 16 à 20.

« Les grandes équipes ne répètent pas deux fois les mêmes erreurs » assénait Grégory Alldritt à la veille de la rencontre. Les consignes étaient claires. Les joueurs de l’équipe de France allaient nous offrir un nouveau visage. Tout n’a pas été parfait, mais il y a eu du mieux notamment dans la détermination et le défi physique. La fin de match nous a rappelé combien les fondations étaient encore fragiles… mais au final, la victoire prime sur la manière.

Dans les derniers instants du match, le temps s’est arrêté. Les pick and go écossais ont fait plier le rideau bleu et, dans un dernier effort, un Écossais franchissait la ligne d’en-but tricolore. Le souffle court, les trente joueurs sont restés suspendus à la décision de l’arbitre, Nic Berry. Au bout du suspense, l’essai était finalement refusé, le match remporté par le XV de France !

Un premier acte accroché

On s’y attendait et force est de constater que les joueurs ont respecté à la lettre le plan de jeu prévu. Le premier acte s’est transformé en un véritable combat de boxe, le terrain en un ring. Pas de round d’observation. Les deux équipes se sont rendu coup pour coup. Les Bleus ont été les premiers à vaciller en recevant le premier uppercut du match.

À la réception d’une chandelle mal réceptionnée par Matthieu Jalibert, les Écossais en profitaient pour lancer la cavalerie. Toute la ligne de trois-quarts virevoltait dans la défense tricolore, Huw Jones redonnait intérieur pour son numéro neuf Ben White, qui s’en allait aplatir le premier essai de la rencontre (7’, 7-0). À la 11e minute, Thomas Ramos ouvrait le score pour les Bleus (7-3), Finn Russell répliquant par deux fois (20’, 29’, 13-3).

Les Bleus étaient tout proche d’inscrire un essai à la 14e minute par l’intermédiaire de Gaël Fickou qui, après avoir percé le rideau écossais, oubliait de servir Louis Bielle-Biarrey… un coup d’épée dans l’eau. Bis repetita à la demi-heure de jeu. Les Français assiégeaient l’en-but du XV du Chardon avant que Maxime Lucu n’écarte le cuir à l’aile de Gaël Fickou, qui n’avait plus qu’à allonger les cannes pour inscrire le premier essai des Bleus (31’, 13-10). Trop indisciplinés en fin de premier acte, les Bleus subissaient à nouveau la pression écossaise et Atonio, auteur d’un placage à l’épaule, était sanctionné d’un carton jaune (37'). Audacieux, les joueurs de Gregor Townsend décidaient de privilégier un essai plutôt qu’une pénalité face aux perches. Héroïques en défense, les coéquipiers de Grégory Alldritt ont fait le dos rond pour finalement renverser la mêlée écossaise et rentrer au vestiaire au contact.

Et le match devenait brouillon

Après un premier acte âpre, accroché, le retour des vestiaires était plus compliqué pour les joueurs. Damian Penaud, peu servi pour sa 50e sous le maillot tricolore, devait sauver la patrie et aplatir dans son en-but (49’). « On s’en sort bien » lâchait Dimitri Yachvili dans un ouf de soulagement avant que Mathieu Lartot ne rétorque « c’est un peu la phrase du jour : on s’en sort bien ! ».

Les maux bleus ne pouvaient pas résonner plus fort quand, à la suite d’un grattage anodin, Grégory Alldritt, capitaine en l’absence d’Antoine Dupont, était contraint de sortir sur civière, touché au genou.

Et puis le match s’est résumé à un long round d’observation. Les 22 mètres des deux camps devaient se sentir bien seuls. D’un match de boxe, la rencontre se transformait en un duel de ping pong rugby, les rares relances étaient imprécises, le match haché. Jonathan Danty (53’) puis Damian Penaud (54’) commettaient un en-avant symptomatique d’une deuxième mi-temps brouillonne. Une situation de hors-jeu plus tard, Finn Russell sanctionnait les Français (57’, 16-10).

Une fin de match irrespirable

C’était sans compter sur un éclair signé Louis Bielle-Biarrey qui d’un magnifique coup de pied par-dessus pour lui-même s’en allait inscrire un essai magique (70’, 16-15). Thomas Ramos à la transformation, les Bleus prenaient le score pour la première fois du match. Impeccable au but, l’arrière ajoutait trois points supplémentaires à quatre minutes de la fin de la rencontre (16-20). Alors que l’on pensait le match plié, à la 78e minute, Kyle Rowe décidait de s’offrir un numéro de soliste monstrueux repris in-extremis par Matthieu Jalibert. Simple avertissement de ce qui allait suivre.

Dans la confusion la plus totale, à la suite d’une mêlée française, Finn Russell récupérait le cuir à 5 mètres de l’en-but. Une séance de pick and go irrespirable plus tard, les Écossais franchissait l’en-but tricolore.

Et le temps s’arrêta. Nic Berry fit appel à la vidéo avec un message clair : décision terrain pas essai. Le public écossais poussa et plaida sa cause à plein poumon. Les minutes s’écoulèrent. Nic Berry prit son temps pour analyser la situation et décider du sort du match. Cinq interminables minutes plus tard, il refusa l’essai écossais et siffla la fin de la rencontre. Les Bleus pouvaient souffler.

Si les joueurs de Fabien Galthié ont répondu présent en Ecosse, il n’ont pas pour autant réalisé une grande performance. Sur le plan offensif, les coéquipiers de Gaël Fickou ont rendu une pâle copie. La fougue et la jeunesse des remplaçants ont fait du bien aux Français. Dans deux semaines, les Bleus accueilleront l’Italie, l’occasion pour Fabien Galthié de lancer la jeunesse ?