S’il y a bien un poste où l’on note une profusion de joueurs de talent au sein du XV de France, c’est bien la troisième-ligne. Ok, aux autres postes aussi, mais particulièrement en troisième-ligne. Et pour le Tournoi des Six Nations 2025, le forfait du taulier Charles Ollivon en raison d’une rupture des ligaments croisés, ne résout pas complètement le dilemme.
Il ne reste plus que quelques jours au staff de Fabien Galthié pour confectionner la première liste des 42 joueurs qui seront mobilisés sur le Tournoi. Et le casse-tête ne fait que commencer.
Lors des Autumn Nations Series, pas moins de onze troisièmes-lignes avaient été convoqués : François Cros, Anthony Jelonch, Lenni Nouchi, Pierre Bochaton, Paul Boudehent, Charles Ollivon, Grégory Alldritt, Alexandre Roumat, Marko Gazzotti, Killian Tixeront et Temo Matiu. Seuls Jelonch, Nouchi, Bochaton, Tixeront et Matiu n’avaient pas été utilisés.
Galthié avait choisi de faire tourner ses cadres, reléguant Ollivon sur le banc contre la Nouvelle-Zélande ou se passant des services d’Alldritt contre l’Argentine. On y avait vu un déclassement ; il avait expliqué le besoin de renouvellement. « Il y a une volonté de créer l’émulation pour certains et de la régénération pour d’autres. On ne s’arrête pas à cette tournée d’automne. Il y a une vision : il y a le Tournoi en 2025 avec un déplacement en Irlande et en Angleterre ; derrière, il y aura la Coupe du Monde en Australie », avait-il alors justifié. Deux mois plus tard, que nous réserve le sélectionneur ?
N° 8 : un fauteuil pour quatre
Au poste de troisième-ligne centre, le staff a l’embarras du choix avec Grégory Alldritt, Alexandre Roumat (également troisième-ligne aile) et Marko Gazzotti. Voire même Anthony Jelonch (troisième-ligne mais avec 27% de ses sélections au centre) qui a manqué la tournée de novembre et qui est désireux de montrer qu’il est en train de revenir à son niveau. Si Roumat (6) et Gazzotti (1) ont vécu leurs premières capes en 2024, Alldritt, capitaine des Bleus sur le Tournoi 2024, en compte 51. Mais cette expérience, on l’a vu, ne garantit pas au Rochelais de figurer dans la liste des 23 du jour du match.
« J’ai aussi beaucoup de concurrence en club ; ça te pousse un peu tous les jours », a-t-il raconté sur RMC. « Cette tournée m’a fait énormément de bien. Ça m’a mis un peu en reset. Je repars à zéro, avec beaucoup d’insouciance sans me poser 600 questions. Je travaille très dur physiquement, j’ai fait de gros progrès sur les dernières semaines et le week-end je retrouve beaucoup de plaisir, je me régale. Ça complique le choix au staff. »
Alldritt, qui avoue qu’il est proche de son meilleur niveau, sera incontournable. En revanche, victime d'une lésion musculaire à l'entraînement, Alexandre Roumat est absent des terrains pour deux à trois semaines et devrait pouvoir revenir à temps pour préparer le premier match contre le Pays de Galles le 31 janvier. Mais sera-t-il en état pour postuler dès la première journée ?
Pallier l’absence de Charles Ollivon
Forfait contre les All Blacks, puis touché à l’épaule quelques semaines plus tard, François Cros a repris le chemin de la compétition depuis la mi-décembre. Titulaire sur les 11 matchs qu’il a disputés cette saison, il a vécu neuf victoires et ne compte pas s’arrêter là. Paul Boudehent pourrait profiter du forfait d’Ollivon pour prendre plus de temps de jeu, lui qui se caractérise par ses performances de plus en plus abouties au cours de ses 14 sélections en bleu (depuis août 2023) : deux défaites seulement et trois essais, tous marqués lors des Autumn Nations Series (un doublé contre le Japon, un essai contre la Nouvelle-Zélande).
On compte aussi deux prétendants à ronger encore leur frein et à travailler en coulisses pour gagner leur place. C’est notamment le cas du capitaine champion du monde U20 Lenni Nouchi, deux sélections lors de la tournée en Amérique du Sud en juillet 2024. C’est également le cas de Pierre Bochaton, le troisième-ligne aile de Bordeaux-Bègles, présent sur tous les rassemblements des Bleus, qui attend toujours sa première sélection internationale. Actuellement blessé, il aurait une chance de revenir pour la fin du Tournoi.
Des surprises à attendre ?
En plus de cette profusion de joueurs, Galthié pourrait bien compléter la liste avec une ou deux surprises dont il a le secret. D’abord l’arrivée d’Oscar Jegou – malgré ses ennuis judiciaires en Argentine suite à des accusations de violences sexuelles – qui a le mérite d’être polyvalent de chaque côté de la troisième-ligne. Ensuite la présence de Mickaël Guillard qui peut couvrir la deuxième et la troisième-ligne – blessé à la cheville le 1er décembre, il devrait pouvoir revenir dans le courant du mois de février.
Mais surtout Temo Matiu (23 ans), la nouvelle pépite de l’UBB, pouvant jouer à tous les postes de la troisième-ligne, voire même ailier (une seule fois en mars 2023 sous les couleurs de Biarritz quand tous les ailiers étaient à l’infirmerie). Tout juste remis d’une commotion qui l’a éloigné des terrains pendant trois semaines, la jeune recrue de Bordeaux (il a signé pour trois saisons) n’en finit pas d’impressionner. Sur les 12 matchs qu’il a disputés jusqu’à présent, il a été titulaire 7 fois et a marqué 4 essais. Galthié l’avait fait venir à Marcoussis à la mi-novembre pour préparer le dernier match de la tournée face à l’Argentine. Matiu remplaçait alors son ami d’enfance, Lenni Nouchi, mais il n’avait pas joué. La date de son retour à Marcoussis ne devrait pas être si éloignée.