Beaucoup d’entre eux foulent déjà les pelouses du Top 14 et de la Pro D2. Les plus précoces ont sauté l’étape de la Coupe du monde U20, et ont directement été convoqués par le staff de Fabien Galthié pour préparer le mondial. Si Émilien Gailleton a pu goûter au maillot bleu lors du Summer Nations Series avec une titularisation contre l’Écosse, Louis Bielle-Biarrey s’est carrément fait une place au soleil à l’aile du XV de France pendant la Coupe du monde.
L’équipe de France U20 est un tremplin pour ces jeunes joueurs. Elle représente l’excellence de la formation dans l’hexagone. Elle met en lumière les diamants bruts qui restent à polir. La liste est longue de ceux qui ont brillé chez les jeunes avant de crever l’écran sur la scène internationale. On peut citer : Antoine Dupont, Matthieu Jalibert, Damian Penaud ou encore Peato Mauvaka.
Sur le devant de la scène
Parmi ces nouvelles générations, une en particulier, est en train d’engendrer un monstre. C’est celle de 2004 qui semble n’avoir ni limites, ni faiblesses. Ils sont 16 à avoir disputé la Coupe du monde U20 cette année en Afrique du Sud. Pourtant, ils ont un an d’avance. Et à cet âge-là, les différences d’expérience, de physique et de puissance sont énormes.
S’ils ne semblent pas avoir de limites, le manager du XV de France U20 s’efforce de faire garder les pieds sur terre à cette génération d’archanges, bercée au cœur d’un terrain de rugby. Condition essentielle lorsque l’on souhaite toucher la lune et la sélection chez les grands du XV de France. Sébastien Calvet souhaite faire perdurer ce qu’il appelle « l’esprit bleu ». C’est-à-dire l’amour du maillot. Être capable de repousser ses limites lorsque l’on foule la pelouse vêtu de la tunique tricolore.
« Avoir la jeunesse française qui montre de belles valeurs de combativité, de solidarité, de joie de vivre et qui soit capable, loin de ses bases, de rendre fiers des familles et les amateurs du rugby français en gagnant un 14 juillet, c’est extraordinaire. D’ailleurs, beaucoup de messages venus de France nous ont démontré que ce symbole comptait beaucoup pour tout le monde. Cela prouve que l’on a encore une âme dans notre patrie et on est fiers que le rugby puisse générer tout ça », s’enthousiasme Sébastien Calvet après la victoire des Bleuets lors du mondial.
Six ans que les Bleuets attendent de remporter le Six Nations
Cette année, le XV de France U20 s’avancera forcément en favori du Tournoi. Défaits en Irlande l’an passé, les Bleuets pourront prendre leur revanche, à domicile, le samedi 3 février, pour leur entrée dans la compétition. Trois matchs à domicile (contre l’Irlande, l’Italie et l’Angleterre) et deux déplacements (en Écosse puis au Pays de Galles), les hommes de Sébastien Calvet sont vernis. Ils pourront compter sur un public qui devrait répondre présent. Attention cependant, le faux pas est interdit tant les attentes sont grandes.
Cette équipe de France devrait s’appuyer sur ses 16 mondialistes nés en 2004. Le plus fou dans cette histoire, c’est la diversité des postes occupés par ces jeunes pousses.
Revue d’effectif
Chez les avants
Pilier gauche : Lino Julien (Racing 92)
Pilier droit : Thomas Duchêne (ASM Clermont Auvergne) et Zaccharie Affane (Union Bordeaux-Bègles)
Talonneur : Barnabé Massa (FC Grenoble) et Thomas Lacombre (Stade Toulousain)
2 ligne : Posolo Tuilagi (Perpignan)
3 ligne : Brent Liufau (Section Paloise), Andy Timo (Stade Français), Marko Gazzotti (Union Bordeaux-Bègles), Mathis Castro-Ferreira (Stade Toulousain) et Noa Zinzen (Racing 92)
Du côté des trois-quarts
Demi de mêlée : Léo Carbonneau (CA Brive)
Demi d’ouverture : Hugo Reus (Stade Rochelais)
Centre : Maxence Biasotto (CA Brive)
Triangle arrière : Mathis Ferté (CA Brive) et Théo Attisogbé (Section Paloise)
La grande réussite de la formation française
La formation est mise au premier plan avec des joueurs formés dans toute la France et évoluant désormais dans huit clubs de Top 14 et deux équipe de Pro D2. « Cela serait surprenant que sur les seize joueurs nés en 2004, il n’y en ait pas beaucoup d’entre-eux, voire la totalité qui ne reviennent pas. S’exclame le manager des Bleuets. On va les suivre de près à travers nos visites dans les clubs et nos supervisions des compétitions nationales. Mais ils ont marqué des points parce qu’ils ont été performants sur cette Coupe du monde. »
Des visages désormais connus des passionnés de rugby qui vont peu à peu se faire découvrir du grand public. Leurs performances en club sont de plus en plus scrutées.
Hugo Reus, demi d’ouverture du Stade Rochelais, qui a pour idole un certain Jonny Wilkinson, n’en finit plus d’épater les supporter Jaune et Noir. Il faut dire que le jeune homme, originaire de Dordogne et qui a fait ses classes avec les espoirs de La Rochelle, a réalisé des débuts fracassants avec son club en fin de saison dernière. Depuis le début de saison, il enchaîne les prestations de haut vol. Contre Bayonne, lors de la 6 journée de Top 14, alors qu’il vient tout juste de rentrer en jeu, Hugo Reus a au bout du pied la pénalité de la gagne : 40 mètres excentrés. Le jeune prodige ne tremble pas et offre la victoire aux siens. Le public de Marcel Deflandre peut exulter.
Posolo Tuilagi fait aussi des ravages dans les défenses adverses autant qu’il cale la mêlée perpignanaise. 194 cm pour 149 kg, la génétique fait parfois naitre des géants. Mais dans la grande lignée des Tuilagi, la différence est la norme. Son père, Henry Tuilagi, 1m86 pour 135 kilos, est lui aussi une force de la nature. Il a brillé sous les couleurs samoanes (10 sélections), remporté le championnat d’Angleterre avec les Leicester Tigers (2007), le Top 14 avec Perpignan (2009) avant de mettre un terme à sa carrière en 2014. Posolo Tuilagi rêve forcément d’un palmarès au-moins aussi grand.
Depuis le début de saison, Mathis Ferté brille avec le CA Brive. 6 essais marqués en 10 journées de Pro D2, le voilà propulsé à la troisième place des marqueurs de la saison.
Le Six Nations pour préparer la Coupe du monde
Quatre éditions que les Bleuets n’arrivent pas à s’adjuger le Tournoi. Preuve aussi de la densité du rugby européen. En 2018, Romain Ntamack, Demba Bamba ou encore Pierre-Louis Barassi s’étaient adjugés la gagne sans pour autant réussir à enlever le Grand Chelem.
« L’année prochaine, nous allons revenir avec une ossature qui, cette fois-ci, voudra défendre un titre contrairement à la génération de cette année, qui l’a souvent dit, n’avait pas gagné les titres précédents, prévient Sébastien Calvet. L’objectif d’une telle compétition est d’apporter de l’expérience aux joueurs pour les préparer au mieux à jouer, peut-être plus tard, dans la grande équipe de France. »
Forcément le Six Nations apparaît comme une grande répétition technico-tactique pour Sébastien Calvet et son staff. Le moyen pour lui de revoir ses joueurs, d’appeler de nouveaux talents et de faire briller encore un peu plus les générations de jeunes sur la scène internationale.