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Les All Blacks joueront face à des Bleus « premium » le 16 novembre

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En huit mois de temps, la France jouera les All Blacks deux fois.

Mais ce ne sera pas la même équipe qui jouera au match aller (le 16 novembre au Stade de France) et au match retour (en juillet 2025 en Nouvelle-Zélande).

La fédération française de rugby (FFR) et la ligue nationale de rugby (LNR) sont tombées d’accord début octobre sur la libération des joueurs en vue des tests avec un objectif : privilégier le Top 14.

Une approche radicalement différente de ce qu’il se passe en Nouvelle-Zélande ou en Irlande par exemple où la sélection nationale prend le pas sur les provinces. Aujourd’hui l’Irlande est n°1 mondial et la France 4e.

Qui sont les « premium » ?

Sur les 100 joueurs que le staff tricolore suit régulièrement, seulement 20 ont acquis le statut de joueurs dits « premium. Ces joueurs peuvent être mobilisés sans difficulté sur le Autumn Nations Series comme sur le Tournoi des Six Nations.

La moitié d’entre eux joue au Stade Toulousain (Cyril Baille, Julien Marchand, Peato Mauvaka, Thibaud Flament, Emmanuel Meafou, François Cros, Anthony Jelonch, Antoine Dupont, Romain Ntamack et Thomas Ramos) qui a remporté le Top 14 l’an passé.

Les autres se répartissent entre cinq clubs : le Stade Rochelais (Reda Wardi, Uini Atonio et Grégory Alldritt), Lyon (Romain Taofifenua), le RC Toulon (Charles Ollivon), le Racing 92 (Nolann Le Garrec et Gaël Fickou), et l’Union Bordeaux-Bègles (Matthieu Jalibert, Yoram Moefana et Damian Penaud).

Le sélectionneur Fabien Galthié devrait largement puiser dans ce vivier pour accueillir comme il se doit les All Blacks le 16 novembre et aligner sa meilleure équipe du moment.

Un long championnat

A partir du 26 octobre, soit 14 jours avant le premier match contre le Japon (9 novembre au Stade de France), 42 joueurs (sur les 100 suivis) composant le groupe France auront commencé à retravailler ensemble en respectant la nouvelle convention entre clubs et équipe nationale.

La saison de Top 14 est longue : 26 journées de saison régulière puis trois journées de phases finales, soit une compétition qui court du mois d’août au mois de juin avec 188 matchs en tout. Le Top 14 est le plus long (et souvent cité comme le plus dur) championnat national au monde.

A titre de comparaison, le Gallagher Premiership en Angleterre compte 18 journées de saison régulière plus deux journées de phases finales (93 matchs en tout) et le Super Rugby Pacific court sur quatre mois (91 matchs). Seule la League One japonaise fait figure d’exception avec 24 équipes en 552 matchs entre août et mai.

Préserver les joueurs les plus sollicités

Face aux sollicitations du Top 14, mais aussi des tests et des rencontres européennes (Champions Cup et Challenge Cup), la FFR et la LNR ont décidé, comme avant la Coupe du Monde de Rugby 2023, de préserver les joueurs les plus sollicités.

« Les périodes internationales d'été 2025 et 2026 s’inscrivent dans un cycle de préparation pour la Coupe du Monde 2027 avec une approche centrée sur la gestion des joueurs les plus sollicités et sur la construction progressive de l’effectif », affirment les deux instances qui régissent le rugby en France.

Par conséquent, « les finalistes du Top 14 ne seront pas sélectionnés pour ces périodes internationales ». La tournée d’été 2025 en Nouvelle-Zélande se fera donc avec des joueurs moins sollicités qui sont censés incarner la future génération de joueurs du XV de France, à défaut de l’actuelle.

Une tournée sans les « premium »

Si ces finalistes de 2025 sont le Stade Toulousain et l'Union Bordeaux-Bègles, comme la saison dernière, cela signifierait non seulement l'absence d’Antoine Dupont, mais aussi celle de quatre des cinq meilleurs demis français - Dupont et Maxime Lucu à la mêlée, Romain Ntamack et Matthieu Jalibert à l’ouverture.

Les supporters néo-zélandais n'auraient pas l'occasion de voir à l'œuvre les ailiers Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey, les talonneurs Peato Mauvaka et Julien Marchand, ainsi que le colosse Emmanuel Meafou (1,80 m, 1,45 kg) en deuxième-ligne.

Soit autant de joueurs qu’on devrait retrouver en revanche sur le Autumn Nations Series et le Six Nations.

Or, la fédération néo-zélandaise de rugby, qui a dévoilé un trou de près de 9 millions de NZD$ (5 millions d’euros) en juin comptait sur ces têtes d’affiche pour renflouer en partie ses caisses.

Le GOAT contesté

Autre point de crispation, ici-bas, le statut de « meilleur joueur du monde » attribué à Antoine Dupont dans l’hémisphère nord qui est fortement contesté dans l’hémisphère Sud. A ce jour, le demi d’ouverture international de 27 ans n’a participé qu’à une seule tournée dans le Sud au fil de sa carrière à un moment où il était loin d’avoir éclos.

Les 24 minutes qu’il a passées sur le banc contre les Springboks en Afrique du Sud en 2017 restent sa seule participation à un test en dehors de l’Europe (en dehors de la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon). C’était au sein d’une équipe de France qui avait perdu la série 3-0 face aux Springboks.

Antoine Dupont n’a jamais défié les All Blacks chez eux. Sur ses 52 sélections à ce jour, il a joué contre la Nouvelle-Zélande à trois reprises seulement et a remporté la victoire deux fois : 40-25 en 2021 au Stade de France, puis 27-13 deux ans plus tard au même endroit en ouverture de la Coupe du Monde de Rugby 2023.

Pour les Néo-Zélandais, tant qu’il n’aura pas joué et gagné en Nouvelle-Zélande, il ne sera pas considéré comme le GOAT. Une première réponse leur sera néanmoins apportée le 16 novembre, mais toujours au Stade de France.