Dire que les deux équipes sont dans une mauvaise passe, c’est un pléonasme. Avec trois défaites côté gallois, une victoire, un nul et une défaite côté français, les équipes sont même en plein doute, coincées entre le ventre mou et le bas de tableau de cette édition 2024 du Tournoi des Six Nations à deux journées de la fin.
Alors, que doit-on attendre de cette 104e rencontre entre les deux équipes ?
Une nouvelle génération
Après les départs de Ken Owens, Taulupe Faletau, Justin Tipuric, Alun Wyn Jones, Dan Biggar et Liam Williams, et de Rhys Webb et Louis Rees-Zammit pour d’autres raisons, le Pays de Galles tente de lancer une nouvelle génération déjà prometteuse avec un œil rivé sur Australie 2027, à l’image de son jeune capitaine de 21 ans, le deuxième ligne Daffyd Jenkins (15 sélections).
La France de son côté tente de retrouver la formule de la gagne avec un staff remodelé en profondeur autour du même sélectionneur Fabien Galthié. Mais les absences notables de cette année – Dupont, Ntamack, Jelonch… - pèsent lourd et ce n’est pas fini. Le banc est prometteur mais pas encore confirmé dans le grand bain.
Le Tournoi de cette année rebat donc les cartes pour tout le monde. Les deux équipes feront face à une bonne part d’inconnu.
La domination physique
Une chose est sûre cependant, c’est l’intensité qui sera mis dans la rencontre des deux packs. Un combat que le deuxième-ligne gallois, Will Rowlands, anticipe déjà. En tant que seul joueur de l’équipe qui évolue en France (il a rejoint le Racing 92 à l'issue de la Coupe du monde), il s’attend à 80 minutes physiquement difficiles.
« Je pense que l'engagement physique est un élément avec lequel nous serons prêts à nous mesurer. Nous avons une grande équipe devant, alors il faut la mettre à contribution », a-t-il estimé.
« Le rugby est beaucoup plus facile si vous pouvez compter sur vos avants. C'est un cercle vertueux et c'est sur quoi nous travaillons.
« La France est une équipe bourrée de qualité, et je le vois dans le championnat (le Top 14, ndlr). S'ils sont dans un bon jour, il n'y a aucune raison pour que nous ne voyions pas ce week-end une performance française comme celle que nous avons connue au cours des six derniers mois. »
La France aussi s’attend à de l’engagement de la part des Gallois, capables de marquer la majorité de leurs essais sur ballon porté, de presque renverser un match en vingt minutes
comme ils l’ont montré face à l’Ecosse en début de Tournoi (même si physiquement ils ont fini par peiner).
Mais en difficulté en défense, en mêlée (gare à l’axe droit Atonio-Meafou à 300 kg !) et en franchissements, voici autant de failles que les Bleus vont pouvoir exploiter pour se rassurer.
Cruel besoin de victoire
Car la France a un sérieux besoin de se remotiver et William Servat, entraîneur en charge des avants et qui fait figure de sage vétéran dans ce nouveau staff des Bleus, sait plus que quiconque ce qu’apporterait une victoire dans ce contexte. « On en a besoin pour se retrouver », concède-t-il.
Autre vétéran à porter haut le positivisme, Gaël Fickou (88 sélections). « Je suis convaincu qu’à très court terme on sera redoutables et très durs à gagner », a-t-il martelé dans la semaine, en écho à son sélectionneur. « Je sais qu’il y a du talent, je sais qu’il y a des joueurs compétents, un staff compétent et qu’on va réussir à relever la tête.
« En tout cas il ne faut rien lâcher et il faut se battre. Il faut que tous on élève notre niveau de jeu, que tous on se remette en question pour être meilleurs et aller dans le sens du staff. Car si on écoute ce qu’ils nous disent, on gagnera des matchs. »
L’avantage du terrain
Reste que le Pays de Galles aura l’avantage du terrain à Cardiff dimanche 10 mars. « Pour moi, c’est l’un des plus beaux stades au monde », a reconnu William Servat dans la semaine.
« Avec ce toit fermé, tu as l’impression d’être dans un gymnase où il y a des milliers de personnes. Cela donne une ambiance extraordinaire. Rentrer sur cette pelouse, ça donne des frissons. Parfois on n’arrive pas à se parler tellement il y a du bruit, c’est une ambiance incroyable avec des chants durant tout le match. Ce public apporte clairement un supplément d’âme à cette équipe. »
Pourtant, dans l’ère du Tournoi des Six Nations (depuis 2000), le Pays de Galles a reçu chez lui à Cardiff la France à 13 reprises, d’abord sous l’appellation du Millenium, puis au Principality. La France en est repartie victorieuse sept fois et le Pays de Galles cinq fois dont la dernière d’un point en 2018.
Tous stades confondus, la France est sur une série de cinq victoires consécutives (depuis la Coupe du Monde de Rugby 2019 à Oita en phase de poule), soit la plus longue série de victoires entre les deux nations depuis les 12 de rang entre 1983 et 1992.