Entre deux fenêtres internationales, les matchs s’enchaînent avec des enjeux différents en fonction des échéances pour les joueurs. Au sortir de l’Autumn Nations Cup et en attendant le Tournoi des Six Nations, les journées de Top 14 s’intercalent avec le début de la Champions Cup. La France est réputée pour ne pas beaucoup laisser respirer ses joueurs, mais la tentation pour ces compétiteurs d’aller toujours plus haut et toujours plus loin est trop tentante.
Le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié lui-même avait mis en lumière la charge de travail colossale que subissent ses joueurs dits « premium » au fil de la saison. Il le confiait alors en plein milieu des Autumn Nations Series, rappelant que les joueurs sont sollicités pour un enchaînement impressionnant de rencontres.
En Top 14, une équipe joue 26 matchs par saison, auxquels s'ajoutent quatre rencontres de poule en Champions/Challenge Cup. Il est possible d'ajouter jusqu'à trois matchs à élimination directe en Top 14 et quatre en Champions/Challenge Cup. En tenant compte des six matchs du Top 14 où les internationaux sont absents (en raison du Tournoi des Six Nations), un joueur pourrait ainsi potentiellement jouer jusqu'à 31 matchs en club et 12 matchs internationaux maximum par saison, soit un total de 43 matchs dans la saison. « Nous, on avait tablé sur trente-cinq, ce qui est déjà énorme », affirmait Fabien Galthié.
Changer de focus
Il y a deux ans, la Rugby Players Association appelait à limiter le nombre à 30 matchs par joueur pour éviter tout risque de blessure. Reste que lorsque l’on est compétiteur, on a parfois du mal à s’arrêter si on n’y est pas forcé, tant le plaisir de se retrouver sur le terrain et de gagner des titres est fort.
Aussi, avec le lancement d’une nouvelle saison de Champions Cup et Challenge Cup, les joueurs voient de nouvelles opportunités de se challenger, voire de relancer leur saison. « Je pense que cette compétition arrive dans un bon moment pour nous, pour changer un peu notre ‘focus’ », reconnaît le deuxième-ligne gallois (33 ans, 33 sélections), passé au Racing 92.
C’était d’ailleurs un peu le fruit de la réflexion qu’Antoine Dupont avait mené avant de switcher à sept en 2024 pour se focaliser sur les Jeux olympiques de Paris tout en poursuivant sa quête de titre avec Toulouse en Top 14 et Champions Cup. Une manière de se régénérer.
Comme l'a souligné l'ancien international Yoann Huget (37 ans, 62 sélections entre 2010 et 2019), la Champions Cup « est une compétition qui permet de régénérer le côté monotone du Top 14 où ça ferraille beaucoup, ça combat beaucoup ».
Il insiste sur le fait que les matchs de cette nouvelle compétition offrent un jeu plus ouvert, souvent arbitré par des étrangers, ce qui permet aux joueurs de sortir du cadre intensif et combatif du championnat national. Pour lui, cela constitue également une véritable opportunité de renouveler les énergies au sein du groupe.
L’occasion de tester de nouvelles choses
Le talonneur du Stade Toulousain Peato Mauvaka ne dit pas autre chose. « Il y a beaucoup de hâte à retrouver cette compétition. C'est toujours un niveau au-dessus du Top 14, on aime ces matchs-là », confie-t-il. « On sait qu'on est attendus après avoir gagné la saison dernière. Ça va dépendre de la force du groupe, de ce qu'on a envie de faire.
« Si on veut continuer à écrire l'histoire ou si on se contente de deux Coupes d'Europe (2021 et 2024 pour la génération actuelle). Je pense que tout le monde veut remporter encore d'autres trophées. Il faudra le montrer ce week-end. On est beaucoup à être revenus du circuit international. »
Lui-même voit dans l’enchaînement de compétitions un excellent moyen de tester de nouvelles choses, appliquer de nouvelles consignes, se remettre en question. On l’a vu sur les Autumn Nations Series, son ultra polyvalence lui a valu de commencer un match comme talonneur, de le finir comme troisième-ligne, tout en le voyant partir à l’aile à certains moments.
« On n'en a pas parlé (avec le staff des Bleus), mais j'espère que ça va continuer », assure-t-il. « J'aime beaucoup le poste de troisième ligne. J'y ai joué quatre ans et j'ai toujours gardé mes repères. Je suis talonneur, mais j'ai aussi un peu un jeu de troisième ligne donc ça ne change pas trop à part le fait de ne pas être autant impliqué dans la mêlée. Ça fait du bien aussi parce que ça te pompe de l'énergie d'être en première ligne, tu as des crampes aux mollets au bout de 40 minutes. Descendre en troisième ligne permet de plus circuler sur le terrain.
« J'essaie d'apporter tout mon savoir et de donner des petites idées à Ugo (Mola, manager de Toulouse). Je me concentre d'abord sur ce que j'ai à faire en touche, en mêlée, dans les rucks, le combat et tout ça. Et si après on me donne la chance de finir le match à un autre poste, je le prends avec plaisir. Je suis bien physiquement depuis deux-trois ans et je suis toujours content de rester le plus longtemps possible sur le terrain. »